Le Brent sous la barre des 35 dollars : l’Algérie dans le rouge

Les prix du pétrole poursuivent leur dégringolade en passant, aujourd’hui mercredi, sous la barre des 35 dollars. Une baisse jamais enregistrée depuis juillet 2004. Ce matin, à Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février est tombé à 34,83 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. «Un dollar américain plus fort, des inquiétudes concernant la demande et l’offre abondante pèsent lourdement sur les prix (du pétrole)», ont expliqué les analystes de Commerzbank. Et rien ne semble arrêter cette tendance baissière. Même les vives tensions entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, deux pays exportateurs de pétrole, n’ont pas arrêté la chute libre de l’or noir, dans un marché international déprimé où l’offre est plus qu’abondante. Au contraire, le conflit entre l’Iran et l’Arabie Saoudite semble jouer en défaveur de ceux, comme l’Algérie, cherchent à faire remonter les prix du pétrole. Selon les spécialistes de Commerzbank, la majorité des acteurs du marché considèrent que les tensions entre l’Arabie Saoudite et l'Iran comme «négatives» pour les prix du pétrole en ce sens qu’«elles rendent improbables tout accord au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour une action concertée afin de réduire les excédents pesant sur les cours». Ainsi, le déclin des cours du brut, qui ont chuté de plus de 30% en 2015, s’accentue en ce début de 2016. La raison principale reste le refus de l’Arabie Saoudite de toute réduction des quotas des membres de l’Opep dont la production se situe actuellement aux alentours de 32 millions de barils par jour. L’Arabie Saoudite représente à elle seule plus d’un tiers de la production globale des pays de l’Opep. L’augmentation continue du volume des réserves américaines accentue également cette tendance baissière qui s’inscrit dans la durée, puisque les spécialistes ne prévoient pas une remontée des prix avant 2020. Selon le directeur général de British Petroleum (BP), Bob Dudley, les prix du pétrole risquent de poursuivre leur chute jusqu’à atteindre leur plus bas niveau lors du premier trimestre 2016 et resteront à de faibles niveaux pendant deux ans, au minimum. «Le plus bas niveau pourrait être atteint au premier trimestre», a-t-il ajouté, accentuant ainsi l’inquiétude des pays exportateurs du pétrole comme l’Algérie qui risque d’être contrainte de revoir sa loi de finances pour 2016, élaborée sur la base d’un baril de pétrole à 37 dollars. Dans une interview accordée à la BBC, le premier responsable de BP affirme que «les prix vont rester bas plus longtemps, nous l’avons déjà dit, et je crois que nous en avons pour deux ans». Il s’agit d’un cycle qui ne va se terminer qu’aux environs de 2020. Ce qui va assurément accentuer la crise financière de l’Algérie, qui a déjà perdu plus de deux tiers de ses capacités financières. Le baril du pétrole a perdu 70% de sa valeur depuis 2014. Il y a deux semaines, le baril de Brent de la mer du Nord, échangé à Londres, est tombé à 36,04 dollars, soit son niveau le plus faible depuis juillet 2004, alors que la référence américaine, le WTI new-yorkais, a chuté à son plus bas depuis février 2009 à 33,98 dollars. Et selon certains spécialistes, le prix du pétrole pourrait descendre jusqu’à 20 dollars d’ici la fin de l’année. L’année 2016 s’annonce ainsi très mauvaise pour le marché pétrolier. Et l’Algérie dont les revenus sont exclusivement générés par les exportations des hydrocarbures risque de se diriger vers une crise économique qui pourrait être plus grave que celle vécue durant les années 90.
Sonia Baker
 

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.