L’actionnaire norvégien de VimpelCom veut vendre ses parts avant que le groupe ne fasse faillite

Au moment où l’Algérie s’apprête à clore définitivement la transaction de rachat de Djezzy à hauteur de 51%, le principal actionnaire du groupe russe de la téléphonie mobile VimpelCom cherche, lui, à se débarrasser de ses parts (33%) et de ses droits de vote (43%). Il s’agit du norvégien Telenor qui veut quitter le bateau VimpelCom avant qu’il coule. Sa décision de sortir du capital de ce géant russe est la multiplication des affaires de corruption dans lesquelles VimpelCom est directement impliqué. Des enquêtes sur des transactions illicites et des pots-de-vin sont en cours dans plusieurs pays, à savoir les Etats-Unis, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse. Ces affaires de corruption impactent négativement les actifs du groupe dont l’action ne cesse de dégringoler. Telenor peine à vendre ses parts au sein de VimpelCom pour les mêmes raisons. C’est dire à quel point ce groupe périclite et risque de payer cher les scandales de corruption, notamment celui qui concerne sa licence en Ouzbékistan pour laquelle il aurait versé 350 millions de dollars de «commissions». C’est, donc, avec ce groupe que l'Algérie va s’associer en signant dans les prochains jours la clôture de la transaction de rachat de sa filiale algérienne Djezzy et en lui transférant environ 4 milliards de dollars. Ceci sans compter que les banques algériennes vont lui prêter un milliard de dollars, comme cela est écrit noir sur blanc dans le communiqué de VimpelCom du 18 avril dernier. Pour les besoins de cette opération, le ministre des Finances vient d'assécher toutes les liquidités des banques publiques, obligées de prêter au Fonds national d’investissement (FNI) pour conclure la transaction. C’est pour toutes ces raisons, et bien d’autres, que des experts en finances ont alerté le président Bouteflika afin qu’il suspende la transaction avant qu’il ne soit trop tard. Autrement dit, avant la signature de la clôture définitive de la transaction. Il y a plus d’une année, en février 2013, Noureddine Legheliel, analyste boursier chez Carnegie, banque d'affaires suédoise, avait prouvé à travers les chiffres et bilans de Djezzy et d’OTH que l’Algérie s’apprêtait à acheter une coquille vide. Ce même expert avait démontré que la valeur de Djezzy était dès le départ surévaluée. Il avait fourni la preuve que cette filiale d’OTH – groupe de téléphonie mobile vendu par le magnat égyptien Sawaris à VimpelCom – ne valait pas 6,5 ou 6,9 milliards de dollars. A travers une étude-analyse, il avait donné des arguments à pléthore qui affirmaient qu’OTA a été surévaluée et non pas évaluée. Il avait fait état de quelques chiffres suspects détectés dans les rapports financiers d’OTH et de VimpelCom. Il s’agit du taux d’actualisation utilisé par OTH pour évaluer les cash-flows de Djezzy et la valeur du goodwill (écart d’acquisition) de Djezzy, inscrite dans le bilan de VimpelCom après la fusion de cette dernière avec OTH. L’Etat algérien va-t-il maintenir cette transaction et s'associer à un groupe international privé éclaboussé par les affaires de corruption ?
Rafik Meddour
 

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