Retour en héros de Chakib Khelil en Algérie : le ministre de la Justice «malmené» au Parlement

La séance plénière consacrée aujourd’hui à l’examen du code pénal au niveau de la chambre basse du Parlement a été particulièrement marquée par la question polémique du retour, avec les égards officiels, de l’ancien ministre de l’Energie. Les débats n’ont donc pas porté sur le texte de loi inscrit à l’ordre du jour, mais plutôt sur le retour programmé de Chakib Khelil et le silence assourdissant de la justice algérienne qui est pourtant allée jusqu’à lancer, l’été 2013, un mandat d’arrêt international avant qu’il ne soit annulé pour «vice de procédure». Des députés de l’opposition ont, en effet, vivement interpellé le ministre de la Justice auquel ils ont exigé des explications sur cette opération de «blanchiment» d’un homme dont le nom est toujours associé, à tort ou à raison, à plusieurs scandales de corruption qui ont touché plusieurs pays, dont l’Algérie. Parmi ces députés «révoltés» contre Tayeb Louh, il y a des islamistes de l’Alliance de l’Algérie verte (AVV), à l’instar de Hassan Aribi, des députés du Parti des travailleurs et le très médiatique Tahar Missoum, alias «Spécifique». Les interventions ont été particulièrement musclées de la part de ce dernier qui a eu un vif échange avec le président de l’APN, Ould Khelifa. Mais il n’a pas été le seul à dénoncer la réhabilitation de celui qui allait être présenté devant la justice il y a trois ans de cela. Pour le député Hassan Aribi, il s’agit d’une «démarche scandaleuse» et d’un «coup de poignard» dans le dos des Algériens qui sont invités à serrer la ceinture pour «aider» l’Etat à surmonter la crise économique due à un mauvais usage de la rente pétrolière. Pour le député du Front pour la justice et le développement (FJD), Chakib Khelil ne peut pas être étranger aux scandales de corruption qui ont touché Sonatrach ; sa responsabilité est engagée d’une manière ou d’une autre. «Vous ne pouvez pas parler de justice. Vous ne pouvez pas parler du respect de la loi puisque vous l’avez allègrement transgressée en déroulant un tapis rouge à celui qui a été frappé d’un mandat d’arrêt international il y a seulement trois ans», a lancé Hassan Aribi à l’endroit de Tayeb Louh. Hassan Aribi a dénoncé le fait que le procureur général d’Alger ait été mis à la retraite «pour avoir fait son travail et appliqué la loi contre ceux qui ont pillé les richesses du pays». Le ministre de la Justice a essayé de vives critiques quant à l’absence de réaction de parquet général sur les accusations de «montage de dossiers» proférées par les «sponsors» du retour «fracassant» de Chakib Khelil. Les réponses de Tayeb Louh sont très attendues.
Sonia Baker

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