Exclusif – Maître Khadija Aoudia : «Les Français comprennent mieux le terrorisme»

Algeriepatriotique : La justice française vient de prononcer un non-lieu dans l’affaire des deux Patriotes algériens accusés à tort de torture. Quel commentaire faites-vous de ce verdict ?
Me Khadija Aoudia : Les hauts magistrats de la cour d’appel de Nîmes n’ont fait qu’appliquer le droit. Les frères Mohamed devaient bénéficier d’un procès équitable. Je déplore que Madame la procureure de la République et Madame la juge d’instruction se soient laissé instrumentaliser par les plaignants.
Quels ont été les complices algériens dans cette cabale contre les deux accusés ?
D’anciens sympathisants et membres du FIS et du GIA.
Quel était leur but ?
Leurs objectifs étaient d’obtenir une décision qui fasse jurisprudence et qui aurait permis de poursuivre et de condamner d’anciens militaires et membres des groupes de légitime défense (GLD) algériens résidant en Europe.
Qui les manipule en France et en Algérie ?
J’ignore précisément les véritables auteurs de cette manipulation politique. Il convient de s’interroger à qui aurait profité une telle condamnation…
Les avocats Patrick Baudouin et William Bourdon s’acharnent contre tous ceux qui ont combattu le terrorisme en Algérie. Qu’est-ce qui les motive, selon vous ?
Je ne suis pas en capacité de sonder le psychisme de quiconque pour déterminer leurs motivations. Je ne peux donc répondre précisément à votre question.
Peut-on considérer cette défaite des zélateurs du «qui tue qui» dans ce procès comme la fin de la longue campagne mensongère contre ceux qui ont affronté les groupes islamistes armés en Algérie ?
Je crains naturellement que cette défaite ne les dissuade. Ils continueront à œuvrer tendancieusement. La seule satisfaction sera de constater que sur un plan judiciaire, ils n’auront plus aucune crédibilité.
Le contexte actuel marqué par les attentats terroristes en France a-t-il eu un impact sur le verdict ?
Le verdict aurait été identique même si le contexte était différent. Le dossier était vide d’éléments de preuve caractérisant la matérialité de l’infraction.
Le président français parle d’éradiquer le terrorisme. Lorsque ce mot avait été prononcé en Algérie, cela avait été qualifié d’«atteinte aux droits de l’Homme». Comment expliquez-vous ce deux poids, deux mesures ?
L’Etat français est aujourd’hui plus sensibilisé par le terrorisme, parce qu’il en a été victime et la gestation est à l’intérieur de l’Hexagone. Les Français comprennent mieux ce fléau. Auparavant, les citoyens français étaient dans l’ignorance de ce phénomène et ils ne pouvaient donc appréhender le terrorisme tel qu’il est. Et la désinformation a fait le reste.
Un débat houleux sur la déchéance de la nationalité fait rage en ce moment en France. Qu’en pensez-vous ?
Cette mesure est honteuse et n’impactera en rien sur les terroristes. Il s’agit seulement d’une manœuvre politique qui vise à draguer les électeurs de l’extrême droite.
Pensez-vous que les lois françaises sont suffisamment adaptées pour lutter efficacement contre le terrorisme ?
Ces lois visent à rassurer la communauté française. Aucune loi ne permet d’éradiquer le terrorisme. Une révolution des mentalités, un meilleur partage des richesses, un combat contre les exclusions et les discriminations… sont les armes pour lutter efficacement contre ce fléau.
Un citoyen lambda ou une organisation algériens peuvent-ils se constituer partie civile contre les partisans du «qui tue qui» pour complicité indirecte dans les massacres commis en Algérie ?
Une réponse négative s’impose. La liberté d’opinion ne peut être attaquée que s’il est démontré que cette liberté a eu pour conséquence la transgression de la règle sociale.
L’article 51 de l’avant-projet de Constitution a soulevé un tollé général au sein de la communauté algérienne à l’étranger. Quelle est votre opinion sur cet article controversé ?
La lecture de ce texte met en exergue des dispositions particulièrement discriminatoires, opposant des ressortissants algériens entre eux. Toutes mesures discriminatoires portent nécessairement atteinte à l’unité nationale.
Interview réalisée par M. Aït Amara

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