Le MDS interdit de congrès : le pouvoir en a-t-il peur ?

Le Mouvement démocratique et social (MDS), parti agréé, se voit refuser la tenue de son congrès prévu les 30 avril et 1er mai prochains. Motif invoqué par l’administration : une crise interne qui agiterait cette formation. Un argument vague et surtout insensé, dans la mesure où, comme le précisent à juste titre ses dirigeants, un tel événement est en toute logique l’occasion d’aplanir des différends, de reconstituer une cohérence.

Le Mouvement démocratique et social (MDS), parti agréé, se voit refuser la tenue de son congrès prévu les 30 avril et 1er mai prochains. Motif invoqué par l’administration : une crise interne qui agiterait cette formation. Un argument vague et surtout insensé, dans la mesure où, comme le précisent à juste titre ses dirigeants, un tel événement est en toute logique l’occasion d’aplanir des différends, de reconstituer une cohérence.
Espérons qu’il s’agisse, là, d’un couac dans le fonctionnement des services, d’une mauvaise interprétation des textes de loi en la matière, d’une réponse expéditive d’un fonctionnaire mal luné ou, même encore, d’un petit abus de pouvoir dont aurait voulu se délecter un responsable pour, sait-on jamais par ces temps de démocratie en berne dans notre pays, soigner son image auprès des «décideurs» qui font la pluie et le beau temps. Osons espérer que l’administration va très vite rectifier le tir, revenir sur cette entrave absurde.
Sinon, quelle pourraient être alors les raisons de cet obstacle à l’évolution du MDS ?
Craint-on que la formation de feu El-Hachemi Cherif, à l’itinéraire exemplaire, renaisse de ses cendres, qu’elle puisse renforcer les liens entretenus, tant bien que mal, avec les moyens du bord, auprès du milieu associatif, des organisations de chômeurs, des défenseurs des droits et libertés, des intellectuels progressistes, de tant de femmes et d’hommes, et des jeunes notamment, qui ne désespèrent pas de voir le pays emprunter un autre chemin, hors des discours démagogiques, des luttes de clans, de la corruption, de la régression économique et sociale, de l’obscurantisme ?
Craint-on que le MDS prenne enfin ouvertement place dans le paysage politique, qu’il fasse entendre ses mots d’ordre contre le pouvoir rentier et l’intégrisme islamiste et pour la justice sociale ; qu’il trouve une audience et fasse de l’ombre à ces innombrables coquilles vides auréolées du statut de parti qui encombre le paysage politique, créées tout juste pour donner l’illusion de la démocratie ?
Craint-on, enfin, que l’apparition au grand jour du MDS enraye le retour en force du parti unique, qu’elle ouvre le champ à une autre alternative que celle de cette triste perspective au moment crucial de la succession à Abdelaziz Bouteflika, quand un meeting du Front de libération nationale (FLN) censé soutenir sa politique, livre le spectacle d’une incroyable violence et d’agissements odieux d’une pègre qui agresse des femmes journalistes ?
Disons-le tout net : nous ne sommes peut-être pas loin de la vérité. Aucune des rares formations du «camp démocratique» n’a jusque-là échappé aux manœuvres occultes de déstabilisation. Les gourous à l’œuvre dans les médias lourds et dans les coulisses du pouvoir ne se découragent pas de faire imploser certaines d’entre elles, de domestiquer les plus frondeuses, de monnayer l’adhésion de celles qui hésitent à rentrer dans les rangs.
A moins que l’on se trompe, rien n’interdit de rêver, l’interdiction du congrès du MDS relève de ces mêmes manœuvres liberticides. On veut à l’évidence mettre cette formation en sourdine. A-t-on peur du MDS ?
Nadjib Touaïbia

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