«Yad wahda ma tsafek»(*)

Par Antisioniste – Il est difficile de donner des dates précises concernant l'aboutissement concret du plan de partitionnement enclenché depuis quelques décennies concernant l'Irak et la Syrie en prévision de celui que nous connaissons aujourd’hui. Toutefois, pour tout observateur aguerri, il est clair que la naissance du Kurdistan, désormais inévitable, est en voie de parachèvement final et définitif. Personnellement, je suis persuadé que ce partitionnement est une sorte de Sykes-Picot bis. Le plus drôle et machiavélique à la fois dans ce plan est que nous sommes en train (malgré nous) de défendre le plan Sykes-Picot original. Bref, la conférence qui s'est tenue à Paris entre les Irakiens, les Français et les Américains sur la question de Daech est à elle seule révélatrice non pas du manque de sérieux uniquement de cette conférence, mais de la faiblesse et la stupidité avérées des gouvernements arabes par le fait que deux commissions en sont sorties. La première donnée en Turquie pour (tenez-vous bien !) résorber l'afflux des terroristes en Irak et en Syrie, la deuxième fut donnée en Arabie Saoudite pour le contrôle du financement des terroristes. Plus «drôle» que ça tu meurs, l'humour de Bernard Lewis and Co est vraiment mortel ! Trois ans, avait déclaré Obama devant le Congrès, l'an passé, pour venir à bout de Daech, soit jusqu'en 2017 plus ou moins. Une alliance d'une myriade de pays, dont les plus puissants du monde, s'est faite pour «combattre» une poignée de bouseux, incapables de toucher un éléphant dans un couloir étroit, d'où leur penchant pour l'égorgement et les opérations kamikazes, et ça veut nous convaincre qu'ils (Etats-Unis-Otan-monarchiotes) sont non seulement sérieux dans leur «guéguerre» contre le terrorisme (qui vend tous les jours du pétrole, qui est acheté, forcément), mais qu'ils n'ont rien à voir avec lui, ni de près ni de loin. C'est de bonne guerre, diraient certains, et je suis d'accord que dans tout ce cirque mondial, il doit forcément y avoir au final, disons, des gagnants et des perdants. Les questions qui se posent d'elles-mêmes sont : parmi lesquels des deux voulons-nous être, en tant que pays et peuple algériens ? Que devons-nous faire pour cela pendant que nous avons encore le temps et les moyens ?
1- Pour commencer, il est impératif d'avoir une chaîne de commandement patriote, aussi solide et efficace que déterminée ; et qui dit chaîne dit aussi maillons. Donc, pour que cette chaîne de commandement soit aussi efficace que nous le souhaiterions, il faut impérativement détacher et remplacer les maillons faibles. La faiblesse dans ce cas précis peut avoir plusieurs aspects, allant du manque d'intelligence et d'aptitude, jusqu'à l'opportunisme et la possibilité de traîtrise pour X raisons.
2- Hybrid Warfare, c'est le nom des guerres de cinquième génération qui combinent armée régulière, commandos d'infiltration et de sabotage, groupes civils armés et dirigés, renseignements, information et, surtout, propagande massive sur le Net. C'est ce genre de guerre à laquelle nous assistons en Irak en Syrie, et dernièrement au Yémen. Bien que le terme et la définition soient occidentaux, une chose est sûre : nous maîtrisons presque bien ce genre de guerre que nos anciens ont eu à faire pour l'indépendance de notre pays. Il suffit de remplir la première condition citée ci-dessus pour affiner et généraliser ce concept à tout le peuple algérien qui est d'essence rebelle et guerrière à la base.
3- La formule – ci vis pacem para bellum – qui signifie : qui veut la paix prépare la guerre ne doit pas être comprise au sens militaire uniquement. Et c'est pour cela qu'il faut qu'elle soit enseignée dès le biberon. Car la bonne préparation, c'est 90% de la réussite, mais cela dépend essentiellement de la concrétisation de la première condition. J'entends déjà la question, mais comment faire pour concrétiser la première condition ?
Début de réponse : pour les agiter, ne pas se précipiter, ne pas s'endormir et, surtout, faire continuellement la part des choses, tout en avançant sereinement. Ce n'est pas pour critiquer pour le plaisir de la critique, mais quand je vois les monumentales dépenses faites dans le vide (el farighati farghan), je vois aussi derrière tout cela le contraire de ce qu'exige la première condition. Et je vois aussi la nécessité urgente d'y remédier, «softement» et efficacement parlant, pour éviter tout dérapage compromettant. Je fais partie de ces nombreux Algériens qui connaissent assez bien la Libye pour y avoir vécu pendant quelque temps. Donc, il est inutile de craindre une attaque des «daechiens» que les marionnettistes sont en train de rassembler dans ce pays pour le prochain projet dans la région. Tout comme il est impératif que l'Etat soit intraitable avec les dépassements intégristes enregistrés ici et là. La justice doit remplir son rôle illico presto, tout comme elle le fait avec des criminels ordinaires. Le tout en pensant au suivi lors des peines par des psychologues et d'autres spécialistes, car il ne s'agit pas de dresser des bûchers et des potences. Dans le conscient du lambda algérien, quand il entend le gouvernement, l'Etat ou encore le pouvoir a fait ceci ou cela de mauvais, il a tendance à y inclure l'ensemble des éléments qui le constituent. Certains politiciens, journalistes et intellectuels, sachant cela, ne manquent pas (pour tel ou tel raison ou but) de renforcer cette fausse perception des réalités du lambda algérien. Des exemples existent dans la presse, et c'est non seulement dommage, mais contre-productif. Une phrase que feu Houari Boumediene répétait souvent, c'est yad wahda ma tsafek (une seule main ne peut applaudir), et c'est le cas. Le pouvoir en place a fait des tonnes d'erreurs monumentales, compromettantes, mais nous ne sommes pas innocents pour autant. Car si certains des tenants du pouvoir ont réussi à faire ce qu'ils ont fait, c'est que nous les avons laissé faire soit par notre «je-m'en-foutisme», soit par peur, soit par complicité. Donc, la culpabilité est générale et la justice doit être intelligemment équitable, et non pas consacrer l'absolution générale. Nous sommes tous partenaires et responsables dans ce pays qui regorge d'un potentiel extraordinaire. Seulement, il faut que chacun de nous prenne ses responsabilités à l'échelle de ses pensées, ses paroles et ses actes. Des défis nous font face, certes, mais à nous de devenir des défis pour eux, et ça je suis sûr que nous le pouvons, si nous le voulons.
A. S.
(*) Une seule main ne peut applaudir

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