Un chiffre effarant : le nombre de réfugiés a augmenté de cinq millions en une année

Dans son rapport sur le nombre de personnes déplacées dans leur propre pays à cause des conflits en 2014, rendu public, aujourd’hui mercredi, l’Observatoire des situations de déplacement internes (IDMC), qui fait partie du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), a révélé le chiffre record, pour la troisième année consécutive, de 38 millions de déplacés, soit plus de cinq millions par rapport à l’année dernière. Un chiffre qui est l’équivalent des populations de Pékin, New York et Londres réunies. Pour le secrétaire général du NRC, Jan Egeland, ces chiffres concernant les déplacements forcés, les pires jamais enregistrés en une génération, «trahissent notre incapacité la plus totale à protéger des civils innocents». «Les diplomates du monde entier, les accords de cessez-le-feu, les pourparlers de paix et les résolutions des Nations unies ont perdu la bataille contre des hommes armés impitoyables», a déploré Jan Egeland. Et d’indiquer : «Ce rapport constitue un véritable signal d’alarme. Nous devons absolument infléchir cette tendance qui voit des millions d’hommes, de femmes et d’enfants pris au piège dans des zones de conflit aux quatre coins du monde». De son côté, Volker Türk, Haut-Commissaire assistant du HCR en charge de la protection, a prédit l’augmentation du nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays par les conflits et la violence. «Nous savons que de plus en plus de PDI (personnes déplacées internes) sont contraintes de fuir à plusieurs reprises. Plus un conflit perdure, plus le sentiment d’insécurité grandit, et lorsque le désespoir les gagne, beaucoup décident de franchir la frontière, devenant ainsi des réfugiés», a expliqué Volker Türk. Leur détresse les pousse, a-t-il ajouté, à entreprendre des périples dangereux, comme ceux qui ont péri en Méditerranée. Pour lui, la solution la plus logique serait de tout mettre en œuvre pour ramener la paix dans les pays dévastés par la guerre. Le prolongement des conflits et l’éclatement de nouvelles crises gonflent l’importante population mondiale de déplacés qui n’ont pu remédier durablement à leur situation, a expliqué Alfredo Zamudio, directeur de l’IDMC, qui a fait savoir que «la plupart ont dû fuir leurs foyers il y a de nombreuses années, notamment en Azerbaïdjan ou à Chypre. Ainsi, le simple fait d’être déplacé plonge souvent l’individu dans un cercle vicieux dont il lui est de plus en plus difficile de sortir à mesure que le temps passe». Il est impératif pour les gouvernements et les autorités nationales de trouver une résolution officielle de la crise. «Trente-huit millions d’êtres humains souffrent, souvent dans des conditions horribles, sans lueur d’espoir ni perspectives d’avenir, et si nous ne revoyons pas radicalement notre approche, les ondes de choc générées par les conflits qui agitent la planète continueront de nous hanter pendant encore des décennies», a conclu Jan Egeland. Il est noté dans le rapport en question que l’Irak, le Soudan du Sud, la Syrie, la République démocratique du Congo (RDC) et le Nigeria totalisent à eux seuls 60% des nouveaux déplacements. Les civils irakiens ont payé le plus lourd tribut en termes de nouveaux déplacements, 2,2 millions de personnes au moins ayant dû fuir leurs foyers. Au moins 7,6 millions de Syriens (soit près de 40% de la population du pays) ont été déplacés. Il s’agit là du chiffre le plus élevé enregistré à l’échelle mondiale. La campagne de terreur menée par Boko Haram pour prendre le contrôle du territoire et imposer la loi islamique dans le nord-est du Nigeria a également jeté sur les routes des centaines de milliers de civils. Pour la première fois depuis plus de dix ans, l’Europe a été le théâtre de déplacements forcés massifs, provoqués par la guerre en Ukraine, qui a amené 646 500 personnes à fuir leurs foyers en 2014.
Hounaïda Acil
 

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