Sellal tacle Ouyahia et ouvre la voie à une «guerre de succession» entre les deux hommes

En commentant la décision du Conseil des ministres de rendre effectif le projet de loi sur la dépénalisation de l'acte de gestion, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a lancé une flèche en direction du directeur de cabinet de la présidence de la République, estimant, lors de son passage à la télévision, que les mesures prises à l’encontre des managers du secteur public étaient manifestement «une grande erreur qui a porté atteinte aux gestionnaires et paralysé l’initiative économique». Ahmed Ouyahia avait, alors qu’il était chef du gouvernement, conduit une opération «mains propres» et l’avait appliquée avec fermeté malgré les critiques et les préjudices subis par les cadres des entreprises publiques, dont la plupart avaient été injustement accusés et emprisonnés. L’allusion à peine voilée à Ouyahia prélude à une «guerre de succession» qui s’annonce rude entre le chef de l’Exécutif et le directeur de cabinet de Bouteflika, notamment après le changement opéré à la tête du RND. La rivalité entre les deux hommes devrait s’exacerber au lendemain des commentaires désapprobateurs de Sellal sur une des décisions les plus controversées qu’ait prises son prédécesseur sous Zeroual, entre 1995 et 1998. «L’accusation d’un gestionnaire sur simple dénonciation anonyme est un épisode révolu», a notamment déclaré Abdelmalek Sellal qui ajoutera, comme pour enfoncer le clou, que le Conseil des ministres «a mis fin à une aberration qui a duré pendant des années». Entre les deux candidats potentiels à la succession d’Abdelaziz Bouteflika, un troisième homme, le secrétaire général du FLN, tente une «intrusion» dans cette joute qui devrait placer un des deux dauphins aux commandes du pays en 2019. Amar Saïdani se sait exclu d’avance de la course à la présidentielle, mais il ne désespère pas de glaner une place de choix dans le futur paysage politique qui se dessine dès à présent. L’après-Bouteflika se joue donc dès maintenant, même si rien n’indique que les tenants du pouvoir actuel songent véritablement à cette échéance, malgré une situation ambiguë induite par une sorte de léthargie au sommet de l’Etat. Une léthargie qui pousse le gouvernement à tenter de créer un semblant d’animation – parfois burlesque – pour donner l’impression que les «choses bougent». Selon les observateurs de la scène politique nationale, les derniers remaniements opérés au sein du gouvernement et dans le corps des walis participent de cette logique. D’ailleurs, des sources proches de la Présidence n’ont pas écarté de nouveaux changements qui devraient avoir lieu à différents niveaux, comme ceux qui ont touché dernièrement plusieurs directeurs d’institutions et d’entreprises publiques importantes. La bataille de 2019 est ainsi enclenchée et il faudra s’attendre à des tirs amis entre les futurs candidats potentiels à la présidence de la République qui, tout en faisant corps avec le Président, se projettent néanmoins dans l’après-quatrième mandat.
Karim Bouali

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