Affaire de l’autoroute Est-Ouest : confrontation accusés-témoins

Le procès de l'affaire de l'autoroute Est-Ouest dans laquelle sont impliquées seize personnes et sept entreprises étrangères s'est poursuivi ce jeudi au tribunal criminel d'Alger, avec la confrontation des sept témoins avec les accusés et l'audition des parties civiles, en l'occurrence la direction des Douanes, le Trésor public et l'Agence nationale des autoroutes (ANA), a constaté l'APS jeudi soir. La séance a été marquée notamment par le plaidoyer du mandataire judiciaire du Trésor public (partie civile) qui a indiqué que «le Trésor public a subi des pertes considérables de la corruption ayant entaché la réalisation de l'autoroute Est-Ouest», pointant du doigt particulièrement Mohamed Khelladi, ex-directeur du département des nouveaux programmes de l'ANA et les groupes chinois Citic-CRCC et japonais Cojaal. Il a estimé que ce projet financé par l'Etat «est l'autoroute le plus coûteux au monde». Il a également rappelé que le groupe Cojaal avait recouru à l'arbitrage international pour poursuivre l'ANA en justice en exigeant d'importantes sommes d'argent. Par ailleurs, les plaidoiries des quatre avocats de l'ANA étaient discordantes durant la séance. Alors que le premier avocat a qualifié l'autoroute Est-Ouest de «fierté» pour l'Algérie, estimant que «les dysfonctionnements ayant marqué sa réalisation n'ont rien à voir avec la corruption», les trois autres avocats se sont constitués partie civile contre Mohamed Khelladi et les groupes chinois Citic-Crcc et japonais Cojaal, les accusant d'avoir causé d'énormes pertes à l'ANA. Après avoir entendu les témoignages des sept témoins dont le plus marquant fut celui du directeur actuel du département des nouveaux programmes de l'ANA, Kamel-Eddine Belatrache, selon lequel l'accusé Khelladi avait indûment reçu de la part des groupes chinois Citic-CRCC et japonais COJAAL des véhicules 4×4, des logements (locatifs) et des téléphones portables. Suite à une confrontation avec l'accusé Khelladi, le département a remis, selon le témoin, ces effets aux deux groupes étrangers affirmant que les cadres dirigeants algériens ont le droit de bénéficier de ce type d'avantages de manière systématique de la part de l'Etat qui met à leur disposition tous les moyens, estimant que le recours de Khelladi aux groupes étrangers était une «humiliation» pour les cadres algériens. Ziani (témoin), directeur général actuel de l'ANA, a pour sa part nié les déclarations de l'accusé Mohamed Khelladi affirmant que le département des nouveaux programmes relève de l'ANA et que, toutefois, son ex-directeur, Mohamed Khelladi, a changé le siège du département à l'insu de l'agence. C'est alors qu'elle a commencé à détenir des véhicules 4×4, des logements haut-standing et d'autres avantages de la part des groupes chinois et japonais classés dans le cadre de «travaux supplémentaires». Le juge Tayeb Hellali a entendu les représentants des groupes Citic et Cojaal qui ont affirmé ne pas avoir facturé la location des véhicules, des logements et des téléphones portables. Fellouci (témoin), ex-directeur général par intérim de l'Agence nationale des barrages (ANB), a été entendu et a affirmé que l'accusé Sid-Ahmed Addou lui avait demandé en 2009 de lui permettre d'accéder à l'ANB pour décrocher des projets au profit de firmes étrangères. Le procès se poursuivra ce vendredi avec le réquisitoire du représentant du parquet général et les plaidoiries de la défense.
R. N.

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