A qui profite la confusion ?
Par Kamel Moulfi – Actionner la machine à remonter le temps et faire un bond de plus de vingt ans en arrière, pour ramener toute l’Algérie aux années 1990, voilà, sans doute, le fantasme de ceux qui n’ont pas abandonné leur objectif d’un Etat théocratique et de ceux, aussi, qui ont intérêt à remettre le pays face à ce danger. Il n’y a pas, visiblement, une autre lecture à la médiatisation des «sorties» de Madani Mezrag et particulièrement de sa tentative, sur une chaîne de télévision privée algérienne, d’expliquer le fait étrange se rapportant au regroupement, cet été, d’anciens éléments de la «branche armée» du FIS dissous, appelée «AIS», dans une montagne de Jijel, une localité connue pour avoir été son fief, et l’autre fait connexe, et aussi étrange, du timing de la diffusion, plus de trois mois après, de cette information à travers une vidéo. Les observateurs ont été surpris d’apprendre que les anciens de l’AIS ont pu organiser un rassemblement, dans la nature, au vu et au su des autorités, alors qu’ils font partie d’une organisation dissoute, au moment où des représentants de formations politiques dûment agréées et agissant dans le cadre de la loi ne sont pas autorisés à se réunir. Au cours du débat télévisé, Madani Mezrag est allé jusqu’à se prévaloir d’un texte réglementaire qui accorderait aux anciens du FIS l’exercice de leurs droits civiques et politiques, un décret qui serait illégal, selon le principe de la hiérarchie des normes, puisqu’en contradiction avec l’article 26 de la loi sur la réconciliation nationale qui leur interdit la pratique politique. Ce désordre introduit, certainement par ignorance, par Madani Mezrag, dans le cadre juridique qui régit la situation des anciens du FIS, a fortiori ceux de l’AIS, est dangereux dans la mesure où il vise à imposer un état de fait en violation de la loi. La plus grande vigilance est de rigueur afin d’empêcher le retour, dans cette confusion sciemment entretenue, d’une situation qui a causé un préjudice immense à tout le pays.
K. M.
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