Conférence de presse d’Ahmed Ouyahia : «Les changements au sein du DRS étaient nécessaires»
S’exprimant tantôt en tant que secrétaire général du RND, tantôt en qualité de directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia prend la défense du gouvernement d’Abdelmalek Sellal qu’il absout de toute responsabilité dans la crise économique que traverse le pays. «Le gouvernement n’est pas responsable de la crise actuelle», a déclaré Ahmed Ouyahia dans une conférence de presse animée au siège du RND, ajoutant qu’il ne pouvait pas être contre le gouvernement dans la mesure où il en fait partie. «Cependant, a-t-il averti, si des mesures ne sont pas prises dès à présent, il n’y aura plus aucun dollar dans les caisses d’ici cinq ou six ans.» Pour étayer son argument, le conférencier donne l’exemple d’autres pays où la situation est autrement plus grave. Il n’a pas exclu «le recours à l’impôt sur la fortune» qui pourrait être intégré dans la loi de finances 2016, tout en appelant à revoir le système de subvention qui ne devrait profiter qu’aux plus nécessiteux. Il avoue à demi-mot que l'Etat craint de revoir sa politique dans ce domaine par peur d'émeutes. Ahmed Ouyahia a, par ailleurs, démenti tout conflit avec le Premier ministre : «Il n’y a aucun problème entre Abdelmalek Sellal et moi», a-t-il insisté. Sur un autre plan, le secrétaire général du RND a assuré que «l’Algérie ne recourra pas à l’endettement puisqu’elle dispose d’une marge de manœuvre suffisante». En parfait défenseur de l’action de l’Exécutif, l’ancien chef de gouvernement tente ainsi de faire taire les rumeurs qui font état de profonds désaccords entre les deux hommes qui lorgnent, dit-on, du côté d’El-Mouradia en 2019, bien qu’Ouyahia ait refusé de répondre à une question sur ses prétentions présidentielles, préférant tourner autour du pot et diluer le sujet dans la langue de bois. Interrogé sur la dernière sortie de l’ancien chef de l’AIS, le terroriste repenti Madani Mezrag, qui a annoncé la création d’un parti politique au lendemain de l’organisation d’une réunion en pleine forêt dans l’ouest du pays, le secrétaire général du RND a révélé que Madani Mezrag tenait des conclaves depuis l’année 2000 et que l’Etat était au courant de ses activités. «L’Etat n’autorisera pas Madani Mezrag à créer un parti», a décrété Ahmed Ouyahia qui sort ainsi de son rôle de secrétaire général du RND et s’exprime en tant que représentant de la présidence de la République. Au sujet de la nouvelle mouture de la Constitution, Ahmed Ouyahia a soutenu que celle-ci n’était pas encore prête, démentant ainsi les informations qui ont fait état d’une présentation prochaine du texte remanié devant le Parlement. Mais le secrétaire général du RND, qui a conduit les discussions pour la révision constitutionnelle, ne dit pas quand la nouvelle version de la Loi fondamentale sera soumise aux députés pour son adoption. Abordant la question des derniers changements opérés au sein des services de sécurité, Ahmed Ouyahia a estimé que ceux-ci étaient «nécessaires», affirmant, au passage, que «le président Bouteflika n’est pas Néron pour vouloir brûler le pays» et dénonçant «la divulgation d’informations sensibles», allusion à l’affaire du général Hassan et au bruit fait autour des remaniements au sein des services de sécurité. Ahmed Ouyahia ne reproche pas aux médias de relayer ces informations, mais pointe du doigt les sources qui les révèlent. S'en prenant vraisemblablement à la présidente du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, qui multiplie les déclarations enflammées contre la puissance de l'argent, il qualifie le syndicat du complexe d’El-Hadjar de «mafia déguisée» et se demande pourquoi «personne n’en parle». A l’ancien chef de gouvernement Mokdad Sifi qui l’accuse d’avoir fait trop de concessions au FMI, il conseille d’«aller consulter les archives» pour voir «à quel point la situation économique du pays nécessitait de recourir à cette solution». Mais il a tenu à rappeler que les «couches défavorisées n’ont pas été lésées» par le programme d’ajustement structurel imposé par cette institution financière internationale. A une question sur les Patriotes, les groupes de légitime défense, le secrétaire général du RND est resté fidèle à son soutien à cette catégorie d’Algériens qui a pris les armes contre le terrorisme dans les années 1990, mais qui se sent délaissée, voire abandonnée par l’Etat depuis la promulgation de la charte pour la réconciliation nationale.
Mohamed El-Ghazi