A Kamel Daoud

Je sais que tu vis des moments graves, très graves. Je sais aussi qu’en général, et dans ces cas-là, il nous arrive de voir surgir de nos entrailles travaillées par l’angoisse et la peur la question fatale. «Et maintenant que tu es “face à face” avec toi-même, seul dans ta solitude, seul – s'agissant de toi Kamel – seul avec ton double candide, l’écrivain godiche qui t’a embarqué dans cette histoire de contre-enquête, que vas-tu faire ? Hein… dis… ! Que vas-tu faire maintenant que tu erres solitaire dans tes "parages" ?» C’est normal. Mais un «normal» pas à l’algérienne. Pas à la Boumâarafi butant en direct, face aux caméras, un président d’Etat ; un monument de notre histoire. Je parle d’un normal «normal». C’est donc normal, humain, parfaitement humain même. Kamel, je te sais, au moins à travers tes écris, pénétrant, acéré, intelligent et lumineux. Je te sais aussi courageux au quotidien, c'est-à-dire chaque jour que Dieu fait. Et je veux que tu saches – je crois traduire un sentiment authentique de nombreux Algériens (nes) qui, peut-être, s’ignorent encore, que tu n’es pas seul. Qu’on ne te laissera pas seul. Jamais !
Je veux que tu saches qu’ils ont perdu, que tu as gagné. Tu es «la famille qui avance». Je veux que tu saches que ta parole libre a déjà enfourché nos rêves. Des rêves sans brides, sans selles, sans rien, nus comme la rosée du matin. Je veux que tu saches que, grâce à toi, tes flamboyantes impertinences seront des étriers pour les cœurs en carence et les corps en latence. Je vœux que tu saches que «khlass»[1], l’étoile du berger est là au-dessus de nos têtes comme un soleil sonore. «Khlass» ! L’horizon d’attente est là devant nous. On y arrivera. Nous sommes l’avenir, ils sont déjà le passé.
Arab Izarouken

[1] Khlass = C’est fini !
 

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