L’UGTA répond à la Banque mondiale : «Non à l’ingérence !»
L’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) s’est élevée contre les «recommandations» de la Banque mondiale relatives à la politique des subventions en Algérie. La Centrale syndicale, dirigée par Abdelmadjid Sidi-Saïd, dit «refuser toute ingérence dans la gestion des transferts sociaux en Algérie», quel que soit le motif. Dans une déclaration transmise à notre rédaction, l’UGTA estime que le «point de vue» de la Banque mondiale est mal à propos. «Nous demandons aux experts des institutions financières internationales de nous dispenser de certains conseils qui, pour nous, n’apportent aucune plus-value», écrit la plus grande organisation syndicale du pays, tout en estimant que «la question des transferts sociaux, telle que soulevée par la Banque mondiale, les dits commentaires et conseils, ne reflètent nullement aujourd’hui la réalité sociale et sociologique de l’Algérie». L’UGTA précise que «les transferts sociaux font partie d’une culture de l’Etat algérien à l’endroit des catégories démunies, et ces transferts sociaux leur permettent de faire face à la vie quotidienne». «Nous rappelons que le Pacte national économique et social de croissance ratifié par les partenaires de la tripartite en février 2014, consacre les secteurs économiques publics et privés sans aucune dualité, ni distinction, ni discrimination», poursuit-on dans le même communiqué. La Centrale syndicale insiste beaucoup sur l’élément souverainiste de l’Etat et sa liberté d’entrevoir les politiques sociales qui répondent aux besoins et à la nature du tissu social algérien. «Encore une fois, nous souhaitons que les institutions financières internationales ne s’immiscent plus dans les politiques sociales de notre pays», souligne cette organisation syndicale qui siège dans le Bureau international du travail. Dans sa Lettre d’El-Djazaïr, publiée récemment par la représentation installée à Alger, la Banque mondiale a recommandé à l’Algérie de rationaliser ses subventions et autres transferts sociaux directs et indirects. Pour la Banque mondiale, «les subventions, d'inspiration vertueuse dans un contexte de recherche d'équité sociale, se sont avérées, au fil des années, non seulement insoutenables pour les finances publiques, mais dans bien des cas détournées de leur objectif réel, au point de créer des effets pervers pour l'ensemble de la communauté». Cette institution a également considéré que les prix très bas du carburant «ont tué chez les Algériens le réflexe de l'efficacité énergétique et du comportement responsable». Elle a ainsi appelé le gouvernement algérien à «dépolitiser» le prix de l’énergie et à «introduire un échelonnement des produits subventionnés». Ce qu’a déjà commencé à faire le gouvernement dans l’avant-projet de loi de finances pour 2016, dans lequel il est prévu une augmentation des taxes, mais aussi des prix de l’électricité, du gaz et de l’eau. Ainsi, la sortie de l’UGTA ne semble pas uniquement une réponse à la Banque mondiale, mais aussi un message codé destiné au gouvernement algérien quant à une éventuelle tentation de revenir sur sa politique des transferts sociaux, en raison de la baisse des revenus de l’Etat.
Rafik Meddour