Appelé à d’autres fonctions : le juge Marc Trévidic «perd» son procès des moines de Tibhirine

Le journal français Libération nous apprend que le juge Marc Trévidic a été «contraint de quitter son poste» dans lequel il ne peut excéder dix ans, selon les lois françaises en vigueur. «Il est victime de la loi empêchant les magistrats chargés d’occuper les mêmes fonctions plus de dix ans», explique le quotidien français de gauche. Le juge antiterroriste français chargé de l’affaire de l’assassinat des sept moines de Tibhirine avait confirmé, par ses décisions et ses déclarations à la presse, qu’il obéissait davantage à d’obscurs desseins politiques qu’à sa conscience et à la loi. Il avait projeté de lancer une nouvelle commission rogatoire internationale, manquant à ses engagements initiaux avec les autorités algériennes et choisissant de s’enfoncer dans des préjugés d’une extrême gravité. A la presse, il avait expliqué, mais sans en être sûr, que l’Algérie «ne dispose pas» de moyens techniques et scientifiques lui permettant de conserver les prélèvements pris sur les corps des moines assassinés. Chose qui risquerait, selon lui, de «détruire irréversiblement tout le travail». Pour lui, et pour tous les journalistes qui lui servaient d’appui dans cette affaire – les mêmes d’ailleurs depuis le début du terrorisme en Algérie –, le refus d’Alger de remettre ces fameux échantillons à l’équipe d’experts français trahirait «une volonté délibérée d’occulter la vérité» que «seule une expertise française serait capable d’établir». Ce magistrat, à propos duquel le journal Libération ne tarit pas d’éloges, avait entamé son enquête avec des a priori, ce qui était déjà une faute éthique intolérable. Marc Trévidic était allé jusqu’à juger que les autorités algériennes «ne savent pas quelle est la vérité dans cette affaire» et qu’elles «ignorent même ce qu’on peut tirer des prélèvements». «Leur seul souci, avait-il assené, c’est de ne pas sortir de la version officielle.» Malgré tout cela, ce juge, qui se targue d’avoir obtenu trois mandats d’arrêt internationaux durant son passage à ce poste, osait parler d’«obligations morales» qui doivent amener «le pouvoir algérien», grâce à sa nouvelle commission rogatoire, à accepter les conditions, les siennes, devant permettre d’achever le travail. Avant cette mise à l’écart, le juge Trévidic avait été taclé par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui avait appelé au «respect du droit algérien» dans l’affaire des moines de Tibhirine exécutés par les terroristes du GIA, ancêtre d’Al-Qaïda et de Daech, le 21 mai 1996 à Médéa. «La procédure doit respecter le droit algérien comme le droit français», avait-il déclaré à la presse lors de sa visite en Algérie.
Karim Bouali
 

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