Dr Bekkat Berkani : «6 000 médecins sont partis en France»

Le secteur de la santé subit une véritable saignée. Le président de l’Ordre national des médecins, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, a lancé une alerte lors de son passage, aujourd’hui lundi, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, en qualifiant l’exode de médecins vers l’étranger d’une «véritable hémorragie» qu’il faut impérativement stopper pour le bien de l’Algérie. L’Algérie a perdu au minimum 6 000 médecins hautement qualifiés et expérimentés ces dernières années qui sont partis en France. Sans compter ceux qui ont choisi d’autres destinations comme le Canada, la Grande-Bretagne ou encore le Moyen-Orient. « Il y a quelque part une désespérance qu’il faut rétablir vis-à-vis des carrières et des moyens. Vous avez de jeunes médecins qui partent pour bien entendu de meilleures situations non pas en rétributions, mais plutôt sur le plan de la carrière professionnelle. Ils partent pour exercer dans les meilleures conditions un métier pour lequel ils ont été préparés», a-t-il souligné. Pour le Dr Berkani, le plus inquiétant est que ceux qui sont encore là ne rêvent que de partir. «Il s’agit d’un constat qu’on doit assumer. Il est inutile de rêver de pouvoir ramener ces jeunes, mais il faut au moins essayer de sauver l’essentiel. La médecine n’est pas du génie nucléaire. Ce sont des pratiques qu’on apprend très bien dans son pays», a-t-il enchaîné, invitant les pouvoirs publics à s’inspirer des pays voisins qui ont su garder «leur intelligentsia médicale» en leur assurant des conditions de travail «tout à fait optimales». Le président de l’Ordre des médecins demande à ce que la situation de la médecine en Algérie soit normalisée. Il appelle à faire confiance aux jeunes. «Nous formons à coups de millions de dinars des médecins qui parlent à l’étranger pour faire le bonheur de services médicaux des pays d’accueil», a-t-il soutenu, qualifiant cette saignée de dommageable pour l’Algérie. Ceux qui parlent, selon lui, ce sont de jeunes médecins qui cherchent à évoluer et à suivre l’évolution de la médecine. «Ils estiment qu’ils peuvent s’épanouir en étant à l’étranger qu’en Algérie», a-t-il insisté, relevant les manques dont se plaignent les médecins à savoir les moyens matériels et pédagogiques… Pour faire avancer le secteur et protéger la ressource humaine très demandée à l’étranger, M. Bekkat Berkani appelle à un redéploiement du système de santé aux plans préventif et curatif, en intégrant pleinement ceux chargés de le piloter quotidiennement. Selon lui, il faut également revoir la loi sanitaire afin d’«améliorer ce qui est améliorable». Il estime que toute réforme doit commencer par un simple questionnement : est-ce que le malade est satisfait de la prise en charge et du suivi ? «C’est là la question fondamentale qui doit se poser à tous les intervenants de ce secteur sensible», a-t-il ajouté. Et le président de l’Ordre des médecins a déjà la réponse : «Les citoyens sont peu ou pas du tout satisfaits de cette situation, et cela en raison notamment des moyens qui manquent, des esprits, mais également de la qualité d’accueil et de prise en charge des malades». «C’est un problème qui relève de la responsabilité et de la bonne moralité des personnels de santé, qu’il s’agit, désormais, de revoir de fond en comble par le biais du dialogue et de la concertation», a-t-il appelé.
Ahmed Bensalem

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