L’Algérie vivait la même situation il y a vingt ans : la Tunisie face à ses nouveaux «afghans»

L’irruption du terrorisme en Algérie, au milieu des années 1980, fut la conséquence directe de la participation de «combattants» arabes aux côtes des Afghans dans leur guerre contre l’ex-Union soviétique. Les Algériens, très influencés par la littérature islamiste importée sans contrôle aucun des autorités de l’époque, furent nombreux à rallier la rébellion dans ce pays de l’Extrême-Orient, jusqu’à faire partie des stratèges et des théoriciens les plus en vue des différentes factions qui affrontaient la puissante armée soviétique. Après le retrait des forces soviétiques, les nombreux Arabes, dont un nombre incalculable d’Algériens, furent forcés de quitter l’Afghanistan et de retourner chez eux, engaillardis par une propagande islamiste redoutable. Dès leur retour, les «afghans» algériens se sont emparés des mosquées dont ils firent leur tribune pour propager la doctrine salafiste qu’ils ont rapportée dans leurs valises. Toute une jeunesse fut alors aspirée par cette nouvelle vague qui intervenait dans un contexte marqué par l’affaiblissement de l’Etat en raison de la crise économique et d’un système politique monolithique en fin de vie. Les événements d’octobre 1988 furent, alors, l’occasion pour ces «combattants» adulés et encensés par une société en quête de repères de récupérer la colère citoyenne et de s’infiltrer subrepticement dans le champ politique, malgré l’interdiction faite par la Constitution de légaliser les partis religieux. Ces «afghans» avaient commencé par adhérer en masse au sein du FIS, avant de se détacher de la politique et de passer à l’action armée. Des attaques terroristes furent commises au début des années 1990. Elles ciblaient les forces de sécurité, non encore rompues à la lutte contre un nouveau fléau dont elles ignoraient à peu près tout. Les «afghans» multipliaient les attentats contre les policiers, les militaires et les gendarmes pour récupérer des armes dans la perspective de la guerre à venir contre les taghout (les «tyrans»). Soutenus au début par une partie de la population, les groupes islamistes armés, éclatés en plusieurs factions rivales, ont commencé à s’en prendre aux civils pour avoir cessé de les soutenir. Il s’ensuivra d’horribles massacres qui finirent par les isoler complètement du reste de la société. Vingt ans plus tard, le conflit syrien a enfanté en Tunisie de nouveaux «afghans» dont le modus operandiest à tout point de vue similaire à celui des groupes islamistes armés algériens. Manipulés par les mêmes officines occidentales, les terroristes tunisiens forment le plus gros des contingents de «djihadistes» – le mot «djihad» dans sa perception contemporaine a été inventé en Afghanistan il y a vingt ans et il est toujours en vogue – enrôlés dans les rangs de Daech en Syrie. Face à cette terrible menace, les autorités tunisiennes font montre du même laxisme que le pouvoir algérien dans les années 1980. Enfin, en Syrie et en Irak, comme en Afghanistan, il y a un quart de siècle, les Américains ont provoqué une guerre et créé une opposition avant de lui substituer des groupes radicaux armés – les taliban, Al-Qaïda puis Daech – pour achever le travail de destruction des pays sur lesquels lorgnent les Etats-Unis dans leur stratégie de domination du monde par la force. La Tunisie n’est ciblée que parce qu’elle partage ses frontières avec les deux plus grands et plus riches pays du Maghreb : l’Algérie et la Libye. En visant la Tunisie, les terroristes et leurs générateurs aspirent à se servir de ce pays comme rampe de lancement dans des actions futures contre notre pays. Pour le moment, l’Algérie tient bon.
Karim B.

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