Bahbouha(*), disiez-vous !
Par Houari Achouri – Le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, est sans doute attentif au souci du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, d’éviter d’entretenir dans le pays l’état d’esprit dominé par le pessimisme, voire le défaitisme, qui est distillé, consciemment ou non, par les médias au sein de l’opinion publique. Mais les faits sont têtus et le gouverneur de la Banque d’Algérie qui compte chaque jour les sous qui restent à l’Algérie connaît parfaitement la réalité. Son rôle n’est pas de tromper les Algériens sur la situation financière du pays. Il sait que chacun de nous a son idée, à travers ses propres indicateurs quotidiens, très terre à terre, de ce qu’il reste dans les caisses du pays. Personne n’attend que Laksaci le lui dise. Il y a, également, quasiment un consensus au niveau national sur le fait que le pouvoir dépense l'argent du peuple comme bon lui semble et que les centaines de milliards de dollars déboursés en quinze ans n'ont pas sorti le pays de sa dépendance au pétrole ; au contraire, ils l'ont aggravée. En douze mois (entre juin 2014 et juin 2015), le Fonds de régulation des recettes (FRR) a connu une réduction de 33,3%. Une simple corrélation peut permettre de situer son niveau aujourd’hui et prévoir jusqu’où il descendra à la fin de l’année, rien n’ayant changé sur le marché mondial du pétrole. La balance commerciale est passée en position de déficit, qui se creuse, tout comme la balance des paiements extérieurs, alors que les réserves officielles de change (hors or) se sont «fortement contractées», pour reprendre les termes de Laksaci. Les mots sont pesés, le pouvoir ne veut pas utiliser le terme «austérité» et préfère recourir à l’euphémisme en parlant de «rationalisation des dépenses publiques». On est loin du discours triomphal ponctué de «il n’y a pas de problème de financement» lancé pour n’importe quel projet, malgré les mises en garde d’observateurs qui appelaient justement… à la raison dans les dépenses de l’Etat. La situation financière du pays, créée par l’imprévision combinée à la recherche du prestige, est telle aujourd’hui que le risque de toucher à la «ligne rouge des acquis sociaux», infranchissable jusque-là, est de plus en plus sérieusement envisagé.
H. A.
(*) Faste
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