De Roosevelt et Staline à Obama et Poutine

Par Mohamed Benallal – «Les philosophes jusqu’à présent n’ont fait qu’interpréter le monde, il s’agit maintenant de le transformer» K. Marx.

Par Mohamed Benallal – «Les philosophes jusqu’à présent n’ont fait qu’interpréter le monde, il s’agit maintenant de le transformer» K. Marx.
Juste après la Seconde Guerre mondiale, les deux superpuissances, Etats-Unis et URSS, se partageaient, selon leur appétit, le «gâteau monde» en zones géographiques «d’influence», en des régimes communistes et des régimes capitalistes avec des superstructures militaires (Otan, Pacte de Varsovie) et économiques (FMI-Comecon). Wilson avait échoué après la Première Guerre mondiale dans la mise en place de la Société des Nations, par contre, Roosevelt a réussi son dossier de Yalta, celui de la future Organisation des Nations unies. La conférence de San Francisco a enfanté l’ONU. Les déclarations de Roosevelt et Staline montrent les principes censés permettre l’établissement d’un ordre mondial régi par le droit. Les Etats-Unis et l’Union soviétique ont cependant chacun de son côté tenté de se surpasser en faisant fi du droit, en premier lieu par la course aux armements nucléaires et l’équilibre de la terreur. De là, la période de tensions et de confrontations idéologique, économique et politique se manifestait sous la forme de guerre froide où la paix était devenue impossible, la guerre improbable et le droit infaisable, une confrontation qui proscrit carrément l’affrontement armé direct entre les deux «grands» blocs. La guerre froide prendra alors toutes les formes qui puissent exister : affrontements, espionnage et actions secrètes, compétition technologique dans le domaine de la conquête de l’espace et même au niveau sportif. Des conflits ont éclaté, la guerre en Corée, en Indochine (Viêt Nam), ou en Afghanistan, mais sans que jamais les armées de l’URSS et des Etats-Unis s’affrontent directement. Un monde bipolaire où les belligérants évitaient l’affrontement direct. Les pays de Nehru (Inde), de Nasser (Egypte), de Tito (Yougoslavie) ont institué le Mouvement des non-alignés, proclamant leur neutralité et essayant en même temps de jouer sur la rivalité entre les deux blocs antagonistes pour obtenir des concessions. La décolonisation a fourni à l’URSS et à la Chine populaire de multiples occasions d’accroître leur influence aux dépens des anciennes puissances coloniales. La guerre froide a débuté en 1947 et pris fin en 1990, année de la chute des régimes communistes de l’Europe, suivie en 1991 de l’implosion de l’URSS et de la dissolution du Pacte de Varsovie. La suprématie politique, idéologique, économique et culturelle de l’Amérique a permis facilement de faire le ménage via des guerres directes (Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Soudan, Syrie, Yémen…). C’est ainsi que des guerres idéologiques furent planifiées et exécutées. Daech, Al-Nosra, Boko Haram et d’autres groupuscules religieux ainsi que des nazis de Kiev en Ukraine sont intentionnellement créés par les Etats-Unis pour servir d’appât, avec la collaboration humaine et financière de certains services locaux pour discréditer l’ennemi que nous sommes, tout en nous poussant à nous entre-tuer dans le cadre d’une guerre ou d’un printemps arabe par procuration faisant suite à une lutte idéologique par procuration orchestrée par des chercheurs de richesses et de vendeurs d’armes, ennemis de la liberté.
Aujourd’hui, les Etats-Unis, cette grande machine qui semble nous dominer voire nous opprimer ou nous broyer par sa puissance, monopolisent ce centre de décision universel, et ce, depuis 1991. Actuellement, sa suprématie est peut-être en train d’être remise en question, car la géopolitique nous amène à penser que le monde se dirige vers un monde multipolaire. La récession économique, la financiarisation, la monétarisation et la globalisation ont affaibli la force de frappe des Etats-Unis. Il s’agit de voir ce monde du point de vue économique et puis politique, car ne dit-on pas que l’économie détermine le politique. La multiplication des points de vue, la transformation de la structure économique entraînent forcément une multipolarité dans l’esprit, ce qui forcera à changer ce monde. L’exemple le plus pertinent sur la suprématie s’inscrit à partir de l’instrument que sont les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Elles permettent de travestir la réalité des faits, puisque la persévérance de l’empire américain repose essentiellement sur le monopole sur ces technologies. Un proche de G.W. Bush disait : «Les Etats-Unis, qui sont une véritable machine broyeuse (influence-domination-suprématie) et non une civilisation (culture), agissent en créant leur propre réalité à travers le monde. Ce monde doit forcément étudier, cette réalité sainement comme bon lui semble et en toute liberté surveillée. Cette liberté sera aussi une base nouvelle pour créer une nouvelle réalité et ainsi de suite. C’est de la sorte que les choses vont et le monde est guidé de la façon que les Etats-Unis veulent, car l’Amérique est devenue l’acteur de l’histoire contemporaine.» Cette domination se manifeste par l’outil qu’est le dollar. Des contradictions financières, monétaires, économiques et politiques ont conduit le président Richard Nixon à décider, le 15 août 1971, de suspendre la convertibilité en or du dollar. Cette situation a permis aux Etats-Unis de financer toutes les mesures économiques afin d’étendre leur influence et sauvegarder leur domination unipolaire, par l’intervention dans les révolutions colorées et les opérations de diversion, et mettre leur main sur les pétrodollars de la pétrocratie. Un deuxième outil est mis en branle : la gigantesque machine de propagande, une façon de penser, de s’exprimer, de manger et boire, de voir, de marcher, de s’habiller… Un mode de vie américain exportable (American way of life). L’American way of life est une expression désignant une éthique nationale américaine : la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Elle peut aussi bien se référer plus généralement au mode de vie du peuple américain. Le sens de l’expression est souvent associé au rêve américain et à la notion de l’«exceptionnalisme américain», conviction que la nation américaine a un destin unique et à part des autres nations du monde. Cette manière empirique permet de conditionner l’intellection des faits physiques que nous subissons par une force magnétisante, la sacralisation des symboles fabriqués par les Etats-Unis pour nous forcer d’adhérer et y croire et défendre le rêve virtuel américain en tant que système d’abord. Ce pays a la mainmise (sérum financier) sur tous les médias, qu’ils soient privés ou publics, à travers tous les pays de la planète terre. Beaucoup de journalistes occidentaux ont avoué leur appartenance à la CIA et sont utilisés pour la manipulation de l’information. Ce qui est blanc est transformé en noir et vice versa. Voir comment les médias américains (CNN) européens et arabes (Al-Jazeera, Al-Arabiya) ont déformé la réalité pour diaboliser et mettre à genoux l’Irak, la Syrie, la Libye, l’Ukraine. Ce monopole de l’information détenu par les Etats-Unis fait la différence. Par conséquent, pour établir un monde multipolaire, il faudrait avoir des moyens efficaces pour rivaliser avec ces gigantesques outils que les Etats-Unis détiennent et qui font leur force. Il est nécessaire dans ce cas de mettre la main sur le contrôle de l’outil d’échange de biens et services, le dollar, et le détrôner. Le dollar ne doit plus être utilisé comme monnaie unique d’échange dans le commerce international. Le BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine et Afrique du Sud) est en train de constituer un bloc à part, sa richesse commence à concurrencer celle des Etats-Unis. La Russie et l’Inde examinent déjà les moyens susceptibles de supprimer le dollar des transactions bilatérales. Avec la Chine, l’Iran, le Brésil, le Venezuela et l’Afrique du Sud, cet ensemble représente plus de 50% de la population de la planète. Les médias de ces pays devraient produire une information réelle et captivante qui ne soit pas alignée sur celle des Etats-Unis. La Syrie, cet autre champ de bataille, est en train de faire renaître l’histoire de Yalta, la Russie n’est plus l’URSS, mais un nouveau pays qui se consolide économiquement, mais aussi militairement. Tout cela détruira forcément cet empire et changera le mode de vie et les rapports de société dans un monde plus juste, plus équitable et moins contraignant où la chasse à l’ignorance, à la pauvreté et à l’injustice serait le leitmotiv des humains.
M. B.

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