Un ancien diplomate à Algeriepatriotique : «La loi allemande sur l’Algérie est un cadeau empoisonné»

Sollicité par Algeriepatriotique suite à l’adoption par le Parlement allemand d’une loi qui considère l’Algérie comme un pays «sûr», l’ancien diplomate algérien Rabah Toubal, qui a occupé plusieurs postes en Europe, a estimé que ce vote «est un cadeau empoisonné». «Ainsi, le gouvernement allemand pourra expulser plus aisément vers l’Algérie et les autres pays concernés – le Maroc et la Tunisie – leurs ressortissants qui avaient bénéficié du droit d'asile et dont les demandes de prolongation ont été rejetées», a expliqué notre source, qui a précisé que d'autres pays européens «sont en passe d'adopter une législation similaire». Pour l’ancien diplomate, «ce qui apparaît comme un satisfecit ou un bon point, généreusement attribués par les autorités allemandes, n'est en réalité qu'un cadeau empoisonné, destiné à permettre à l'Allemagne de se débarrasser du lourd fardeau que constituent les milliers de réfugiés originaires de ces trois pays d'Afrique du Nord». Rabah Toubal rappelle que l’Allemagne avait ouvert ses portes dans les années 1970 et 1980, pour les Marocains et les Tunisiens persécutés par les régimes du roi Hassan II et de Benali et, dans les années 1990, pour les victimes du terrorisme en Algérie, «pour les divers risques que les personnes accueillies sur le sol allemand encourraient dans leurs pays d'origine». «A l'exception de la Tunisie, qui pâtit encore d'une instabilité multiforme, le Maroc et l'Algérie sont, certes, aujourd'hui plus sûrs que dans les années 1970-1990, sur le plan sécuritaire, mais ils demeurent aléatoires sur les plans économique, social et culturel notamment», note encore notre source. «Par ailleurs, en 2006, rappelle l’ancien diplomate, après les attentats sanglants de Londres en juillet 2005, la Grande-Bretagne avait proposé à plusieurs pays arabes, dont l'Algérie, des accords pour l'expulsion des islamistes qui en sont originaires, ayant bénéficié du droit d'asile des années auparavant». Ces accords prévoyaient, entre autres, des garanties officielles fournies par les gouvernements des pays arabes concernés – la Jordanie, la Libye, l’Algérie, l’Egypte, le Maroc, la Tunisie et le Liban, notamment – de faire bénéficier les personnes extradées de «procès justes» et le contrôle de leurs conditions d'accueil ou d'incarcération dans ces pays. «Contrairement aux autres pays arabes, souligne notre source, l'Algérie avait refusé que le juge britannique contrôle les opérations de transfert en Algérie des ressortissants algériens accusés de terrorisme, qui se trouvaient dans des prisons britanniques». «Le projet de loi allemand vise précisément à transcender ce genre de demandes, pour le moins gênantes, de garanties officielles et de contrôle du juge local par un juge étranger, qui ne sont pas toujours aisées à satisfaire», explique l’ancien diplomate algérien au fait du dossier.
Karim Bouali

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