Mouloud Hamrouche : «Le départ de personnes n’a jamais changé la nature du système»

Mouloud Hamrouche ne se fait pas d’illusions. L’Algérie est dans l’impasse. Les derniers changements opérés de manière massive, ces derniers mois, et qui ont touché à la fois les entreprises, le gouvernement et l’Armée, ne sont pas de nature à changer la nature fermée du système. Intervenant aujourd’hui au forum du journal arabophone El-Hiwar, l’ancien Premier ministre se montre pessimiste quant à l’issue de la crise politico-économique actuelle. «L’histoire nous a montré que le changement de personnes sert beaucoup plus le maintien du système que son changement», a-t-il assené, comme pour dire que l’idée du passage de l’Algérie d’un Etat sécuritaire à un «Etat civil» dont parlent les dirigeants actuels n’est qu’une chimère. Mouloud Hamrouche, qui a conduit les réformes engagées au début des années 1990 (multipartisme et ouverture de la presse écrite à l’investissement privé), se base ainsi sur les expériences passées pour affirmer que le système politique a de nouveau raté une opportunité de se réformer. Ce qui se passe actuellement, selon lui, prouve que le système se bat pour son maintien. «Les luttes au sein du sérail, qui s’illustrent par des changements de personnes, démontrent à quel point ceux qui tiennent le pouvoir sont prêts à aller pour y rester et préserver ce système politique qui est en marche depuis l’indépendance», a-t-il expliqué, estimant que le pouvoir n’affiche aucune volonté de changement. Et il met en garde contre le maintien du statu quo qui aura, selon lui, de graves conséquences sur le pays. «Le maintien du statu quo a chèrement coûté à l’Algérie par le passé. Et aujourd’hui encore, on veut refaire la même chose malgré les graves dangers qui guettent notre pays, la pérennité de l’Etat et l’unité nationale», a-t-il prévenu, affirmant qu’en plus de la crise politique le pays plonge dans une crise catastrophique, sociale et économique. Pour Mouloud Hamrouche, l’Algérie est, une nouvelle fois, passée à côté d’une grande occasion de changement qui lui aurait permis de consolider son indépendance, fortifier sa cohésion nationale et donner un coup de starter à son développement économique. C’est occasion a été ratée, a-t-il regretté, non sans exprimer des inquiétudes quant à l’avenir de l’Algérie est qui d’ores et déjà «plombé». L’ancien Premier ministre considère que la seule voie de salut pour l’Algérie est d’aller vers des changements profonds et transparents pour réunifier toutes les forces vives de la nation. Il appelle à une «nouvelle dynamique économique et sociale» dont le but est d’avancer dans la solidarité, et sans exclusion aucune.
Rafik Meddour

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