L’élection française et la relation France-Afrique (III)

Par Dr Mehenou Amouzou – Aucun secteur de l’économie africaine n’est suffisamment évolué pour permettre d’éradiquer la pauvreté. Les présidents africains pillent leurs propres pays et n’ambitionnent pas de les développer. La majorité de ces Présidents ne sont pas démocratiquement élus, mais désignés par l’Occident, et leur loyauté ne va pas à leur peuple, mais à la France. La politique coloniale de la France n’a pas changé depuis le temps de la conquête coloniale : désabuser et opprimer les peuples, coups d’Etat, troubles sociaux, sabotage économique, etc. Si le président sortant n’est plus en odeur de sainteté avec la métropole, cette dernière retire son soutien au président sortant lors des prochaines échéances électorales. Le pays subit des pressions politiques et économiques. On brandit la menace «des biens mal acquis». La métropole endosse le rôle du sauveur, alors même qu’elle est l’auteur principal de la situation d’appauvrissement des Etats.

Ce système d’exploitation n’est pas bénéfique au peuple français qui se retrouve victime comme le peuple africain des abus de leurs dirigeants. 3 jeunes Français sur 5 ne peuvent garder un emploi jusqu’à l’âge de la retraite et sont incapables de cotiser pour bénéficier de la pension minimum à leurs retraites. La population africaine est dans le rouge, le désespoir est le vivre quotidien. La métropole continue de taxer énormément la population africaine des bienfaits d’une colonisation qui n’a pas été sollicitée. En 2005, il y avait à peu près 6 millions de Français d’origine africaine. La moitié de ces 6 000 000 peuvent positivement influer sur l’élection du prochain président de la République française. Le vote collectif pourra être décisif. En échange d’un vote collectif en sa faveur, le futur candidat s’engagera à respecter le droit à l’autodétermination de tous les peuples. Une suppression des accords abusifs se résumant à piller les ressources des pays en développement. Une suppression du franc CFA et la liberté pour les pays de cette zone de frapper leur propre monnaie. Les marchés seront désormais attribués selon le mérite et la qualité des offres. Ce doit être la fin du favoritisme.

L’immigré qui devient citoyen est très souvent reconnaissant et loyal envers son pays d’adoption et participe activement à son développement. Le citoyen français d’origine africaine peut jouer un rôle déterminant dans le développement. Les pays d’origine de la plupart de ces Africains ont des liens étroits avec la métropole qui s’étalent sur plus d’un siècle de relations, et pourtant ces expatriés ne sont toujours pas acceptés et ne jouissent pas des mêmes droits que les nationaux d’origine. Cette discrimination négative à l’endroit des Français d’origine africaine a aussi pour cause l’attitude et les décisions de certains chefs d’Etat africains qui n’ont pas à cœur les intérêts de leurs expatriés. Si nous prenons par exemple la Corée du Nord, les Occidentaux ne ratent aucune occasion de traiter de tous les noms les dirigeants de ce pays qualifiés, entre autres, de dictateurs. Ce pays n’entretient de relation d’aucune sorte avec la France. Et pourtant, les ressortissants de ce pays sont plus considérés que les Français d’origine africaine dont les ancêtres ont pourtant combattu pour la République française.

Dans quelques mois, il y aura l’élection présidentielle française où tous les partis vont se présenter (l’extrême-droite, les Républicains, la gauche et les indépendants). Eux tous prétendent à la fonction suprême avec un programme qui peut redresser la France. Ces politiciens, prétendants au fauteuil présidentiel, sont tous politiciens de carrière. Au cours du primaire à droite ils ont parlé de l’immigration, de comment renforcer le contrôle et la déportation, mais pas des causes qui forcent l’immigré à aller chercher son bonheur à l’étranger et à y risquer sa vie loin des siens. Le cas de l’Afrique est déplorable. L’un de ces prétendants deviendra président de la République française en mai 2017 et ne sera pas différent de ces prédécesseurs. Ce ne sera une surprise pour personne, car la France fait et défait les présidents africains (qu’on peut qualifier de sous-préfets) selon ses intérêts. Elle appauvrit, confisque la richesse des pays africains à son avantage. Les Français d’origine africaine ont le pouvoir de ne plus accepter cet esclavage et cette confiscation des ressources africaines en unissant leurs voix pour voter en faveur d’un candidat qui tiendra compte de leurs revendications, dont la première doit être certainement la suppression du franc CFA.

La nouvelle relation France-Afrique sous l’égide des Africains de France unis mettra fin à l’exploitation abusive du continent concrétisée à travers certaines entreprises françaises. Exemple de celle qui a exécuté les travaux de construction du pont Henri-Konan-Bédié qui deux mois après son inauguration présente déjà des malfaçons. L’Etat ivoirien a dû puiser dans les caisses de l’Etat pour procéder aux réparations nécessaires privant corrélativement des milliers d’Ivoiriens des services sociaux auxquels ils peuvent légitimement aspirer. Alors qu’il revenait normalement à l’entreprise qui a exécuté les travaux ou à son assureur d’assurer de telles réparations. En plus, ce projet avait été mis en place et financé sous le président Gbagbo et le pont ne devait pas être payant pour la population. Sous Gbagbo, ce pont revenait à peu près à 225 millions de dollars et les fonds étaient disponibles grâce à une augmentation de 10 francs CFA sur le prix de l’essence. Le président élu, M. Ouattara, en plus des 225 millions de dollars existants, a emprunté plus de 400 millions de dollars pour la construction de ce même pont. L’entreprise française qui a eu le contrat de construction du pont Henri-Konan-Bédié est Bouygues. Il existe de nombreux exemples où des entreprises incompétentes ont pu remporter des marchés grâce aux relations privilégiées qu’elles entretiennent avec le sommet du gouvernement français. Toutes ces transactions se font cependant au détriment de la population africaine.

En matière de financement de l’élection présidentielle française, la majorité des Etats africains francophones finançaient les élections présidentielles des candidats français à coût de millions d’euros qui auraient dû aller vers le social et les hôpitaux où les malades meurent de simples migraines. L’obtention de l’eau potable ou de l’électricité est devenue un vrai parcours du combattant pour les populations. Au cours du dernier déplacement de l’ancien Premier ministre français, Manuel Valls, en Afrique, ce dernier a sollicité des fonds des pays de l’Afrique francophone. M. Valls aurait reçu une assistance de campagne de plus de 7 millions d’euros d’un seul pays qui est d’ailleurs très endetté et où la misère est patente. Si cette allégation devait être confirmée, ne serait-ce pas un crime contre l’humanité tant de la part du donateur que du receveur ? La majorité des dirigeants africains sont incapables de marquer leur désaccord avec la France parce qu’ils sont quasiment des fonctionnaires français et non des élus démocratiques. Si les gouvernements africains résistent, les représailles pleuvent sur le pays. A titre d’exemple, le procès de M. Gbagbo devant La Haye est seulement celui d’un nègre indocile et insoumis que la métropole doit mater. La métropole est devenue un centre de manipulation et de désinformation soutenu par deux puissantes armes que sont le FMI et la Banque mondiale qui aggravent la misère des pays en développement à travers leurs politiques financières calamiteuses.

La France a intérêt à traiter ses anciennes colonies en vrai partenaire et avec le respect qu’elle accorde aux Etats européens, asiatiques et à l’Amérique. L’arrogance d’hier n’est plus valable aujourd’hui.

Les Africains de France doivent s’unir et dire non en votant le candidat qui s’abstiendra de continuer avec cette mentalité coloniale vieille de plusieurs centaines d’années. La France doit savoir que le monde évolue et l’Afrique aussi. C’est pourquoi beaucoup plus de jeunes se tournent maintenant avec espoir vers l’Asie et non plus vers la France et l’Europe. Ces jeunes savent aussi que la France est responsable de ce qui leur arrive en plaçant et soutenant des présidents africains vomis par leurs peuples.

Dr Mehenou Amouzou
(Suite et fin)
Le docteur Mehenou Amouzou a obtenu son Master in Business à l’European Advanced Institute of Management ainsi qu’un Certificat en finance et investissement à Paris (France). Il a complété ses études dans les Relations internationales et les Stratégies politique et de défense et a obtenu son Doctorat de philosophie en Finance

 

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