Pêche mondiale : un manque à gagner de 83 milliards de dollars

L’étude souligne le déséquilibre entre les moyens mis en œuvre et le niveau des prises. New Press

La réduction de l’effort de pêche mondial permettrait de reconstituer des stocks de poissons aujourd’hui surexploités en générant une rentabilité importante, a indiqué mardi la Banque mondiale (BM). Dans un nouveau rapport sur le secteur de la pêche dans le monde, la BM chiffre à 83 milliards de dollars les gains supplémentaires que pourrait générer le secteur de la pêche, avec à la clé une source de revenu plus que bienvenue dans les pays en développement et une plus grande sécurité alimentaire dans le monde.

Selon cette nouvelle publication, qui s’intitule «The Sunken Billions Revisited», actualisant une précédente étude parue en 2009, «la réduction de l’effort de pêche mondial permettrait de reconstituer des stocks de poissons aujourd’hui surexploités et d’accroître le poids, la valeur et le prix des prises». «Cette étude confirme ce que nous avons pu observer dans différents contextes nationaux : réduire la pression sur les océans, ça paye», indique Laura Tuck, vice-présidente de la BM pour le développement durable.

«Une gestion plus durable de la pêche, mise en œuvre selon des modalités adaptées aux conditions locales, peut procurer des gains considérables sur le plan de la sécurité alimentaire, de la réduction de la pauvreté et de la croissance à long terme», relève-t-elle. L’étude souligne le déséquilibre entre les moyens mis en œuvre dans les activités de pêche, toujours plus élevés, et le niveau des prises, en stagnation, voire en déclin, et calcule les gains supplémentaires que pourrait générer une réforme globale de la pêche. Cette analyse révèle un manque à gagner économique d’environ 83 milliards de dollars en 2012, par rapport à un scénario optimal. Ce résultat n’est pas statistiquement différent de l’estimation établie pour l’année 2004, qui a été revue à la hausse après l’étude de 2009 entre 50 et 88 milliards de dollars. Les deux estimations soulignent l’urgence de la réforme et l’importance des gains économiques que pourrait procurer une gestion plus durable des pêches dans le monde, précise la BM.

Si le rapport plaide vigoureusement pour la nécessité d’investir dans la reconstitution des réserves halieutiques, il ne propose pas un chemin de réforme unique. De fait, les efforts entrepris dans les différents pays montrent qu’il est possible de réduire la surpêche grâce à des réformes adaptées au contexte local et qui permettent, au bout du compte, d’améliorer les moyens de subsistance des populations côtières et de sécuriser leurs emplois. La réduction de l’effort de pêche mondial permettrait également au processus biologique d’inverser le déclin durable des stocks de poissons observé dans de nombreuses régions du globe, explique la BM.

Environ 90% des stocks de poissons qui font l’objet d’un suivi par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sont pleinement exploités ou surexploités, contre 75% en 2005. Au problème de la surpêche s’ajoutent en outre ceux de la pollution, du développement des littoraux et des effets du changement climatique.

R. E.

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