Le RCD appelle à l’ouverture des frontières avec le Maroc

De la salle Atlas à Alger, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, Mohcine Belabbès, prédit l’accélération de l’effondrement du système politique construit sur la cooptation et la corruption. Devant un parterre de militants venus des quatre coins du pays, Mohcine Belabbès fait ainsi un constat accablant de la situation générale du pays. Du système politique qui s’autodétruit à la situation économique de plus en plus inquiétante, le président du RCD ne voit d’autre issue qu’un changement démocratique qui libérerait les énergies nationales et offrirait des atouts de développement aux régions. «Notre pays entre dans un moment charnière de son devenir. Jamais les incertitudes et les doutes n’ont pesé aussi lourdement sur la vie politique, économique et donc sociale, c’est-à-dire sur notre quotidien. Certes, le pays vit une crise grave et complexe. Certes, cette crise risque d’emporter la nation si nous restons spectateurs et inactifs. Mais nous savons aussi qu’une crise, même grave et dangereuse, peut être une opportunité pour se remettre en cause, pour agir et donner naissance à une ère nouvelle», souligne-t-il. Mohcine Belabbès insiste sur le début de l’effondrement du système qui a volé la victoire du peuple algérien pour l’indépendance. Un système qui a été construit par le détournement de l’Histoire, les fraudes électorales, l’opacité dans la gestion et l’exclusion du citoyen de la prise de décision. Pour Mohcine Belabbès, le blocage du développement est d’abord foncièrement politique. Et, relève-t-il, la majorité des Algériennes et des Algériens se demandent ce qu’il faut faire dans cette conjoncture. Le RCD propose des solutions, dit-il. «Pour nous. Rien ne peut se faire si le peuple ne décide pas souverainement», précise le président du RCD qui plaide pour la refondation républicaine. Il estime nécessaire d’aller vers une réorganisation administrative qui doit redonner du sens aux territoires par la consécration de régions dotées de larges pouvoirs afin d’impliquer le citoyen et de libérer l’initiative et l’innovation. Aussi plaide-t-il pour une République qui s’appuie sur le génie de son peuple, en valorisant ses régions naturelles. «C’est cela aussi l’Etat unitaire régionalisé qui permet aux citoyens le rapprochement des centres de décisions, une meilleure participation à la gestion de la cité et le sens du devoir et d’appartenance à une communauté», a-t-il martelé. Pour le leader de cette formation de l’opposition, «donner du pouvoir à nos régions signifie aussi un renouveau agricole et touristique qui nous sort d’une dépendance alimentaire dangereuse pour la sécurité du pays». Il considère qu’enfermer la nation, c’est étouffer les plus démunis pendant que les enfants des dirigeants sont scolarisés, hébergés et soignés à l’étranger. C’est ainsi qu’il appelle à réhabiliter la fédération des Etats nord-africains voulue par les dirigeants des mouvements de libération. Le faire, selon lui, c’est rapprocher les points de vue, additionner les moyens et élargir le marché pour nos usines. «Ceux qui se braquent, chez nous ou chez nos voisins, contre ce destin sont ceux-là mêmes qui tirent bénéfice de l’isolement par la rapine et la confiscation des capacités nationales», a-t-il dénoncé, considérant que ces deux segments qui se livrent une guerre verbale sont stratégiquement solidaires pour maintenir des pouvoirs de cooptation et d’opacité. Mohcine Belabbès justifie sa demande d’ouvrir les frontières fermées avec le Maroc, même s’il ne le cite pas, par l’impératif de «stimuler la compétitivité et de nourrir le libre débat». Mohcine Belabbès trouve également nécessaire d’engager une transition économique pour «sortir d’un modèle rentier qui a épuisé nos richesses naturelles, perverti notre culture et nos habitudes alimentaires et accru notre dépendance vis-à-vis de l’étranger». Pour le président du RCD, toute transition démocratique nécessite une implication populaire. Un tel projet peut être contrarié par les appareils de la rente, les sectes et chapelles politico-religieuses et aussi l’argent sale et le populisme. Mais, selon lui, le courage de dire et la force d’agir sont plus qu’un slogan au RCD, mettant en avant le rôle que pourrait jouer la diaspora de la refondation de l’Etat.
Sonia Baker
 

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