Lettre d’Alger à une maman «pied-noir» à Paris

Par Abderrahmane Zakad – Chère maman,

Par Abderrahmane Zakad – Chère maman,
Je suis enfin à Alger. Je t’écris parce que je n’arrive pas à te toucher par téléphone avec leur 213 et les cybers sont toujours pleins. Et puis, avec mon stylo, c’est comme si je te caressais le visage. Je préfère. Comme tu me l’avais recommandé, j’ai été à l’hôtel qui donne sur la rue Michelet. La chambre est propre, les gens sont gentils. Avant que j’oublie, à l’aéroport, l’inspecteur était surpris quand je lui ai dit que tu étais de Bab El-Oued, il a souri en me rendant mon passeport. On a discuté un peu parce qu’il est de Bab El-Oued, lui aussi ; alors, on a sympathisé et je t’avoue qu’il y a eu du feeling entre nous. Je dois le revoir pour qu’il me fasse visiter La Casbah. Il s’appelle Moussa. Avec les douaniers, pas de problèmes. Ils n’ont rien dit pour les camemberts et les bas. J’ai dit que c’était des cadeaux pour des amies. Mais j’ai vu dans une supérette près de l’hôtel toutes sortes de fromages. Dans les vitrines, il y a de tout, avec de jolies robes et même des chemises italiennes comme quoi il n’y a pas que nous. Ça se voit que l’Algérie a changé, puisqu’il y a du camembert et des marques italiennes. C’est vrai, ce que tu m’as dit, il fait beau comme pas possible avec le ciel bleu et les nuages blancs, des tumulus, je crois. J’aperçois un peu la mer de mon balcon, l’air marin donne de l’appétit et le matin je mange comme un orque ! En prenant ma douche, je me suis blessée à l’arcade souricière contre le porte-serviettes. Déjà le premier jour ! Qu’est-ce qu’ils vont dire les gens avec mon paradrap sur mon arcade souricière ? Les vacances s’annoncent sous de mauvais hospices.
Moussa l’inspecteur de police de Bab El-Oued est venu le lendemain. On a visité toute la rue Michelet et il m’a remonté le moral pour mon arcade. Il m’a emmenée ensuite dans une petite gargote pour manger du poisson. Moussa est magnifique, dommage qu’il mange le poisson avec les doigts. Le lendemain, j’ai été à Moretti. Je me suis dorlotée au soleil d’Algérie. Quand je reviendrai, je serai noire comme une Marocaine. A la plage tout le monde se repose et dans les champs du côté de Tipasa les paysans sont inactifs avec le geste auguste du chômeur, comme l’a écrit Victor Hugo, je crois. Il y a trois jours nous avons dormi à Sidi Ferruch dans un camping. Il y avait tellement de moustiques que j’étais obligée de me payer un mousquetaire pour dormir. Je le ramènerai avec moi à la maison. Moussa s’est trop exposé au soleil. Résultat, il est resté au lit toute la matinée avec une belle consolation sur le dos. Nous avons visité le tombereau de la chrétienne. Je ne comprends pas pourquoi les Algériens l’ont construit sur un monticule, loin de la route, alors qu’il aurait été bien, près de la mer. Sur la route, il y a beaucoup de chauffards. Heureusement que ce n’est pas comme chez nous en France sinon c’est la catacombe ! Dans deux accidents que j’ai vus, les gens sont plus ou moins mortellement blessés. Un malheureux a perdu deux de ses jambes. Quand nous sommes partis pour visiter le musée des arts traditionnels dans la Casbah, j’ai fait la bêtise de mettre des talons hauts, j’ai eu beaucoup de problèmes, car ça me rentre dans le pavé. Il est préférable de mettre des spadassins. La dame qui est directrice du musée, elle avait l’air d’avoir fait des études, car elle connaissait tout. Je ne savais pas qu’il y avait des anthropologues en Algérie, ça m’a étonnée. J’ai profité pour t’acheter un beau livre «Les fraises du Tassili». Dans la Casbah on rencontre parfois des jeunes avec des casquettes et le regard en dessous. Je les ai vus de loin, mais ils ne sont pas méchants. J’ai vu aussi dans une mosquée, les Algériens faires des ablations et j’ai pris des photos. Les prieurs ne m’ont rien dit. La Casbah me plaît parce qu’elle est à la fois isolée dans l’enfermement de ses murs et ouverte par l’accueil des gens. Les femmes sont dans leur patio sans rien savoir de l’énorme vie qui grouille dans la place Randon là où il y avait une synagogue qui est devenue une mosquée. J’ai pris une photo pour M. Lévy, celui qui vend les chaussures en bas de chez nous. Ca lui fera plaisir. J’ai vu des choses incroyables ! Tu rentres dans un café, tu demandes de l’eau, on te sert, tu bois, tu sors, même sans dire merci. Quand un incident arrive, on entend une vieille dame implorer «pourvu que cela ne soit pas quelqu’un du quartier» pour dire la solidarité et l’attention des gens entre eux dans chaque quartier. Ce n’est pas comme chez nous dans les banlieues ou on ne se mêle de rien. J’ai remarqué que les hommes marchent la tête baissée comme s’ils cherchaient quelque chose. Ils ne regardent même pas les ânes qui ramassent les ordures. Tu me l’avais racontée. A hauteur d’une vieille maison mauresque, j’ai vu un vieil homme avec des yeux noirs, dont un absent. L’homme était en chemise avec un pantalon bouffant avec des plissures comme la jupe de ma cousine Jeannette. Il tapait sur le cuivre pour faire un plat. C’est pittoresque. J’ai vu des tableaux de peinture avec des arabesques. Hélas, les couleurs sont vivent, avec du Jasmin ocre, des Roses bleues et marguerites comme des kakaouètes. Leur style révèle certaines prétentions comme Coquin le peintre belge, je crois. Tu ne m’as pas dit que les Algériens faisaient des tableaux. Moussa m’a raconté ce qui s’était passé dans La Casbah quand la France est venue en Algérie. Il paraît que les soldats ont pris le trésor de leur roi, les bijoux des femmes et les femmes avec. Tu ne me l’as jamais dit. Même au lycée on ne nous a rien dit. Maman, qu’est-ce qu’on apprend quand on voyage ! Après quelques jours, je dors bien la nuit et ô douceur des vacances avec de menus signes de changement, les petits attentions de Moussa et je suis toujours en forme et gaie, tôt levée. Le matin, un œuf à la coque, une cuillère de confiture de figue et 28 degrés sur le thermomètre que je regarde en gouttant un café noir parfumé : c’est la plénitude et me voilà heureuse.
Après la visite de La Casbah, comme tu me l’avais demandé, j’ai été rue de la Lyre pour rencontrer M. Amar, l’ami de mon père. Mais Amar est mort et c’est son fils qui tient le magasin d’artisanat. Il fabrique des coffres en bois qu’ils appellent «sandouk» ou «sandoute», tu sais comme ceux du temps de Jeanne d’Arc. Comme souvenir, je t’ai acheté un petit souvenir, un petit pichet qu’ils appellent «bouqala». Chez nous à Paris, tu me parlais souvent d’Alger, de sa grandeur passée et de sa décadence quand vous êtes partis. Je crois que tu te trompes, Alger est une belle ville avec le métro et des poubelles de couleur verte. Moussa m’a emmenée ensuite chez «Le Roi de la Loubia» dans la rue de Tanger, une petite gargote où ne peuvent s’asseoir que quatre personnes. Une queue immense qui attend dehors. Ils sont gentils les Algériens ; comme ils ont vu que j’étais française, ils m’ont donnée priorité. La loubia parfumée au cumin, 100 DA (un euro le plat). Un délice ! Je ne te dis que ça. Avec pain à volonté, huile pour graissage afin de ne pas blesser l’estomac, vinaigre pour raffiner. La bouteille de gazouze est sur la table, tu te sers comme tu veux et c’est kif kif le prix. On ne donne rien pour le service. Un seul problème, c’est qu’il n’y a pas de vin dans les restaurants. Les Algériens ne boivent que de l’eau. Je ne sais pas comment ils font ! Avec de l’eau ils ne risquent pas de perdre la foi. La loubia est meilleure que notre cassoulet de Toulouse qui est pâteux. J’ai pu avoir la recette par le patron ; tu me la feras à la maison. Je ne sais pas pourquoi tu n’as pas cessé de me dire «fais attention à ton sac». Tu sais y a rien à craindre, Moussa m’a dit qu’on ne vole plus les sacs, on vole les banques. Les Algériens sont gentils, plus rigolos et gominés, «moins loups» que ceux de nos banlieues. En plus, ils sont beaux comme une prairie en fleurs. Na !
Ce qui me frappe ici à Alger c’est que quand je demande le numéro ou le nom d’une rue, on te répond «c’est là-bas» avec le bras levé vers une direction incertaine. Les choses les plus intéressantes à regarder ce sont les noms des magasins. Les enseignes sont écrites en arabe et en français. J’ai noté sur mon carnet «vente de café terrifié pur arabica», «viande grillée avec vous», «Poison du jour» et en arabe qu’on m’a traduit «Seul Allah donne des richesses». Plus loin en déambulant je lis «Allah est grand», mais le magasin est petit. Je te jure maman que la réalité dépasse la friction. Quand j’attire leur attention sur ces contradictions, les vendeurs me disent avec le sourire que l’important c’est ce qu’il ya dedans pas sur ce qu’il y a dehors. Les Algériens ne sont pas compliqués. Quand vous leur demandez d’où vient la marchandise, ils sourient et vous disent que «ça vient de là-bas». Ou c’est là-bas ? A toi de deviner ! J’ai remarqué dans les rues que les hommes regardent les femmes qui ne leur accordent aucune tension. Ça monte, ça descend dans les boulevards. C’est apaisant et agréable à voir, car personne n’est compressé. Tu sais, maman, c’est étonnant, il y a moins de pauvres qu’à Paris. On rencontre quelques femmes sur les trottoirs avec toujours des enfants. Je me demande comment elles font. Ce ne sont pas des clochardes comme chez nous, elles sont propres, elles ne se saoulent pas et elles ne t’embêtent pas. Ce ne sont pas des femmes légères, elles sont grosses et paraissent en bonne santé. Elles ne semblent pas manquer de calcium. Je me suis renseignée, il paraît qu’elles en font un métier, mais beaucoup de gens leur donnent de l’argent surtout des femmes. C’est normal, entre femmes on se soutient quand on est serré dans la vie. J’ai pris quelques photos en cachette, car je ne voulais pas les déranger. Je me demande si j’ai bien visé, on verra cela à la maison.
Un soir, avec Moussa, on a été mangé chez Le Roi de la Dinde. On a commandé des tranches de blanc de dinde pannées. Le patron nous a dit que c’était de la dinde de Kabylie. Je ne savais pas que les Kabyles élevaient des dindes. Mais je préfère le «Roi de la Loubia». Comme Moussa est à cheval par principe il ne veut jamais me laisser payer. Le Roi de la Dinde nous a ensuite offert un café et nous a raconté sa réussite dans l’immigration dans les années 1960. C’est avec l’argent gagné en France qu’il a fait construire son restaurant avec un auvent blanc immense pour que tout le monde voie sa réussite : «Donner à manger au gens lui qui avait eu faim dans l’immigration».
Tu sais maman, je ne sais pas quoi te dire sur l’Algérie. J’ai vu trop de choses. Il n’y a presque pas de français de chez nous dans les rues, mais tout le monde parle français. «Autant en emporte l’Auvent». J’ai vu de nombreux Chinois dans les rues. Ils ont même des magasins tenus par des Chinoises et elles parlent l’arabe. Alors que toi qui as vécu cinquante ans en Algérie, tu ne parles pas arabe. Moussa m’a déjà fait apprendre quelques mots. La langue est gutturale. Par exemple «ouech» ça veut dire «quoi» et «chkoun», c’est «qui». Tu vois j’ai fait des progrès, alors que toi tu m’as appris qu’«oualou» quand j’étais petite et que je demandais quelque chose. Moussa m’a emmenée mardi au Marché de Chartres près de la place du gouvernement des Martyrs. Quelle cohue ! Beaucoup de femmes avec des voiles de toutes les couleurs et une dominance du noir. Ca m’a fait penser à la chanson de Johny Halliday : noir, c’est noir / il n’y a plus d’espoir. C’est de ton temps. Ca rit de partout, ce n’est pas comme chez nous où ça ronchonne. Je comprends maintenant les contradictions qui existent entre notre perception de leur tradition, de leurs mœurs et la réalité dans leur pays. Ils sont dans leur biotaupe. Je suis vraiment à l’aise et sans inquiétude. Quand je pense que chez nous les marchés sont propres, les étals alignés, les fruits scintillants, les légumes tout nets, bien alignés et on ne voie que des vieux. Ici, les rues sont sales, pleines de détritus, les étals en quinconce et en désordre, mais les fruits sont délicieux, les légumes frais et la jeunesse pétille. Les fruits et les légumes ont bon goût, ce n’est pas comme chez nous ou on met trop de pestimides. J’ai acheté de la coriandre, du persil, de belles tomates et quelques cruautés. Au moment de payer, je me suis rendu compte que j’avais oublié mon porte-monnaie à l’hôtel. Moussa parlait plus loin avec un de ses copains alors, tu me crois si tu veux, le marchand m’a dit «Prends, tu me paieras la prochaine fois.» A Paris, on aurait appelé la police. Près de la place du gouvernement des Martyrs il y a un marché aux femmes. On vend beaucoup de tissus et de robes. Moussa m’a offert une robe kabyle safranée à bandes rayées avec des fanfreluches et plein de zigzags, comme celles qu’on nous montre sur berbère-TV lorsque les filles dansent la danse du ventre avec leur derrière. J’ai acheté une deuxième robe pour tante Carmen. Elle aime l’exorcisme. En dessous de la place du gouvernement des Martyrs, ils ont trouvé une ville romaine et ils sont en train de piocher et à côté de la romaine ils ont trouvé une ville grecque. Tu te rends compte, maman ! Je ne savais pas que les Italiens sont venus ici avec les Grecs. Je comprends maintenant pourquoi les Algériens viennent chez nous, tout le monde est parti chez eux. Il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas chez les Algériens. Tu m’as mal expliquée. Le pays reste pour moi un abîme inconnu. Je ne comprends pas pourquoi ils vendent du pain sur le bord des autoroutes alors qu’ils ont des boulangeries. Et même des pâtisseries arabes et françaises. Tu te rends compte si ces gosses montent en France avec leurs parents. Nous les verrons sur l’autoroute du soleil de Paris à Marseille. Mon Dieu, il faut empêcher cela. J’ai été visité la prison de Barberousse ou travaillait mon père pendant la guerre d’Algérie. Bien sûr, je n’ai pas dit qu’il s’occupait de la guillotine. Hé Bien ! Tiens-toi bien, la prison est devenue un musée, elle s’appelle Serkadji. Ah ! Si papa était encore en vie et qu’il apprenne qu’ils ont transformé sa prison. Je n’ai pas demandé si la guillotine était toujours dans la prison. Ca ne se fait pas. Tu comprends ! Moussa m’a montré de loin le cimetière du Katar juste derrière la prison. J’ai refusé d’y aller, peut-être qu’il y a des gens guillotinés par papa. Tu sais maman, j’ai mangé dans une gargote près du marché Meissonnier. Ils étaient tous gentils. Moussa m’a conseillée une thouktchouka. C’est délicieux, mais un peu piquant. J’étais assise près d’un monsieur du Sahara et quelle surprise ! Bien qu’habillé d’un turban et d’un burnous qui me piquait le bras, il mangeait avec une fourchette. Je n’avais jamais vu cela. C’était un dépaysement total d’être assise près d’un homme du Sahara. Ca m’a fait penser au tableau de Dinet qui est accroché dans notre salon. Comme tu me l’avais demandé, j’ai été rue Vasco de Gama à Bab El-Oued pour visiter l’appartement où je suis née. Les locataires sont gentils et m’ont reçue avec amabilité. Dans la salle à manger de notre ancien trois-pièces, toutes les femmes et les enfants étaient là à crier. Comme tu me l’as conseillée, j’ai refusé les gâteaux et le café, j’avais peur qu’ils mettent quelque chose pour m’ensorceler ou m’envoûter parce que je suis blonde. Il n’y avait que des femmes à l’exception de Moussa qui m’accompagnait. Dans un coin sont rangés une dizaine de matelas et beaucoup d’oreillers pour te dire comme ils sont nombreux. Tu t’imagines l’effectif qui habite dans cet appartement. Je comprends pourquoi en France on a peur des Algériens qui débarquent. On sait combien ils sont quand ils arrivent, mais on ne sait jamais combien ils seront par la suite. Comme tu as insisté, j’ai demandé à visiter la petite chambre près des WC. J’avais compris déjà quand tu me le racontais chez nous à Paris, que c’est dans cette chambre que tu m’as conçue avec papa – (pauvre papa !). Le plafond de la chambre est très haut, je comprends pourquoi je mesure 1,75 m. Tu as dû garder les yeux ouverts. A côté des WC, il y a toujours le tableau qui représente le Djurdjura enneigé. C’est peut-être pour cela que j’aime la neige ! Tu dois être contente que le Djurdjura soit toujours près des WC. Comme promis, j’ai été au cimetière de St Eugène pour prier sur la tombe d’oncle Alphonse. Il est toujours là. Sur sa tombe une belle plaque avec l’épitaphe dont tu m’as parlée : «De son vivant, il tenait un bar. Il est regretté par toute sa clientèle». Ca m’a fait rire et Moussa m’a dit qu’on ne rit pas dans un cimetière. J’ai fait une prière devant sa tombe en récitant l’épître de Pierre (1/19) : «Le juste doit se présenter au Jugement comme un agneau sans défaut et sans tâche». J’ai encore ri en dedans, car les agneaux sans défaut et sans tâche, on les voit dans les lycées et les banlieues. Je n’ai pas apprécié la façon dont on est reçu au cimetière de St Eugène. A l’entrée, sur le fronton, de part et d’autre du portail, deux médaillons : sur celui de gauche, il est écrit en latin EQUO PULSAT PEDE «La mort frappe d’un pied différent», sur celui de droite HOBIE MIHI, CRAS TIBI «Aujourd’hui moi demain Toi». Tu te rends compte maman, ce n’est pas gentil d’accueillir les morts comme cela ! Après m’être inclinée sur la tombe de l’oncle Alphonse, j’ai visité quelques tombes. Sur l’une d’elles, il est écrit : «Ci-gît un Pied-noir de la Main rouge qui n’a pas eu la vie en rose». J’espère que ce n’est pas mon père qui l’a guillotiné. Mon Dieu ! Pendant que j’écris, chère maman, il me semble que je cause avec toi et que tu vas te pencher vers moi pour m’embrasser sur la tempe. Oh comme je t’aime. Maman, j’ai une bonne nouvelle à te dire : j’ai décidé de me marier avec Moussa. Sa mère est d’accord. J’espère que tu ne vois pas d’inconvénient. Il est sérieux et honnête. Un inspecteur de police ça touche bien et surtout il n’est pas noir, juste comme un marocain. Moussa a déjà été à la Mecque. Voilà un problème de régler. En plus, il ressemble à Stendhal, mais en plus grand. Tu le verras. Tu diras à oncle Frascatti que lorsque nous viendrons, il fait le nécessaire pour lui établir une carte d’identité à Marseille ou à Ajaccio sous le nom de Moussy, c’est mieux. Je t’ai envoyé sa photo par Facebook. Je compte sur lui également pour qu’il le fasse admettre dans la police. Comme Moussa est très brun, il peut facilement nager dans le milieu et la pingre de Marseille. Je compte sur toi. Moussa m’invite à aller à Ghardaïa dans le sud. Ca ne se refuse pas. Oh ! Que je suis contente, je vais voir la palmeraie, le sable et les chameaux. Je ne peux rater l’occasion. Tu dis à Monique, ma copine du 2e étage, de me faire faire un certificat médical pour un repos de 8 jours. Elle ira chez le docteur Andreotti, il connaît, j’ai l’habitude. Je prolonge donc de huit jours.
Je te quitte, on parlera de tout cela à mon retour.
Ta fille Jocelyne qui t’aime.
A. Z.

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