Bouteflika et Essebsi, les mauvais exemples

Après la mascarade du 17 avril, organisée en Algérie par les aventuriers du clan présidentiel pour imposer au peuple algérien, par la force et la fraude massive, leur candidat, dans l'incapacité physique, mentale et morale d'assumer correctement ses lourdes charges, le Maghreb a subi une autre calamité politique avec l'élection démocratique d'un quasi-nonagénaire, Béji Caïd Essebsi, à la tête de la jeune révolution du Jasmin, pour barrer la route au candidat non assumé des islamistes d'Ennahda, Mohamed Moncef Marzouki. Au lieu donc de prendre le taureau par les cornes et de mettre en œuvre une véritable transition démocratique, qui aboutira, à terme, à un changement de fond pacifique et durable, les «décideurs», en Algérie, et la classe et l'élite politiques, en Tunisie, ont préféré le choix du pire, c'est-à-dire celui du conservatisme et de l'immobilisme suicidaires. En Algérie, cupides et obstinés, les aventuriers veulent toujours gouverner seuls ou avec des «partenaires» à leur solde, alors que le pays plonge dans une crise politique, économique, sociale et morale sans précédent, qu'ils sont mis en quarantaine par la classe politique et la société civile algériennes, qui rejettent le consensus boiteux, qu'ils leur proposent et que leur vulnérabilité à cause des abus, méfaits et forfaits commis depuis avril 1999, leur illégitimité et la situation catastrophique qui en découle, sont ouvertement exploitées par les partenaires étrangers pour obtenir des concessions importantes dans tous les domaines. En Tunisie, Nidaa Tounès, le parti présidé par Béji Caïd Essebsi, qui domine la scène politique tunisienne, grâce à sa proximité avec le pouvoir de l'argent et la classe politique, qui constituait les régimes de Bourguiba et de Ben Ali, conscient de l'ampleur de la tâche qui l'attend, dans tous les domaines, ne veut pas gouverner seul, c'est-à-dire prendre la responsabilité du gouvernement du pays, qu'il ne pourra jamais mener à bien, tant les défis auxquels la Tunisie est aujourd'hui confrontée sont immenses et presque insurmontables. Selon les experts, dans deux à trois ans, lorsque les réserves en devises étrangères de l'Algérie auront fondu comme neige au soleil, sous l'effet conjugué des importations massives et de la corruption généralisée et que la satisfaction d'avoir barré la route aux islamistes d'Ennahda aura été remplacée par la désillusion ou l’amertume, les peuples de ces deux pays du Maghreb arabe s'apercevront alors que les choix, qui leur ont été imposés en 2014, n'ont pas été les bons, tant s'en faut. Sauront-ils alors rectifier le tir au bon moment ou bien seront-ils entraînés dans la chute de leurs dirigeants respectivement imposés par la force et les circonstances ? Rien n'est moins sûr, car les demi-solutions et les demi-mesures sont souvent pires que les solutions radicales, dans un sens ou dans l'autre ! En tout état de cause, il est déjà permis de constater que les solutions palliatives, mises en œuvre en 2014, en Algérie notamment, n'auront pratiquement servi à rien, sinon à prolonger la vie, aux soins intensifs, du régime vermoulu en place et non pas de le sortir du coma dans lequel il se trouve depuis plusieurs années déjà.
Rabah Toubal
 

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