Délivrance des visas et récupération des archives de la guerre : une coopération à sens unique

Lors de sa deuxième session tenue jeudi à Paris, le Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français, sous la coprésidence des Premiers ministres français et algérien, a examiné a dressé un bilan des «progrès effectués dans la feuille de route bilatérale retenue lors de la première session du 16 décembre 2013 à Alger et de fixer de nouveaux objectifs ambitieux dans l’ensemble des volets de la relation bilatérale», indique un communiqué conjoint dont nous détenons une copie. De prime abord, les deux parties se félicitent de l’inauguration de l’usine Renault Algérie Production le 10 novembre dernier. Mais en dehors des professions de foi par rapport à «l’approfondissement du dialogue stratégique» entre les deux pays, l’encouragement des dialogues intermalien et interlibyen, les relations bilatérales montrent plutôt une coopération à sens unique. Par exemple sur la question du rapatriement des archives, le communiqué fait état de «la poursuite du dialogue sur cette importante problématique». Or, on sait que l’instance algérienne, qui en a fait la demande, se plaint toujours de l’attitude autiste des Français sur cette question. S’agissant de la libre circulation des personnes entre les deux rives, le communiqué parle de «progrès» et de la nécessité d’intensifier le dialogue en la matière «dans le but d’apporter des solutions précises aux difficultés concrètes que rencontrent encore leurs ressortissants». Là encore, la réalité du terrain indique que les conditions de livraison de visas pour la France sont loin d’être allégées. Le communiqué ajoute que les deux parties se sont engagées à examiner un accord portant facilitation de la circulation des personnes entre les deux pays, mais en donner d’autres précisions. Les rédacteurs du communiqué sont, en revanche, plus prolixes en évoquant le cas des de biens immobiliers détenus par des ressortissants français en Algérie et celui de l’acquisition de logements occupés de longue date par des ressortissants français résidant en Algérie au même titre que les Algériens. Dans ce registre, les deux parties ont pris note avec «satisfaction» des progrès accomplis par le groupe de travail sur les biens immobiliers et le chargent d’intensifier ses efforts afin de «trouver des solutions satisfaisantes». La partie française exerce la même pression pour obtenir de l’Algérie toute sa coopération en matière de sécurité et d’échange d’informations, car, là aussi, l’intérêt de la France dans la région du Sahel est grandement tributaire des efforts déployés par l’Algérie au long de ses frontières sud et sud-est. Le communiqué parle de «propositions concrètes» qui ont déjà été formulées pour «dynamiser les échanges d'analyses sécuritaires et stratégiques, accroître l'échange d'expertise, renforcer la coordination opérationnelle dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans la sous-région du Sahel et œuvrer pour le tarissement des sources de financement des groupes terroristes à travers le paiement des rançons, le crime organisé et le trafic de drogue». Sur les litiges liés à la mémoire collective, le Comité mixte n’omet pas de saluer la participation algérienne dans les festivités du 14 juillet à Paris et de souhaiter un remake pour les cérémonies du centenaire de l’anniversaire du Débarquement. Mais aucune allusion aux demandes algériennes, sur la repentance notamment. Le communiqué énumère ensuite une série de projets éducatifs et culturels lancés en Algérie avec le concours des Français. Autre volet examiné par les deux parties, celui de «la coopération économique», en réitérant leur volonté de poursuivre la construction d’un partenariat basé sur «les investissements croisés», euphémisme utilisé pour déguiser le mouvement à sens unique de cette coopération.
R. Mahmoudi

Lire le communiqué conjoint publié à l’issue des travaux de la 2e session du Comité intergouvernemental algéro-français

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