Proposition de Dalil Boubakeur sur la construction de nouvelles mosquées en France : Hollande dit oui

Le gouvernement français a répondu par la positive au recteur de la Grande Mosquée de Paris qui a demandé récemment la construction d'au moins 2 000 nouveaux lieux de culte musulman en France. L'information, donnée «furtivement» par France 2, hier soir, montre déjà une certaine crispation, en ce sens qu'aucun média français ne l'a relayée. Or, la proposition fait débat dans certains médias parisiens, et des sondages sont lancés pour en évaluer les échos au sein de l’opinion publique française, avec comme question : «Faut-il doubler le nombre de mosquées en France ?» Le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, avait proposé de doubler le nombre de mosquées en France, d’ici deux ans, afin de lutter contre ce qu’il appelle l’«islam de caves» contrôlé par les salafistes et qui est, pour une grande partie, à l’origine de l’embrigadement d’une partie de la jeunesse issue de la communauté musulmane établie dans ce pays. Pour le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui s’exprimait samedi lors du Rassemblement annuel des musulmans de France, organisé par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) au Bourget, les 2 200 mosquées actuelles «ne suffisent pas» pour satisfaire les besoins d’une communauté forte de plus de cinq millions d’âmes. Après cette réponse diligente du gouvernement, des questions restent posées. La première et la plus lancinante : qui assurera le financement d’un tel projet ? Parce que, d’abord, la construction ou le parachèvement de 2 200 autres lieux de culte nécessite un effort d’investissement que l’Etat (laïc) français ne peut assumer. Or, dans le cas où les autorités accepteraient de confier le projet à des opérateurs privés ou à des initiatives communautaires, il y a le risque d’intrusion des idéologies extrémistes. Chose qui pourra alors produire l’effet inverse et doubler, pour ainsi dire, le nombre de djihadistes potentiels dans l’Hexagone. Dans ce cas, il restera la possibilité de faire appel, sous couvert de coopération, à des pays comme l’Algérie ou le Maroc, pays dont sont originaires la majorité des citoyens issus de cette communauté. La France a déjà sollicité l’Algérie pour la formation des imams en France. Le plus dangereux serait alors que la France sollicite l’aide des pays comme l’Arabie saoudite ou le Qatar, lesquels contrôlent déjà la quasi-totalité des réseaux islamistes dans le monde, dont ceux qui pullulent en France, et qui sont considérés comme les deux principales matrices du terrorisme islamiste dans le monde, même si Paris demeure, pour les affaires du Moyen-Orient, un allié privilégié de Riyad et de Doha. L’autre question que suscitera un éventuel acquiescement du gouvernement à cette proposition du recteur de la mosquée de Paris : comment réagiront les partis de droite, UMP en tête, et ceux de l’extrême droite comme le Front national ? Après une campagne électorale très marquée par des discours ouvertement antimusulmans, électoralement toujours porteurs, ces deux partis de l’opposition vont s’emparer du sujet pour aiguiser davantage leurs attaques contre la majorité accusée de «laxisme» face à la montée de la violence terroriste et d’«indulgence» à l’égard de la communauté issue de l’immigration.
R. Mahmoudi
 

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