Un employé de Khalifa : «Je transférais seul l’argent de la banque»

L'accusé Dellal Abdelouahab chargé de la sécurité et de la protection du groupe Khalifa a affirmé, mardi à la cour de Blida, avoir transféré seul l'argent de la banque Khalifa sans signer de documents attestant l'opération, et ce, à la demande de son responsable direct Chachoua Abdelhafidh, rapporte l'APS qui couvre le procès d'heure en heure. L'accusé, qui travaillait comme enquêteur principal à la sécurité nationale avant de rejoindre le groupe Khalifa et qui est poursuivi pour «association de malfaiteurs et vol en réunion», a déclaré que sur ordre de Chachoua Abdelhadidh, il se rendait chez Akli Youcef pour rapporter des sommes d'argent et des enveloppes scellées sans remplir aucune formalité. Il a ajouté qu'en se rapprochant de Akli Youcef, ce dernier semblait être au courant de sa venue puisqu'il lui avait remis l'argent sans problèmes. Il a précisé avoir effectué deux fois de suite cette opération contrairement à ce qu'il avait affirmé devant le juge d'instruction. Le confrontant avec sa première déposition, le juge Antar Menouar lui a rappelé qu'il avait dit avoir exécuté cinq à six opérations similaires. L'accusé a évoqué sa tâche au sein du groupe qui consistait à transférer des fonds et à accompagner les délégations étrangères en visite en Algérie dans le cadre des conventions avec le groupe Khalifa, niant avoir transféré d'autres fonds à partir des autres agences de la banque Khalifa à l'instar des agences d'El-Harrach et d'Hussein Dey. Il a en outre affirmé avoir bénéficié d'un crédit bancaire de 200 millions de centimes qu'il a remboursé par des prélèvements sur son salaire, pour l'achat d'un appartement. Confronté à l'accusé Chachoua Abdelhafidh sur ordre du juge Antar Menouar, l'accusé a avoué qu'il demandait à transférer les fonds sur ordre de Karim Smail. Le procureur a interrogé l'accusé sur les raisons qui l'ont poussé à accepter une telle tâche qu'il savait contraire à la loi ayant déjà travaillé dans le corps de la sécurité et à assurer la protection de véhicules transportant d'importantes sommes d'argent sans avoir obtenu une arme à feu pouvant être utilisée en cas de besoin, ce qui signifie que son travail n'était pas légal. L'accusé a répondu qu'à son retour de France, il était sans emploi et que lorsqu'un poste lui avait été proposé au sein du groupe, il a accepté sans hésitation. Pour rappel, l'accusé avait été acquitté lors du procès de 2007 de tous les chefs d'accusation retenus contre lui. Au total, 71 accusés (après le décès de 5 autres) sont actuellement jugés dans ce même procès. 21 d'entre eux sont en détention. Outre la partie civile et les victimes, plus de 300 témoins seront entendus dans cette affaire.
Un steward : «J'ai bénéficié d'un prêt sans présenter de dossier»
L'accusé Larbi Salim, steward à l'ex-Kalifha Airways, a reconnu mardi devant la cour de Blida avoir bénéficié d'un prêt de l'agence de Khalifa Bank d'El-Harrach sans présenter un dossier administratif. Il a également affirmé avoir rencontré Abdelmoumene Khalifa à bord d'un vol Algérie-France et qu'il a saisi l'occasion pour lui remettre une demande de prêt de la banque Khalifa. L'accusé a ajouté que Abdelmoumene Khalifa a donné son accord pour l' octroi du crédit après qu' il l'ait informé qu'il détenait un compte à l'agence d'El Harrach, précisant que Abdelmoumene Khalifa lui avait demandé de se présenter à l'agence pour retirer un prêt de 150 millions de centimes. Par la suite, l'accusé s'est présenté au directeur de l'Agence d'El-Harrach, Aziz Djamel lui faisant part de sa rencontre avec Abdelmoumene Khelifa. Aziz Djamel contacte alors le premier responsable de la banque qui a validé le crédit. Le tout s'est réalisé en une seule journée sans qu'un dossier n'ait été présenté. L'accusé a indiqué avoir placé le crédit dans des travaux de réfection de la maison familiale ajoutant qui l'a entièrement remboursé. Il n'a pas présenté le dossier requis pour bénéficier du crédit, car le directeur de l'agence d'El-Harrach lui avait suggéré de laisser cela pour plus tard, a -t-il précisé. Larbi Salim avait été condamné par le tribunal criminel de Blida en 2007 à deux ans de prison avec sursis. Au total, 71 accusés (après le décès de 5 autres) sont actuellement jugés dans ce même procès. 21 accusés sont en détention alors que les autres comparaissent libres. Outre la partie civile et les victimes, plus de 300 témoins seront entendus dans cette affaire.
Un ex-directeur : «Je n'ai pas dissimulé des trous financiers»
L'accusé Toudjane Mouloud, ancien directeur général adjoint chargé de la comptabilité et du budget à Khalifa Bank, a nié avoir un quelconque lien avec les faux en écriture, au nombre de 11, pour couvrir les trous financiers découverts par les commissions d'inspection de la caisse principale de la banque. Poursuivi pour association de malfaiteurs, vol en réunion et escroquerie, Toudjane Mouloud a affirmé avoir occupé le poste de directeur général adjoint chargé de la comptabilité et du budget au niveau de cette banque, soit le même poste occupé par un autre accusé décédé, Nekkache Hammou, rappelant qu'il n'avait rien à voir avec les documents falsifiés pour couvrir les trous financiers de la caisse. Il a déclaré qu'il se trouvait dans le bureau de son collègue Hammou lorsque le dénommé Akli Youssef était venu lui remettre les documents. Je lui ai recommandé de ne pas les signer en raison de l'«absence de documents de comptabilité», a-t-il encore raconté. Toudjane Mouloud était employé de la Banque d'Algérie pendant plus de 20 ans avant de donner sa démission et rejoindre Khalifa Bank qu'il a qualifié d'«aventure dans la première banque privée en Algérie». Devant le tribunal, il a avoué que la direction de comptabilité avait des documents bancaires en suspens de la direction informatique concernant les agences qui ont été destinataires de plusieurs correspondances pour régulariser la situation. Mais cela n'a pas été fait, a-t-il ajouté. Il a nié être au courant qu'Akli Youssef avait remis l'argent en espèces à partir de la caisse, précisant qu'il avait donné sa démission en 2002 en raison de «dépassements relevés». Une démission à laquelle il renoncera après que le dénommé Karim Ismail l'eut convaincu de rester et que les erreurs allaient être rattrapées. Il a déclaré également que les observations des commissions d'inspection de Khalifa Bank ont été ignorées, ajoutant qu'il ne connaissait pas personnellement Abdelmoumene et n'avait aucun lien avec le bureau du commerce extérieur ou les fonds d'argent qui servaient à financer les différentes équipes sportives sponsorisées par le groupe Khalifa. D'autre part, Toudjane Mouloud a reconnu avoir bénéficié d'un prêt de 110 millions de centimes qu'il avait entièrement consacré à la réfection de sa maison. Le prêt a été remboursé dans sa totalité, a-t-il renchéri. Revenant à la charge, le procureur général a interrogé l'accusé sur les motifs qui l'ont poussé à partager un «poste sensible» avec une autre personne sans en appréhender la responsabilité. L'accusé compte parmi les personnes acquittées lors du procès de 2007.
L'ex-directeur du personnel naviguant de Khalifa Airways auditionné
L'ex-directeur du personnel naviguant de Khalifa Airways, Nouredine Dahmani, a été auditionné mercredi au tribunal criminel près la Cour de Blida au 8ème jour du procès de Khalifa Bank. «Je ne peux pas parler de crédit, mais d'un prêt social que j’ai sollicité auprès de Abdelmoumene Khalifa, au retour d’un voyage d’affaires qu’on avait effectué ensemble», a déclaré le prévenu devant le président du tribunal, Antar Menouar. Poursuivi pour «association de malfaiteurs» et «vol en réunion», il a été auditionné sur un crédit de 250 millions de centimes qu'il avait contracté en 2000 et encaissé auprès de l’ex-agence bancaire d’El-Harrach. Cette somme devait servir au remboursement d’un crédit précédemment contractée auprès de la Caisse nationale d’épargne et de prévoyance (Cnep) en 1990, avant que M.Dahmani ne rejoigne en 1999 l’ex-groupe Khalifa. Le crédit était de l’ordre de 130 millions de centimes. Le nom de l’ex-directeur de l’agence bancaire d’El-Harrach, Djamel Aziz, est ainsi cité par le juge Menouar qui a rappelé au prévenu que le crédit lui était accordé sans qu’aucune garantie ne lui soit demandée par M. Aziz, qualifiant la situation de «scandaleuse». Mieux, le juge est remonté jusqu’à la procédure de présentation de la demande de prêt en s'interrogeant «pourquoi n'avoir pas formulé de manière réglementaire une demande auprès du service concerné de l’entreprise au lieu de saisir personnellement Abdelmoumene Khalifa de cette façon», avant de souligner que l’argent consenti par ce dernier n'est «autre que celui des clients de Khalifa Bank, notamment des entreprises publiques». A cela, le prévenu a rétorqué en insistant sur l'«exiguïté» dans laquelle il vivait avec son épouse et ses enfants, ce qui l'avait amené, selon ses dires, à solliciter le prêt pour rembourser celui de la Cnep. «Je n’ai à aucun moment pensé que la compagnie de Khalifa pouvait couler de manière aussi brutale», a observé le prévenu, informant avoir procédé au remboursement de la somme de 80 millions de centimes au profit du liquidateur du groupe, Moncef Badsi, lequel effectue depuis 2011 une ponction mensuelle de 10.000 DA du compte de l’accusé pour rembourser le reste du crédit. A la question de savoir s’il avait usé de son influence en sa qualité d’ex-responsable du personnel naviguant de Khalifa Airways, l'accusé a nié ce fait, précisant qu'il veillait au respect des critères de compétence lors des recrutements, chose qui a lui a valu «beaucoup d’hostilités». Le procureur général, Mohamed Zerg Erras, a tenu quant à lui, à faire rappeler à l’accusé que dans sa déclaration au juge d’instruction, il avait utilisé le terme «don» plutôt que «prêt ou de crédit». Comme face au juge, le prévenu est demeuré sans réponse précise, réitérant les conditions sociales «difficiles» qu'il vivait. Le représentant du ministère public a ensuite demandé au prévenu de lui citer les différents directeurs généraux qui se sont succédé à la tête de Khalifa Airways, relevant que parmi eux figuraient Taybi Sakina et Nanouche Mohamed. «J’étais sous la coupe de Mme Taybi qui s’occupait de l’exploitation», a indiqué le mis en cause sans pour autant confirmer ou infirmer la situation confuse relevée par le magistrat. «Non, Khalifa Airways n’était pas en concurrence déloyale avec Air-Algérie», s’est défendu M. Dahmani, en réponse au procureur général, faisant valoir la flotte importante de 40 avions dont elle disposait et que le mode de leasing est une pratique courante, y compris chez les plus importantes firmes internationales de transport aérien.
R. N.

 

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