Appel d’historiens pour la sauvegarde des éditions Bouchène

Un message circule sur la Toile en direction du public de lecteurs, diffusé par Gilbert Meynier – historien de l’Algérie – qui a lancé avec son ami Daniel Rivet – historien du Maroc – une campagne d’information pour venir en aide à l’éditeur Abderrahmane Bouchène, qui se trouve dans un état financier difficile. Il rappelle que cette maison d’édition, fondée à Alger en 1986, a été transférée à Saint Denis (Paris) en 1996, fuyant l’Algérie à cause du terrorisme intégriste qui menaçait les intellectuels, les artistes et tous ceux qui étaient considérés comme impies ou «agents du pouvoir». Dans une lettre diffusée par mail, et dont Algeriepatriotiquea reçu une copie, Gilbert Meynier rappelle ce qu’a apporté l’éditeur Bouchène aux auteurs et aux lecteurs. Il cite les ouvrages édités par «ce professionnel du livre intrépide», comme il le qualifie, «qui a survécu à ce jour à la débâcle emportant tant d’éditeurs spécialisés dans la production et la diffusion d’ouvrages sur l’islam et le monde arabe, et les sociétés du monde musulman et islamo-arabe». Il nous renvoie au site «www.bouchene.com» pour voir «l’étendue de son catalogue» : rubriques de la littérature maghrébine en français, des récits de voyage anciens, des essais en sciences sociales, des ouvrages d’histoire… Il en fait lui-même un premier inventaire : 28 volumes de la collection Intérieurs du Maghreb,dont les Opera minora,en 3 volumes, de Jacques Berque et de remarquables traductions de Cliffford Geertz (Le Souk de Sefrou : sur l’économie de bazar) et d’Ernest Gellner (Saints de l’Atlas) ; 47 volumes dans la bibliothèque d’histoire avec des rééditions de thèses devenues des classiques des études maghrébines (Charles-Robert Ageron, André Nouschi, et al.), mais aussi des livres neufs, troublant le ronron scientifique ambiant (Karima Direche, Chrétiens de Kabylie. 1873-1954), transportant au Maghreb une histoire à la manière des classiques de l’histoire économique des Annales comme Jean Meuvret (Lemouar Merouche, Recherches sur l’Algérie ottomane,2 volumes) ou bien relisant l’événement en Méditerranée par-dessus l’épaule de Braudel (Daniel Nordman, Tempête sur Alger. L’expédition de Charles-Quint en 1541). Gilbert Menyer estime que Bouchène est «le dernier éditeur abordant et proposant un répertoire aussi étendu de livres portant sur le Maghreb». Un autre historien évoque «la détérioration progressive mais inéluctable de l'édition contemporaine» citant l’exemple de «Bouchène, qui montre à la fois son estime et son respect tant pour le lecteur que l'auteur». Comment aider Bouchène en difficulté et contribuer à la sauvegarde de sa maison d’édition ? Gilbert Menyer souhaite que les officines spécialisées à cet effet interviennent. Mais il en appelle aussi à la solidarité des lecteurs, en premier lieu les intellectuels, en les invitant à lui acheter des livres, à parler de Bouchène, en le faisant connaître aux institutions, aux universités et centres de recherche et aux bibliothèques, les pousser à acheter des livres qui ne figurent pas dans leurs catalogues ainsi qu’aux librairies jusqu’à l’aide financière par dons et souscriptions.
H. A.

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