Signe de rififi ou de recomposition au sommet : Abdelkader Bensalah hausse le ton et accuse

Le secrétaire général du RND, Abdelkader Bensalah, adopte un langage osé, agressif et direct qui tranche nettement avec sa langue de bois habituelle. Dans son discours devant les militants de son parti à Mascara, hier samedi, à l’occasion de l’anniversaire de la création du RND, il a montré du tonus, tout en s’essayant dans un nouveau style, à travers un éventail de formules aussi percutantes que surprenantes. Revenant sur le contexte politique dans lequel est né son parti, il a rappelé le combat contre «une minorité d’égarés» et «un fléau abominable ayant pour nom le terrorisme qui a tué des dizaines de milliers d’âmes innocentes et dont l’humanité ne s’est rendu compte malheureusement que tardivement», a lâché Bensalah. Il n’omet pas de rendre hommage, à cette occasion, à «ceux qui ont répondu à l’appel de la patrie», pendant cette épreuve, en spécifiant les forces de sécurité. Il faut dire que ces évocations ont tendance à s’éclipser dans la littérature des partis politiques, à commencer par le sien, plus enclin à se calquer sur le discours aseptisé en vogue, où le concept même de «terrorisme» est devenu comme tabou. Evoquant le parcours politique du RND, Bensalah accuse indirectement ses partenaires politiques d’avoir tenté de le «parasiter» pour l’empêcher de redevenir la principale force politique du pays. A cet effet, il s’insurge contre ceux qui accusaient son parti d’être né «avec des moustaches». S’attaquant toujours au FLN, mais sans le nommer, il estime que «le parti le plus fort est, de notre point de vue, celui qui donne toujours plus à la patrie et non celui qui lui demande toujours plus». Dérogeant à ses discours lénifiants, puisés dans le lexique académique, Bensalah usera d’un vocabulaire populaire pour dire que son parti demeure, quoi qu’on en dise, «charika gadra» (une entreprise puissante, ndlr). Sur le même élan, le patron du RND avoue pour la première fois que son parti «n’a pas que des amis» et qu’il comptait aussi des «ennemis» qu’il accuse de mener une campagne de «désinformation» contre son parti, à travers «des écrits inamicaux». Il s’adresse à eux en ces termes menaçants et franchement inhabituels chez le successeur d’Ahmed Ouyahia : «A ceux-là, nous disons : montrez-vous, parce qu’il ne sert à rien de vous cacher !» Dans un langage plus codé, il prévient ses détracteurs, sur le même ton, que «si, par votre conduite, vous cherchez à avoir une place au soleil, nous vous dirons que la voie que vous avez choisie n’est pas la plus appropriée, parce que vous avez choisi un couloir qui ne vous mènera pas à la finalité que vous souhaiteriez atteindre, que vous vous êtes trompé d’adresse et que vous avez mal formulé votre message». Sur sa réponse à la proposition du FFS pour la conférence du consensus, Bensalah a été aussi plus franc et plus direct que ses partenaires politiques du FLN, du MPA ou de TAJ. Son ton devient plus agressif en parlant de l’opposition, à qui il reproche de multiplier les «dérapages». «En dehors de sa capacité à faire toujours plus de tapage – pour s’affirmer –, dira-t-il, l’opposition n’a réussi dans une aucune action de mobilisation d’envergure.» Une sorte de défi qu’il lance à la CLTD à la veille des manifestations qu’elle a programmées pour le 24 février.
R. Mahmoudi

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