Tirs groupés contre l’ancien ministre de la Défense ou pourquoi Betchine s’acharne contre Nezzar

C’est à une véritable levée de boucliers que s’est exposé l’ancien ministre de la Défense nationale en ayant décidé de «remettre les pendules à l’heure» s’agissant de deux questions qui font polémique depuis près de vingt-cinq ans. Si les membres de la famille de l’ancien président de la République, Chadli Bendjedid, confirment en chœur ce que le général Nezzar ne cesse de répéter depuis janvier 1992, les intervenants sur la question liée au défunt Hocine Aït Ahmed convergent, eux, vers ce qui semble être un «tir groupé» contre l’ancien membre du HCE. Ceux qui persistent à vouloir faire croire que le président Chadli a été poussé vers la porte de sortie laissent entendre que ce dernier était malléable à merci, portant ainsi atteinte à son passé révolutionnaire. Alléguer que l’ancien chef militaire de la Base de l’Est aurait été bouté hors du palais d’El-Mouradia avec autant de facilité serait réduire sa position de chef de l’Etat à une simple figuration. Son épouse, son frère et le général Khaled Nezzar, qui fut son adjoint durant la guerre de libération, savent, pourtant, que Chadli Bendjedid n’est pas du genre à se laisser malmener. En voulant imputer à l’ancien ministre de la Défense nationale la responsabilité du départ de Chadli Bendjedid au lendemain du premier tour des législatives de 1991, les partisans du «coup d’Etat» ont surtout provoqué la colère de ses proches qui récusent cette thèse insultante à l’égard de celui qui dirigea le pays durant quatorze ans et qui survécut aux terribles événements d’octobre 1988. Quant à l’affaire de la proposition du poste de président de la République à Hocine Aït Ahmed, à la même période, les contestataires des affirmations de Khaled Nezzar se comptent sur les doigts d’une main. Et pour cause. Toute la polémique est partie d’un extrait d’un film documentaire montrant Ali Haroun, ministre des droits de l’Homme à l’époque des faits, affirmant que «Nezzar a dit à Aït Ahmed : "Venez prendre la présidence !"» Les propos de l’ancien responsable de la Fédération de France semblent émaner d’une fausse interprétation de la démarche envisagée par l’ancien ministre de la Défense, qui explique avoir invité tous les responsables politiques de l’époque à participer à une période de transition de six mois pour rétablir le processus électoral dans des délais aussi brefs que possible. La sortie de l’ancien patron de la Direction générale de la prévention et de la sécurité (DGPS), ancêtre de l’actuel DRS, qui a accusé son ancien chef de «mentir» au sujet de ses contacts avec le fondateur du FFS, était prévisible. En effet, Mohamed Betchine tient rigueur au général Khaled Nezzar pour avoir dénoncé la pratique de la torture lors des événements d’octobre 1988, dans un livre sur cet épisode sanglant de l’histoire récente de l’Algérie. Mohamed Betchine avait transformé une caserne située à Sidi-Fredj en une sorte de «villa Susini» où furent commises les pires atrocités à l’encontre de manifestants arrêtés par ses services. L’ancien conseiller politique du président Liamine Zeroual en veut également au général Khaled Nezzar pour son opposition farouche à la manière avec laquelle étaient gérées les affaires de l’Etat sous Zeroual, dominées entièrement par son conseiller Mohamed Betchine, au point que ce dernier était considéré comme le véritable chef de l’Etat. Une campagne médiatique sans précédent, à travers laquelle ses frasques étaient mises à nu quotidiennement, avait fini par pousser le président Zeroual vers la porte de sortie. Mohamed Betchine attendait le général Nezzar au tournant. Il a sans doute estimé que l’occasion était propice pour riposter à travers un journal et une télévision dédiés à l'invective et au dénigrement. Mais son «témoignage» est un coup d’épée dans l’eau.
Karim Bouali
 

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