Des sources proches du dossier sahraoui : «Il n’y a rien à attendre de la tournée de Ross»

Des observateurs proches du dossier sahraoui ont indiqué à Algeriepatriotique qu’il n’y avait rien à attendre de la tournée de Christopher Ross dans la région. L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, expliquent nos sources, a été «neutralisé» par le Maroc, si bien qu’il n'a même pas pu se rendre à El-Ayoun comme il le souhaitait. «C'est déjà un indice préoccupant», relèvent ces observateurs, qui estiment que «la stratégie de la tension suivie par Rabat semble malheureusement – pour le moment – devoir vitrifier tous les efforts de l'émissaire du secrétaire général de l'ONU». «Pour juger de la réelle marge de manœuvre de ce dernier, notent nos sources, il va falloir attendre le prochain rapport de Ban Ki-moon». En attendant, Christopher Ross a pu faire une nouvelle tournée dans la région, une année après sa dernière visite. Cette tournée, prévue dans un premier temps en octobre 2014, était indésirable côté marocain et il n’est pas exclu que le Maroc ait mis toute la pression sur le secrétaire général de l’ONU pour neutraliser les efforts de son émissaire. On comprend la crainte du Maroc de voir Ross revenir dans la région, la mission dont il a été investi par le Conseil de sécurité entre, comme l’a rappelé un diplomate sahraoui, dans «le cadre des efforts onusiens pour l'autodétermination du peuple sahraoui à travers un référendum libre et régulier». La position de l'ONU est claire à ce sujet : elle appelle à des négociations directes et sans préalable, comme la meilleure voie pour aller vers une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, garantissant le droit du peuple du Sahara Occidental à l'autodétermination. C’est ce que veut le Front Polisario. Le Conseil des ministres sahraoui n’a pas manqué de saluer le retour de Ross ainsi que la prise des fonctions de Kim Bolduc, représentante spéciale pour le Sahara Occidental et chef de la mission des Nations unies pour le référendum au Sahara Occidental (Minurso). En fait, le Front Polisario n’a rien changé à sa disposition à coopérer avec Ross et avec l’ONU. Mieux, il a exprimé l'espoir que la visite de l’émissaire onusien «permette d'accélérer les efforts en faveur du parachèvement du processus de décolonisation du Sahara Occidental et mette fin aux atermoiements du royaume du Maroc qui cherche à gagner du temps et à imposer le fait accompli colonial». Dans le même esprit, le Front Polisario est disposé à aider Mme Kim Bolduc dans le cadre de sa mission. De façon plus immédiate, la tournée de Ross va aider à la préparation du prochain rapport de Ban Ki-moon qui sera élaboré en prévision de la réunion du Conseil de sécurité d’avril 2015. Une bonne place dans ce rapport sera, sans nul doute, réservée aux atteintes aux droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc. Sur ce point, les prisonniers politiques sahraouis ont appelé les membres du Conseil de sécurité à mettre en place un mécanisme onusien chargé de la protection des droits humains dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Le rapport du SG de l’ONU traitera également, inévitablement, de la politique marocaine de pillage des richesses du Sahara Occidental au mépris de la légalité internationale qui a inspiré l'avis formulé, en janvier 2012, par le conseiller de l'ONU, Hans Corell, de nationalité suédoise, qui avait indiqué que l'exploitation des ressources naturelles au Sahara Occidental doit se faire au profit du peuple sahraoui et en concordance avec ses intérêts et souhaits. Le Maroc persiste dans son obstination à impliquer l’Algérie dans la question de l’autodétermination du peuple sahraoui. La position de l’Algérie est constante et ferme : la question du Sahara Occidental relève d'un problème de décolonisation et elle est entre les mains des Nations unies. Rien n’a filtré de la rencontre qu’a eue le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avec Christopher Ross qu’il a reçu hier samedi, mais on peut penser que cette position a été réaffirmée. Il reste au Maroc la stratégie da la tension qu’il a déjà mise en œuvre et dont fait partie l'organisation de la prochaine édition du forum Crans Montana dans la ville sahraouie occupée de Dakhla. Les pressions exercées par le Maroc ont fini par amputer la tournée de Ross de son étape d’El-Ayoun, le privant de la possibilité de constater sur place l’attachement à l’idée d’indépendance de la population sahraouie qui multiplie les manifestations contre l’occupant marocain.
Houari Achouri
 

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