En Centrafrique aussi on a étouffé l’affaire des viols par les militaires français

Par Luc Michel – La Centrafrique va engager «des poursuites» contre les militaires français soupçonnés de viols. C'est la première réaction officielle du gouvernement centrafricain au sujet de l'affaire des 14 soldats français soupçonnés de viol sur des mineurs. La Centrafrique va engager des «poursuites» contre des militaires français soupçonnés de viol d’enfants à Bangui, a déclaré mercredi le ministre de la Justice, Aristide Sokambi, lors de la première réaction officielle du gouvernement centrafricain à ce sujet. «Des poursuites vont être engagées (…) c’est quand même des actes très graves (…) J’insiste sur le fait qu’il ne faut pas d’amalgame, ce n’est pas Sangaris, ce n’est pas la France. C’est des individus, c’est des militaires et c’est contre ceux-là que nous nous insurgeons», a affirmé le ministre à propos des accusations de viols sur mineurs commis en 2014 dans un camp de déplacés, situé près de l’aéroport M’Poko et du camp de l’opération militaire française Sangaris. «Nous déplorions le fait de ne pas avoir été associé à ces investigations alors que nous avons des accords de coopération avec la France. Donc, j’ai instruit le procureur de la République pour ouvrir une enquête, puis essayer de prendre les éléments qui sont déjà à la disposition de la partie française» afin de suivre «cette affaire qui est en fait extrêmement grave», a-t-il précisé. Le ministre a regretté que son pays n’ait pas été alerté par la partie française. «Le pays aurait dû être associé parce que tel que les accords le prévoient, nous devons ensemble faire les investigations», a-t-il dit, avant de conclure : «mais je pense que le plus important» est «que la vérité soit faite sur cette affaire». Selon une source judiciaire française, 14 soldats français sont mis en cause dans cette affaire « potentiellement désastreuse pour l’image de la France et de son armée en Afrique » (dixit l’AFP), dont certains, «très peu» selon cette source, ont été identifiés par l’enquête, ouverte en France fin juillet 2014 et toujours en cours. Le 30 avril, le procureur de la République centrafricaine Ghislain Grésenguet avait annoncé avoir ouvert une enquête dans son pays : «Nous allons prendre contact avec le bureau des Nations unies chargé de cette affaire et les autorités françaises pour leur demander de nous communiquer les documents y afférant». «Une enquête interne a été menée à notre insu alors que les victimes sont à Bangui (…) Des ONG et organes de l’ONU sont descendus sur le terrain sans nous informer, nous n’avons pas compris pourquoi», avait-il accusé.
Dix mois de silence à Paris
Après les révélations du quotidien britannique The Guardian, dix mois après que Paris eut reçu le dossier, dix mois sans aucune communication et sans qu’un juge d’instruction soit désigné, le ministère français de la Défense a du se résoudre à expliquer avoir été saisi «de témoignages d’enfants centrafricains accusant d’agressions sexuelles des militaires français de l’opération Sangaris». Ces témoignages ont été recueillis il y a plus d’un an par des personnels de l’ONU déployés en Centrafrique. Ils «retracent des faits qui auraient été commis sur une dizaine d’enfants, sur le site de l’aéroport de M’Poko (à Bangui), entre décembre 2013 et juin 2014», précisait le ministère de la Défense français, qui dit avoir «pris et prendra toutes les mesures nécessaires pour permettre la manifestation de la vérité» (sic).
L. M.
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