L’ambassade des Etats-Unis à Alger critique la présidence à vie en faisant allusion à Bouteflika

L’ambassade des Etats-Unis à Alger a publié un texte non signé, dans lequel est mise en avant l’importunité de la présidence à vie qui nuit à la démocratie. «Président à vie, un titre qui sonne bien pour certains. Mais pour la plupart d’entre nous, la limitation du nombre de mandats est une bonne chose : on y voit un garde-fou contre un pouvoir effréné», lit-on dans ce texte écrit ou – en tout cas – assumé par la représentation diplomatique américaine en Algérie. Washington ne s’est pas immiscé, ces dernières années, dans la politique intérieure du pays, contrairement aux années 1990 où le conseiller politique de l’ambassadeur, Robert Ford, multipliait les rencontres secrètes avec les chefs des groupes terroristes armés et les responsables politiques islamistes. Le texte «anonyme» de l’ambassade américaine à Alger souligne qu’«aux Etats-Unis, depuis 1951, les présidents ne peuvent plus briguer de troisième mandat. Même avant cela, la plupart d’entre eux suivaient l’exemple de George Washington et ne cherchaient pas à rester à la Maison-Blanche plus de huit ans». L’auteur prend aussi l’exemple de Nelson Mandela qui, «en Afrique du Sud, fidèle à sa parole, n’avait pas sollicité le renouvellement de son mandat à la tête de son pays», rappelant au passage que «les pressions du public n’y avaient rien changé». Dans ce qui semble être une flèche lancée en direction du locataire du palais d’El-Mouradia depuis dix-sept ans, l’ambassade des Etats-Unis à Alger estime que «si les électeurs veulent reconduire dans ses fonctions le dirigeant au pouvoir, quitte à modifier la Constitution, la limitation des mandats [ne va pas] à l’encontre de la volonté du peuple, comme on l’entend dire parfois». «En fait, lit-on encore dans le texte publié sur le site de l’ambassade des Etats-Unis en Algérie, l’histoire prouve que la limitation des mandats renforce à long terme les institutions démocratiques» et «contribue à la passation pacifique du pouvoir». Le texte énumère les avantages de la limitation des mandats, au premier rang desquels l’atténuation du risque de voir les candidats sortants «utiliser les institutions de l’Etat pour manipuler les élections, affaiblir l’autorité des autres pouvoirs du gouvernement et marginaliser leurs adversaires politiques». «Les dirigeants se sentent davantage obligés de produire des résultats pour laisser un héritage positif à leur successeur», note encore le texte qui précise que «personne ne devient indispensable, quel que soit son pouvoir ou sa popularité» et que «les transitions politiques se produisant à des intervalles réguliers et prévisibles, les partis rivaux n’ont pas vraiment de raison de recourir aux coups d’Etat ni à des moyens détournés pour renverser le système». Pour l’ambassade des Etats-Unis à Alger, «la nécessité de renouveler le leadership encourage la montée d’une autre génération de dirigeants politiques, l’apport de sang neuf et la possibilité de changements de politiques». «Cela peut sembler paradoxal, mais, en empêchant un président populaire de rester à son poste, la limitation des mandats favorise une saine compétition entre les candidats. Rien de tel pour renforcer les institutions et le processus démocratiques», conclut l’auteur de la réflexion publiée par l’ambassade des Etats-Unis à Alger, dont il n’est pas exclu qu’elle ait été rédigée par l’ambassadrice en personne.
Karim Bouali

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