Saïd Sadi à Berbère TV : «Le démantèlement du DRS ne signifie pas la disparition de la police politique»

Lors de sa dernière sortie médiatique jeudi soir sur Berbère TV, l'ancien président du RCD, Saïd Sadi, a largement commenté les événements qui agitent la scène politique nationale. Si le gros de l’émission a été consacré à ses recherches en histoire, Saïd Sadi n'a pas manqué de livrer son analyse sur la situation politique qu'il juge «plus que jamais inquiétante». Il craint ainsi que l'impasse politique actuelle provoque l'irréparable. Saïd Sadi considère que si le pouvoir continue à tourner le dos à l'opposition, cela conduirait à la catastrophe. Car un jour, les populations qui ont en marre de cette situation finiraient par occuper la rue. Pour lui, le pays est divisé. «Je crains que le désordre s'installe et que l'idéologie radicale véhiculée actuellement par Daech trouve place dans l'esprit des opprimés», a dit Saïd Sadi qui conseille tout simplement le pouvoir en place d'écouter les forces de l'opposition, afin d'arriver à une sortie de crise sans dégâts. Saïd Sadi a évoqué la «guerre des clans» qui transparaît à travers «les derniers développements survenus au sommet de l'Etat». Pour lui, il s'agit plutôt d'«une guerre entre deux hommes, le général de corps d'armée Toufik et le président Abdelaziz Bouteflika». Deux hommes que Saïd Sadi présente comme des «amis» qui «ont beaucoup de points en commun». Il s'agit, selon lui, d'une guerre pour la préservation des intérêts du premier carré du Président. Pour Saïd Sadi, la restructuration du DRS qui a abouti à la mise à la retraite du général Toufik ne signifie donc pas «la disparition de la police politique». Il affirme avoir bien connu Bouteflika pour ne pas «croire au père Noël». «S'il a démantelé le DRS, ce n'est assurément pas pour instaurer la démocratie en Algérie», a estimé le fondateur du RCD, selon lequel la lettre du général Toufik relative à la condamnation du général Hassan «a été maladroite» en ce sens qu'elle parlait d'un seul homme, «alors qu'il fallait qu'il parle de tout le monde». Saïd Sadi s'est montré également critique vis-à-vis de la démarche du «groupe des 19» visant à rencontrer le président de la République. Pour lui, on ne peut pas dédouaner le chef de l'Etat de ce qui se passe sous le motif qu'on lui aurait caché des choses. «Il ne peut pas y avoir un bon Pacha et de mauvais conseillers», a-t-il soutenu. Mais ce n'est pas uniquement ce point-là qui pousse Saïd Sadi à critiquer cette démarche. Il y a aussi cette «inflation d'initiatives» de la part de l'opposition qui éparpille, selon lui, les forces au lieu de les unifier. Il estime que le pouvoir «joue réellement sa survie». La question de la succession se pose avec acuité. Mais pour cet ex-premier responsable du RCD, le frère cadet du Président ne peut pas prendre le «trône». Le pouvoir ne peut pas être transmis héréditairement, estime-t-il, arguant que la sociologie des Algériens n'est pas de nature à accepter une telle chose. Il considère que le pouvoir travaille actuellement sur plusieurs hypothèses de succession.
Sonia Baker

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