L’Algérie se paye un numéro spécial exagérément élogieux du média égyptien «Al-Ahram Al-Arabi»

Le gouvernement Sellal ou la présidence de la République ont-ils commandé le dernier numéro du magazine cairote Al-Ahram Al-Arabi, entièrement dédié à l’Algérie et, surtout, aux activités officielles ? A lire le contenu de cette revue éditée par le groupe pro-gouvernemental Al-Ahram, on est en droit de le penser sérieusement. Même si, a priori, rien ne l’indique, puisque l’on n’y trouve, par exemple, aucun placard publicitaire portant une marque algérienne. Une vieille méthode très répandue dans certains magazines pro-africains qui en font leur principale source de revenus. Mais la distribution exceptionnelle de ce numéro spécial en Algérie – aucun titre de la presse égyptienne n’y a été vendu depuis plus de sept ans – laisse penser que l’intérêt de l’opération n’est pas seulement commercial. Le lecteur est vite saisi par le ton dithyrambique dont sont empreints tous les articles qui y sont publiés. En plus d’une série d’interviews avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, le directeur du Centre national des archives, Abdelmadjid Chikhi, le magazine enchaîne des dizaines de reportages publicitaires sur l’Algérie d’aujourd’hui, avec ses «réalisations dans tous les domaines», sa nouvelle Constitution «qui consolide l’unité et la cohésion nationales, grâce notamment à l’officialisation de la langue amazighe». En prime, les rédacteurs égyptiens louent la «fraternité retrouvée» entre l’Algérie et l’Egypte, «ces deux pays pivots du monde arabe», tout en maudissant le souvenir du fameux match de football «qui a été exploitée par la famille Moubarak pour tenter de se pérenniser au pouvoir», lit-on dans un article exagérément élogieux à l’égard de l’Algérie. Cette publication coïncide avec un redéploiement tous azimuts du gouvernement algérien à l’international depuis quelques semaines qui a conduit le Premier ministre à intensifier ses voyages en Europe dans le but de vendre une image plus attrayante de l’Algérie dans le monde, tout en essayant d’expliquer la position du pays par rapport aux grandes questions de l’heure. Or, le récent incident diplomatique provoqué par la publication d’articles critiques dans la presse parisienne, dans le sillage de l’affaire «Panama Papers», montre les limites de cette opération de séduction menée en direction des capitales occidentales, et illustre en même temps l’anachronisme d’une communication officielle qui peine à s’adapter au monde moderne.
R. Mahmoudi

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