Pourquoi l’Algérie doit renégocier l’accord d’association avec l’Union européenne

Les travaux de la 9e session du Conseil d’association Algérie-Union européenne se tiendront aujourd’hui mercredi et demain jeudi au siège de l’UE à Bruxelles. Pour ce nouveau round qui coïncide avec le 10e anniversaire de la signature de l’accord de libre-échange entre notre pays et les 27 pays de l’Union européenne, l’Algérie a dépêché Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, qui aura pour vis-à-vis Federica Mogherini, haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Selon des sources dignes de foi, Alger aurait exigé que la partie européenne soit représentée par Mme Mogherini en personne, «compte tenu de l’importance des négociations», mais aussi par rapport au statut de Ramtane Lamamra. Des sources proches du ministère des Affaires étrangères insistent sur le fait qu’«Alger ne tolérera plus que nos personnalités soient reçues par des responsables de rang inférieur au leur». En tout cas, Bruxelles l’a très bien saisi, les milieux proches de la présidence de l’UE soulignant que la co-présidence de cette session sera assurée, pour la première fois, par Federica Mogherini, «en signe de reconnaissance du rôle de premier plan et de la place de choix qu’occupe l’Algérie dans la région». Il faut dire que pour cette session, nombre d’analystes n’omettent pas de souligner que l’Algérie ira négocier à Bruxelles en position de force. «L’époque où Alger acceptait tout ce que la capitale européenne lui dictait de faire est révolue. Lamamra, en diplomate chevronné et en patriote invétéré, n’aura pas la langue dans la poche. Il a pris dans ses valises un "mémo" résumant les points et aspects négatifs de l’accord signé en 2005», commente-t-on dans les milieux économiques. Des experts parlent d’un manque à gagner pour le Trésor de trois milliards de dollars par an pour l’Algérie depuis la levée des barrières douanières, sans compter que notre pays achète pour plus de 30 milliards de dollars à l’Europe, alors que l’Algérie est «pernicieusement» empêchée de placer le moindre kilogramme de dattes dans l’espace UE. «Où est l’intérêt de cet accord ?» scande un économiste non sans inviter la délégation algérienne à Bruxelles à mettre en avant «nos points forts par renverser la vapeur». En effet, la réalité du terrain étaie les propos des analystes. L’Algérie est en position de force pour renégocier l’accord de 2005, et ce, pour plusieurs raisons : la région étant instable, l’UE a besoin de l’Algérie pour tenter d’endiguer la menace terroriste. En outre, l’Algérie joue un rôle prépondérant dans les négociations interlibyennes et intermaliennes. «Or, sans stabilisation de ces deux pays, il n’y aura pas de répit en Europe d’autant plus que la menace terroriste se fait jour et les flux migratoires, facteur d’instabilité politique et sociale dans l’UE, ne peuvent être endigués que par une coopération "gagnant-gagnant" avec l’Algérie», relève une source proche de la diplomatie algérienne.
Rafik Bahri

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