Une gifle à la Cour pénale internationale : l’Algérie invite le président soudanais Omar El-Bachir

Le président soudanais, Omar Hassan El-Bachir, effectuera à partir de dimanche une visite d'Etat de trois jours en Algérie, à l'invitation du président de Bouteflika, indique, samedi, un communiqué de la Présidence de la République. C’est le premier déplacement du chef de l’Etat soudanais en Algérie, et c’est sa deuxième sortie du territoire de son pays depuis le lancement du mandat d’arrêt contre lui par la Cour pénale internationale (CPI), en 2009. Le 15 juin dernier, il a failli être arrêté en Afrique du Sud où il avait assisté à un sommet de l’Union africaine. Dès son arrivée à Johannesburg, la CPI n’a pas cessé de faire pression sur Pretoria pour qu’elle prenne, comme l’y oblige son statut de membre de la CPI, les mesures nécessaires à son arrestation. Un tribunal sud-africain avait dans un premier temps décidé de son interdiction de sortie du territoire en attendant que la justice se prononce formellement sur l’injonction de la CPI. Mais le chef d’Etat soudanais a réussi à s’échapper et à quitter le territoire sud-africain. En Algérie, néanmoins, Omar El-Bachir ne risque absolument rien puisque l’Algérie n’est soumise à aucune obligation de la CPI, pour la simple raison qu’elle n’en est pas membre. Plus qu’un défi, l’Algérie démontre encore une fois, à travers cette invitation hautement symbolique, son soutien aux pays victimes de la politique d’isolement, comme ce fut le cas de la Libye et de la Syrie, sans zèle et loin de tout tapage médiatique. Ainsi, la diplomatie algérienne aura marqué un point, en prouvant d’abord son indépendance et renoue son attachement à l’esprit du tiers-mondisme et du non-alignement. Par ailleurs, ce déplacement en Algérie aidera certainement l’homme fort de Khartoum à mieux s’imprégner des nouvelles réalités de la région pour mieux appréhender les conflits auxquels son pays est confronté. Accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité au Darfour, le président du Soudan n’a pas voulu se plier à la volonté des puissances occidentales, mais a fini, en 2011, par accepter un projet de partition du pays qui privera le Soudan de son statut de plus grand pays d’Afrique. Aujourd’hui, El-Bachir mène de nouvelles négociations avec les rebelles pour parvenir à un accord de paix. Ce samedi même, il a encore exhorté les représentants de la rébellion à cesser de boycotter le dialogue en échange d’un cessez-le-feu dans les zones de conflit, notamment au Drafour et dans la région du Nil Bleu.
R. Mahmoudi

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