Raid américain de Sabratha en Libye : la Tunisie joue-t-elle un double jeu ?

Depuis le raid américain sur un camp d'entraînement de Daech à Sabratha, le 19 février, qui a permis d’éliminer une cinquantaine de terroristes, les regards sont à nouveau tournés vers la Libye d’où part un flot d’informations rapportées par la presse d'un certain nombre de pays, surtout occidentaux. Des sources au fait du dossier libyen, sollicitées par Algeriepatriotique,font observer que toutes ces informations sont divulguées, sans aucun doute, intentionnellement par ces mêmes pays occidentaux. «La multitude d'informations précises portant sur le nombre et les noms des terroristes tunisiens, révélés par les Américains au lendemain du raid de Sabratha, prouve que les autorités tunisiennes étaient sans doute au courant de cette opération avant son exécution et il se pourrait même qu’elles en aient elles-mêmes fait la demande auprès de Washington», soulignent nos sources. Les Tunisiens cacheraient bien leur jeu et feraient preuve de duplicité. Nos interlocuteurs rappellent que le cas de la Libye a été soulevé à maintes reprises par les dirigeants des puissances occidentales et à leur tête Obama. Ils soulignent que «pour les états-majors militaires de ces pays, le repli des éléments résiduels de Daech de Syrie et d'Irak vers la Libye est tout à fait naturel. Cela, pour deux raisons principales : la première est l'instabilité et l'insécurité qui règnent en ce moment en Libye, sachant que Daech ne peut proliférer que sur les décombres d'un Etat ; la seconde est l'importance stratégique de cette zone à partir de laquelle Daech peut cibler simultanément plusieurs objectifs en vue de leur déstabilisation». D’abord, l'Europe qui constitue pour ce groupe terroriste une cible privilégiée. En Libye, les terroristes disposent en effet d’un point de ralliement d’une proximité terrifiante avec le continent européen. Nos sources citent également le Sahel, encore plus proche, où « Daech frapperait à la fois, la Tunisie, le Niger, le Mali, le Tchad, le Nigeria et pourquoi pas l'Algérie». Sur cet axe, soulignent nos sources, « Daech ferait ainsi jonction avec Aqmi, Boko-Haram, Ansar Eddine et Ansar Echaria», implantés à divers degrés et actifs dans les pays qui occupent l’espace Sahel ou qui lui sont riverains. Les Américains sont en première ligne dans le combat contre Daech en Libye. Pourquoi ? Nos sources expliquent qu'ils sont les seuls à «disposer de moyens (avions avitailleurs et missiles guidés) pour donner le la». Les autres suivront plus tard sans aucun doute, estiment nos interlocuteurs qui décrivent les séquences de l’intervention américaine de façon suivante : «Dans un premier temps, les Etats-Unis procéderont par frappes aériennes ; ils n'enverront jamais leurs troupes au sol et si cela s'avère nécessaire, la chair à canon existe, elle sera égyptienne et sans doute marocaine et en partie libyenne, si les Libyens sont à même de reprendre les rênes dans certaines régions». Pour nos interlocuteurs, la cible choisie par les Américains pour leur raid aérien contre Daech l'a été pour occasionner le maximum de dégâts, car qui dit centre d'instruction dit plusieurs personnes en un point donné. C’est ce qui explique le choix de Sabratha. «Leur plan devait exister préalablement, car les Occidentaux n'auraient jamais laissé se répéter l'expérience de l'Irak et de la Syrie et de leurs cohortes de réfugiés, surtout ceux des pays d’Afrique noire. Ce type de réfugiés fuirait non seulement la guerre, mais aussi la misère, de ça, les Occidentaux n'en voudront jamais». S'agissant de l'Algérie, nos sources estiment que le mieux serait d’attaquer les bases des groupes terroristes en Libye, mais le choix politique du pays interdisant une telle action, alors, «au minimum, il faudrait tenir des positions stratégiques de part et d'autre de la frontière avec la Libye. La profondeur des zones stratégiques au-delà de nos frontières peut aller de 50 à 100 km». Car, expliquent nos sources, il s’agit de «permettre la manœuvre des feux et des moyens compte tenu de l'élongation de la frontière qui fait plus de 1 000 km, étant entendu que les frontières de nos voisins, Tunisie, Niger et Mali, peuvent être enfoncées à n'importe quel moment». Nous sources estiment, enfin, que «la menace probable pouvant provenir du Sahel ou de la Libye, tous deux limitrophes et voisins à nos deux pays, nous incite à une vigilance tous azimuts».
Houari Achouri
 

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