Le Trésor américain enquête sur la fourniture de véhicules japonais à Daech : vers un Toyotagate ?

Le constructeur automobile japonais Toyota s’est montré prêt à collaborer avec les enquêteurs américains pour déterminer comment l’organisation terroriste dite Etat Islamique a pu s’offrir des milliers de véhicules tout-terrain de ce numéro un mondial. «Nous sommes prêts à collaborer avec Washington pour découvrir comment Daech a obtenu nos voitures», a affirmé le constructeur japonais dans une déclaration transmise à l’Agence France presse (AFP), affichant son total soutien à l’enquête du département du Trésor américain, qui se penche plus largement sur les chaînes d’approvisionnement internationales et les flux de capitaux et de marchandises au Moyen-Orient. «La maison Toyota se défend et assure qu’elle a une politique stricte qui consiste à ne pas vendre de véhicules à des acheteurs qui pourraient les utiliser ou les modifier à des fins d'activités paramilitaires ou terroristes.» Comment Daech a-t-il pu s’équiper aussi massivement de véhicules tout-terrain de cette marque ? Des véhicules flambant neuf, comme on peut le remarquer sur les nombreuses images et vidéos mises par cette organisation terroriste sur le web. Toyota indique avoir vendu l’année dernière 820 000 véhicules au Moyen-Orient. Une partie de ces véhicules sophistiqués et adaptés pour le désert et les reliefs accidentés se retrouve entre les mains de Daech qui exhibe sa force de nuisance en Irak et en Syrie. Ce constructeur japonais se trouve ainsi au cœur de cette affaire et tente de lever tout soupçon sur lui. Selon la chaîne de télévision américaine ABC News, le département du Trésor des Etats-Unis avait été en contact avec Toyota à ce sujet. Sur les vidéos de propagande de l’Etat islamique en Libye, Syrie et Irak, des terroristes lourdement armés paradaient de manière récurrente dans des pick-up du groupe japonais. Et dans cette affaire, il n’y a pas que ce constructeur automobile qui risque d’être accusé de « complicités ». De nombreux autres produits d’autres industriels sont arrivés en grande quantité chez cette organisation terroriste : des uniformes de différentes armées, des armes de fabrication russe, des médicaments, des moyens de télécommunications des plus modernes, Internet et des téléphones satellitaires qui fonctionnent dans des zones perdues du désert irakien. Les moyens dont dispose cette organisation terroriste étonnent le monde entier et, surtout, aggravent les inquiétudes des pays de la région. Par quel biais a-t-elle pu les obtenir ? Auprès de qui ? L’Administration américaine prétend le découvrir à travers une enquête approfondie sur les véhicules de marque japonaise. Mais si l’on se réfère aux révélations sur la création d’Al-Qaïda, son entraînement et son armement, on pourra donc s’interroger sur le rôle supposé de la CIA, fortement active dans le Moyen-Orient. Loin d’affirmer quoi que ce soit, il est tout de même étrange qu’on trouve beaucoup d’armes de fabrication russe et presque aucune made in USA. On sait qu’Al-Qaïda a été délibérément armée par des marchands d’armes du Golfe au profit de la CIA, en ne fournissant que des armes frappées du sceau de l’URSS pour ne pas lever les soupçons. La création et la propagation rapide de Daech soulèvent plus d’une question. Les moyens matériels dont cette organisation terroriste dispose font penser à des complicités dans certains Etats. Lesquels ? On le saura avec le temps.
Rafik Meddour

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