Les Algériens de France demandent au président Hollande de sévir contre Robert Ménard

«Bientôt des étoiles vertes pour les musulmans de la ville de M. Robert Ménard ?» C’est la question que se pose l'Alliance nationale des associations des Algériens de France (Anaaf). Dans un communiqué de presse transmis à la rédaction d’Algeriepatriotique, l’Anaaf dénonce l’initiative prise par Robert Ménard, maire de Béziers, de «ficher les enfants, présumés forcément musulmans, à partir de leurs noms ou prénoms». L’Anaaf fait le parallèle avec l’étoile jaune imposée aux juifs par les nazis durant l’occupation allemande de la France et cite une lettre – qu’elle qualifie d’«odieuse – datée du 18 juin 1941, «dont l'objet est le recensement des juifs» (souligné dans le communiqué). La ressemblance avec la mesure prise par Robert Ménard est effectivement frappante : «Les renseignements recueillis, ainsi que tous ceux qui proviendront d'enquêtes ultérieures, conduites aussi bien en zone occupée qu'en zone non occupée, sont destinés à constituer et à permettre de tenir à jour pour chaque individu un dossier, résumant la nature de ses activités, à l'aide duquel pourra être dressé à tout moment le tableau démographique général de la nation. Il m'apparaît dans ces conditions que le recensement des juifs est susceptible d'apporter un complément d'informations d'autant plus intéressant que les investigations portent non seulement sur les personnes, mais encore sur leurs biens…» L’Anaaf a raison de demander à Robert Ménard s’il s’est inspiré de cette lettre pour lancer «une opération médiatique, destinée à accélérer la vitesse d'une véritable machine d'exclusion des musulmans de France sur l'ensemble du territoire français, à partir de l'expérience immonde qu'il tente de justifier dans sa commune». L’Anaaf rappelle le contexte d’islamophobie dans lequel agit Robert Ménard, une islamophobie alimentée par la littérature de Michel Houellebecq et autres philosophes «en mal d'identité judéo-chrétienne, exclusive de l'islam en France et en Europe, doublée de discours politiques, enflammés, ravageurs et intellectuellement assassins, où la calomnie insidieuse joue un rôle de premier plan pour diaboliser la religion musulmane et les citoyens qui osent s'en réclamer». L’Anaaf met en garde les autorités françaises et l’opinion publique contre une sous-estimation de ces «pratiques nauséabondes et illégales» du maire de Béziers et de la dérive qu’elles amorcent, qui peut conduire à «isoler les citoyens de confession musulmane et créer une atmosphère favorable à tous les mauvais coups qui pourraient leur être portés». Le communiqué de l’Anaaf, signé par son président, Abdelkader Raffed, et son secrétaire général, Mahjoub Bentebria, se termine par un appel au chef de l’Etat français, au nom des «citoyens de confession musulmane, en bons républicains et démocrates». Ils lui demandent d’appliquer les lois de la République et de sanctionner «Robert Ménard et consorts». Sinon, avertit l’Anaaf, ce sont les citoyens de confession musulmane qui sanctionneront, le moment venu, par leurs bulletins de vote, «avec ou sans consigne», le refus du président français de réagir aux décisions illégales prises par le maire de Béziers. Robert Ménard n’est pas un inconnu des Algériens et particulièrement des journalistes. Il est né en Algérie, à Oran plus précisément, qu’il a quittée à l’indépendance avec la masse des pieds-noirs partis s’installer en France. Mais c’est surtout comme président de Reporters sans frontières (RSF) qu’il s’est fait connaître dans notre pays. Entre 1993 et 1997, il avait montré une haine, incompréhensible à l’époque, à l’égard des journalistes algériens, une corporation qui était la cible du terrorisme. Il les accusait injustement d’être à la solde du pouvoir. Invité officiellement en juin 2000 à venir en Algérie, Robert Ménard eut un accueil hostile de la part de la plupart des journaux qui ont boycotté sa visite et refusé de le rencontrer.
Houari Achouri
 

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