Le docteur Dalil Boubakeur appelle à mettre fin à l’«islam des caves» en France

Le recteur de la Mosquée de Paris a appelé à doubler le nombre de mosquées en France, c’est-à-dire à la construction de plus de 2 000 nouveaux lieux de culte musulman dans les prochaines années, lors du rassemblement annuel des musulmans de France. Pour les «sept millions de musulmans» de France, les mosquées actuelles «ne suffisent pas», a souligné le président du CFCM, dont les propos ont été rapportés par l’agence française AFP qui estime le nombre de musulmans en France à 4 ou 5 millions. «Il y a beaucoup de salles de prière, de mosquées inachevées, et il y a beaucoup de mosquées qui ne sont pas construites, je pense qu'il faut le double de mosquées», a-t-il insisté sans préciser comment ces constructions pourraient être financées, un sujet sensible alors que le gouvernement cherche à éviter leur financement par des Etats étrangers, relève l’agence de presse gouvernementale française. Dalil Boubakeur a également insisté sur la nécessaire formation des imams, annonçant avoir bon espoir d'aboutir bientôt à un accord avec «certaines universités parisiennes» pour le volet non religieux de cette formation. Le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait signé en décembre 2014 une convention avec le ministère algérien des Affaires religieuses renforçant notamment la formation à la laïcité des imams algériens. Une dizaine d'universités françaises dispenseront cette formation aux 120 imams envoyés chaque année en France pour y officier pendant quatre ans. Les 120 imams «détachés» annuellement recevront un enseignement de langue française et seront formés aux obligations de la loi française de 1905, qui porte sur la séparation des religions et de l'Etat. «Nous avons besoin d'une formation religieuse soutenue, acceptée et reconnue, et nous devons faire tout pour que nos imams soient des modèles de paix et des modèles qui animent nos mosquées, qui sont des lieux de paix», a déclaré le docteur Dalil Boubakeur, qui n’a eu de cesse de dénoncer le laxisme des autorités françaises face à la montée de l’intégrisme dans ce pays et ailleurs. «Nous avons depuis longtemps soulevé le problème des foyers de subversion et d’intégrisme, mais il faut dire qu’il y a eu beaucoup de laxisme. (…) Nous avons attiré l’attention sur la barbarie qui frappait l’Algérie et nous avons notamment rappelé le massacre de Tibhirine qui a coûté la vie à sept moines trappistes. Mais, pensait-on ici (en France, ndlr), tant qu’on ramassait de l’argent et qu’on racolait les jeunes pour les envoyer au Pakistan, en Afghanistan, et je ne sais où, cela ne dérangeait pas outre mesure», affirmait-il dans un entretien à un quotidien algérien au lendemain des attentats du 11 septembre. Dans les nombreux lieux de culte clandestins disséminés à travers le territoire français, au su et au vu des autorités de ce pays, «n’importe qui s’autoproclame imam», s’indignait encore Dalil Boubakeur, qui montrait du doigt la fanatisation de prisonniers issus des milieux défavorisés. Le recteur de la Mosquée de Paris, qui se plaignait de l’absence d’une aide pour «former des imams bilingues», avertissait déjà de l’omniprésence d'«un intégrisme international qui a des hommes, des moyens et de l’argent». «Ces gens sont carrément payés pour aller trouver des groupes de jeunes et créer des réseaux.» Une bonne partie de cet argent provient de la drogue, avertissait-il à l’époque.
Karim Bouali

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