La drôle d’alliance inamicale entre le FLN et le RND : «Je t’aime, moi non plus»

Rien ne va plus entre le FLN et le RND. Après Amar Saïdani, secrétaire général du FLN, qui déclare n’avoir nullement confiance en Ahmed Ouyahia, c’est le porte-parole de l’ex-parti unique, Hocine Kheldoune, qui intervient pour enfoncer le clou. Entre les deux, il y a eu la réponse «tiède» de Seddik Chihab, qui présente les choses autrement. Sur les colonnes du quotidien El-Khabar,le FLN donne ainsi le ton en allant crescendo dans la critique. Hocine Kheldoune accuse ouvertement et sans la moindre nuance le RND d’être le produit de la fraude électorale. Le porte-parole de l’ex-parti unique ira encore plus loin en affirmant que la création du RND visait à enterrer le FLN et à l’envoyer au musée. «Il ne s’agit pas d’une question de sensibilités politiques, mais de faits. La fraude par le RND des élections législatives et locales de 1997 a été unique dans l’histoire de l’Algérie. Je dirai même que ce parti a dépassé la notion juridique de la fraude en commettant le plus grand hold-up de la volonté des électeurs», soutient-il. Le RND répond dans le même journal, à travers son porte-parole Seddik Chihab, qui précise que son parti soutient le président Bouteflika et à travers lui le FLN dont il est également le président. Quant aux accusations sur la fraude en 1997, Seddik Chihab les réfute totalement. «Les Algériens ont voté pour le RND en 1997 parce qu’il était le seul parti à leurs côtés dans tous les communes et douars. Nous étions le seul parti à couvrir tout le territoire national, malgré le terrorisme. Nous avions su gagner la confiance des citoyens et nous en sommes fiers aujourd’hui», souligne Seddik Chihab avant de renvoyer l’accusation à son expéditeur. «Et nous avons des choses à dire sur les élections de 2002 qui ont été entachées d’une fraude jamais vue !» Il suggère ainsi que l’ex-parti unique, grand vainqueur de ce double scrutin, avait massivement fraudé. Cela même si Seddik Chihab a évité d’adresser des critiques directes à la direction actuelle et particulièrement à Amar Saïdani, auquel il reconnaît un rôle dans la lutte contre le terrorisme durant les années 90. Cela contrairement, souligne-t-il, «au FLN de l’époque qui avait refusé de prendre les armes contre le terrorisme et de participer à la gestion déléguée des communes après l’arrêt du processus électoral». Ainsi, on assiste à un parti, le FLN, qui attaque avec acharnement et véhémence, et un autre, le RND, qui se montre «imperturbable» et se défend sans emportement. Pourquoi donc le FLN s’emploie-t-il à attaquer le RND et son secrétaire général par intérim ? Quelles sont ses motivations ? Si certains lient cette guéguerre au refus du RND d’adhérer au projet du FLN d’un front national de soutien au président Bouteflika, d’autres l’inscrivent dans la bataille, déjà ouverte, pour la succession au chef de l’Etat. Il s’agit d’une guerre de positions que se livrent les deux formations en perspective de la prochaine présidentielle. «Le FLN cherche à faire barrage à la carrière politique d’Ahmed Ouyahia soupçonné de nourrir une ambition présidentielle. Ceci afin de baliser le terrain pour son propre candidat», nous confie un observateur avisé de l’ex-parti unique. Ce qui suggère que le FLN va continuer à s’en prendre au RND et à son secrétaire général.
Sonia Baker

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