Emouvant témoignage de l’épouse de la victime algérienne Abdelkrim Hassane
«C’est difficile, c’est incroyable, je suis sous le choc, je n’arrive pas à croire que je ne vais plus revoir mon mari, le papa de mes enfants. C’est terrible ! Perdre quelqu’un comme ça, une bonne personne, c’est quelqu’un qui travaillait, qui aimait ses enfants, qui était vivant et joyeux, qui était honnête et qui aimait aider les gens, c’est quelqu’un que tout le monde aimait.» C’est en ces termes que Mme Louisa Hassane a exprimé sa peine après la lâche attaque qui a coûté la vie à six personnes de confession musulmane à Québec alors qu’elles venaient d’accomplir leur prière du soir au centre culturel islamique.
«Je ne pense même pas à celui qui a commis ce crime, je pense surtout à mes filles : comment vont-elles vivre sans leur père ? C’est trop tard, il ne sert à rien de penser à cette personne-là (l’auteur de l’attaque, ndlr)», s’est indignée l’épouse d’une des deux victimes algériennes dont les dépouilles seront rapatriées et enterrées ce samedi à Alger.
«J’ai dit à mes filles que leur père était mort. Je discute beaucoup avec elles, je les ai donc préparées, je leur ai dit ‘‘papa est parti au paradis !’’», a raconté Mme Louisa Hassane avec courage à la chaîne de télévision BRTV. «Mes filles savaient qu’il y avait six morts, mais elles ne savaient pas que leur papa était parmi eux», a-t-elle affirmé.
Interrogée sur les réactions à Québec après la mort de son mari, la veuve d’Abdelkrim Hassane a souligné que «tout le monde (ici) a fait preuve d’une grande solidarité à mon égard». «Mais j’ai surtout besoin de mon mari, surtout que j’ai trois filles. Elles sont encore jeunes, elles ont encore besoin de leur papa, d’autant qu’il était très présent à leur côté, il les adorait», a-t-elle témoigné.
Mme Louisa Hassane a précisé qu’elle et son mari vivaient «bien» en Algérie. «Mais nous cherchions mieux pour nos filles. Mon mari occupait un excellent travail et ici aussi il avait un très bon poste, il travaillait pour une institution gouvernementale», a précisé la veuve éplorée, pour qui «ce n’est pas facile de mourir là où on est venu chercher la paix». «On n’aurait jamais pensé que cela pouvait arriver au Québec», s’est étonnée Mme Louisa Hassane, tout en avouant qu’elle «n’éprouve pas de la haine» envers l’assassin de son mari et des cinq autres victimes. «J’ai de la pitié pour ce garçon», n’a-t-elle cessé de répéter.
«La police nous a toujours dit depuis cinq ans que nous sommes ici, qu’il y avait un risque zéro au Québec, mais les six victimes de cette attaque ont résumé ces cinq années en quelques secondes», a-t-elle regretté, tout en soutenant néanmoins qu’«il n’y a jamais eu de problème» d’ordre sécuritaire auparavant. «C’est pour cela que cette attaque nous a choqués, nous avons trouvé cela bizarre», a-t-elle souligné, ajoutant que «malgré cette attaque, je continue de dire que Québec est une ville bien, bien qu’il faille faire plus attention désormais».
Mme Louisa Hassane a révélé qu’avant de repartir au travail le jour de l’attaque, après avoir déjeuné chez lui, son mari a insisté auprès de ses filles pour qu’elles soient «courageuses» et «fortes». «C’est comme s’il voulait leur faire passer un message», a conclu la veuve d’Abdelkrim Hassane.
Sarah L.
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