Des signataires de la demande d’audience pourraient être reçus par le président Bouteflika

Selon des sources généralement bien informées et proches du cercle présidentiel, le président de la République pourrait recevoir à Zéralda quelques-uns des dix-neuf signataires de la lettre de demande d’audience qui a soulevé un tollé général, en dépit du très peu d’impact qu’une telle action pourrait exercer sur l’opinion. Au moment où de nombreux observateurs s’interrogent sur les raisons de la réaction effarouchée des partis au pouvoir, le FLN et le RND, et de certains médias, qui ont dressé des barricades devant les auteurs de la demande d’audience au chef de l’Etat, nos sources indiquent que Bouteflika ne verrait pas d’inconvénient à recevoir trois ou quatre personnes parmi les signataires de la lettre. Mais, expliquent ces sources, les participants à la démarche qui ont occupé des fonctions politiques par le passé ne figureront pas parmi les «invités du Président». Sont exclus de fait, donc, les anciennes ministres Khalida Toumi et Fatiha Mentouri, l’ancienne sénatrice Zohra Drif, ainsi que les anciens moudjahidine et les militants des droits de l’Homme. Le président Bouteflika voudrait, ainsi, montrer sa désapprobation de cette lettre signée par des responsables politiques qu’il avait désignés lui-même et qui jouissaient d’une certaine «protection» jusqu’à sa maladie qui l’a poussé à déléguer certaines de ses prérogatives à des membres de son entourage direct, dont celle de choisir les membres du gouvernement. Il en irait de même pour les anciens moudjahidine et les responsables des ligues des droits de l’Homme, apprend-on. Quant à Louisa Hanoune, le «non» sec et sonnant du Président lui est parvenu directement par le biais de son directeur de cabinet, Ahmed Ouyahia. Bouteflika estimerait, en effet, que ceux-ci disposant de canaux de communication ou ayant déjà eu le privilège de faire entendre leur voix de par les fonctions qu’ils ont exercées au sein du pouvoir ou à travers leurs organisations respectives, accepter leur demande équivaudrait à légitimer leur action. Or, une telle démarche créerait une onde de choc sur la scène politique nationale qui desservirait le travail des partis du pouvoir, qui s’affairent déjà en coulisse pour mener les tractations en prévision des prochaines échéances électorales. En excluant ces trois catégories de signataires, Bouteflika aura ainsi répondu positivement à la demande de ceux qui, moins connus, seraient perçus comme des «émissaires» représentant le citoyen lambda qui aurait le droit d’obtenir des réponses directes aux interrogations inquiètes de l’opinion publique sur la capacité physique et mentale du chef de l’Etat à remplir sa mission convenablement et à s’assurer qu’il est réellement derrière les décisions importantes qui ont été prises ces derniers mois. Notamment celles ayant touché à l’armée et aux services de sécurité. En agissant ainsi, Bouteflika aura fait d’une pierre deux coups : écarter les prétendants au retour aux affaires qui pourraient parasiter la mission confiée à ses lieutenants, et montrer une volonté d’être à l’écoute de la rue.
Karim Bouali

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