Facteurs de confusion
Par Kamel Moulfi – Le pouvoir bénéficie de deux facteurs qui lui permettent de tenir le coup malgré l’état de santé du Président et l’inefficacité de l’action du gouvernement : les divisions qui minent l’opposition, d’une part, et la démobilisation politique de la population, d’autre part. Dans cette situation de confusion, certaines catégories trouvent, toutefois, leur compte et confortent leurs positions dans l’économie, qu’elle soit formelle ou informelle, occupent des postes dans les sphères de décision pour exercer leur influence sur la société et infléchir les actions dans le sens de leurs intérêts et, en définitive, bloquent toutes les chances de changer de politique et d’aller vers une issue à la crise. Les activités de ces prédateurs qui ne perdent pas leur temps se manifestent de plusieurs façons. Et personne ne les dérange. L’opposition, quant à elle, lance des initiatives sans échos, le peuple étant occupé par ses propres revendications exprimées dans des formes qui ont tendance à se fondre dans une seule : la fermeture des routes à la circulation automobile. Le fait est récurrent et n’épargne aucun coin du pays. Des routes nationales sont coupées par les jeunes en colère, les autorités locales concernées, visiblement fatiguées et impuissantes face à ces mouvements, lancent des promesses qui ne convainquent personne et n’arrangent rien. C’est la population qui est directement pénalisée par de telles situations, mais les gens reconnaissent que les revendications à la base des grèves surprises, comme celle des cheminots hier, ou des fermetures de routes, comme à Béjaïa, sont légitimes. De leur côté, les protestataires ont beau affirmer que leurs revendications sont «purement sociales», pour montrer leur déconnexion de l’agitation menée par l’opposition, il n’en reste pas moins que leurs actions se déroulent dans un contexte politique qui leur donne une autre dimension. L’action de rue est assimilée à une contestation du pouvoir, certes en termes subtils, car il s’agit de ne pas compromettre les possibilités de satisfaction de leurs demandes. Curieusement, l’opposition ne prend pas position par rapport aux protestations sociales de la population. Pourquoi ?
K. M.
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