Nebbou : «Le pouvoir persiste dans une démarche autoritaire»

Le Front des forces socialistes (FFS) s’est distingué aujourd’hui par sa décision de boycotter l’ouverture de la session du Parlement. Au moment où tout le gouvernement était à l’hémicycle Zighout-Youcef pour lancer la session du printemps, toute la direction et les parlementaires du plus vieux parti de l’opposition étaient au cimetière de Sidi M’hamed pour se recueillir sur la tombe du fondateur de l’UGTA, le défunt Aïssat Idir. «Aujourd’hui s’ouvre la session parlementaire du printemps dans un contexte national, régional et international trouble et troublé. Au plan interne, l’activité politique a été dominée par l’adoption d’une loi de finances 2016 et une révision de la Constitution. Une loi de finances antinationale et antisociale ; une révision constitutionnelle qui, en raison des conditions de son élaboration et de son adoption, constitue un véritable coup de force institutionnel et constitutionnel», a affirmé Mohamed Nebbou dans une déclaration remise à la presse. Selon lui, «l’immense majorité des Algériennes et des Algériens commence à subir les conséquences dramatiques de cette loi de finances scélérate et reçoivent des électrochocs répétés suite à une flambée des prix qui n’est pas près de s’éteindre». Le premier secrétaire du FFS a ainsi relevé les contradictions dans le discours du pouvoir qui passe d’une chose à son contraire sans transition. «Il y a quelques mois, les mêmes autorités assuraient que le pays ne connaissait pas de crise et (qu’)il ne serait pas touché par l’austérité. Aujourd’hui, on prêche le discours de vérité, quel discours tenait-on hier et avant-hier ; le discours de la ruse, du mensonge, du déni de la réalité et de la violence», a-t-il dénoncé, affirmant qu’encore aujourd’hui «l’imposture n’est pas finie ; on veut faire croire à l’extérieur que le pays est sur la voie d’une démocratisation graduelle alors que les options retenues visent simplement à renforcer le régime par le droit et non à limiter le pouvoir. Ces options instituent la régression des libertés par la judiciarisation du politique». Le plus vieux parti de l’opposition ne se fait pas d’illusion. «Comment peut-on parler de séparation des pouvoirs alors que, jusqu’à l’heure actuelle, l’initiative des lois demeure le domaine réservé de l’Exécutif», a ajouté le premier secrétaire, considérant que «cette Constitution consacre la rupture avec l’Etat social, la régression syndicale, la déréglementation de la sphère économique et “l’open sky” en matière de droit du travail». «Ce nouveau modèle économique n’aurait-il pas nécessité un grand débat citoyen, un grand débat démocratique ?» s’est encore demandé Mohamed Nebbou qui a expliqué que «ce débat n’a pas eu lieu parce que le pouvoir et certaines forces politiques n’ont pas pu, n’ont pas su ou n’ont pas voulu lever le préalable politique». Le FFS regrette que «le pouvoir persiste dans une démarche unilatérale et autoritaire parce qu’il pense disposer des ressources politiques, diplomatiques, financières, économiques, culturelles et sociales pour continuer dans cette voie et (qu)’il escompte un retournement de la conjoncture pétrolière en sa faveur». Il se dit toujours attaché à son initiative pour un consensus national. «Le FFS poursuivra dans le travail de proximité auprès de la population et continuera de rechercher et de proposer des mécanismes et des cadres de dialogue et de concertation pour reconstruire le consensus national. Ce consensus ne saurait être la réédition de projets frontistes dépassés ou d’alternances claniques qui ne répondent pas à l’espérance démocratique du peuple algérien», a assuré le premier secrétaire du parti.
Sonia Baker

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