Lettre à Amine Zaoui
Par Nazim Maiza – Il est difficile pour moi de rester là et las, en toute équanimité, en lisant votre chronique intitulée «Inch’Allah» (correctement écrit : In cha ALLAH). De prime abord, je comprends aisément la motivation de ce que vous avancez avec un soupçon d’ironie. En effet, vous êtes de plain-pied dans la thèse dont raffolent beaucoup d’intellectuel(le)s dans des pays se voulant garants de la conscience universelle et les penseurs «outremertistes» en attente de blanc-seing pour le départ ; la thèse en question est : «La renaissance de l’indigénat 2.0».
Certes, en Algérie, nous avons cette «culture» de dire incha’Allah dans notre quotidien ; la chose est irréfragable. Une culture a contrario de votre modèle linguistique a divinis, un vision que je respecte d’ailleurs. En vérité, cela n’est pas important.
Je ne voudrais point avoir avec vous un débat théologique ou sur l’ensemble des caractéristiques qui constituent notre pays, car, d’une part, je tiens à mon permis de conduire, et d’autre part, je pense après avoir lu vos opus que vous n’avez pas le niveau ni la connaissance requise, et c’est malheureux ; vous êtes la «Star Ac» littéraire. Coelho l’est aussi, mais en plus mystique, car plus malicieux des fast-books mieux écrits, car mercantile est sa vision.
(Pour vous, Dieu écoute, une faculté humaine prêtée au divin. C’est à croire que nous retombons dans l’anthropomorphisme antique) Je comprends vos motivations de paraître combattre l’islamisme (un terme incohérent) pour pouvoir profiter de ce qui vous semble l’idéal européen en général et de la Gaule celtique en particulier. D’autres l’ont fait au prix de leur vie, pas dans les salons feutrés des «estaminets» pseudo-littéraires.
En revanche, notre naïveté n’est pas biscornue pour la simple raison que nous puisons cela dans les enseignements de notre religion pacifiste et progressiste, malgré le fait que vous pensez que nous sommes une génération «saoudisée» ou «égyptianisée», comme vous l’avancer. Prétendre être musulman et l’être est un autre débat qui à mon avis relève du domaine de la vie privée.
Ce terme incha’Allah fut de tout temps une description de ce qu’un laïc pourrait dire : si tout va bien. Or, pour nous, la condition future a un lien intrinsèque avec la volonté de Dieu, d’où incha’Allah (bien que la laïcité est une religion avec la fameuse minute de silence comme prière).
En ce qui concerne les mathématiques et autres disciplines (bien que je ne connais pas de mathématicien à l’école, mais des profs de mathématiques, et c’est autre chose, encore une nuance qui vous dépasse) dont vous constatez le fait qu’elles soient trop imprégnées de la religion musulmane, essayons de comprendre et de faire un exercice de pensée bref pour pouvoir, j’espère, vous expliquer si c’est dans vos cordes (je ne parle pas de la théorie physique).
La réflexion mathématique et scientifique bien après les os d’Ishango fut développée par la civilisation islamique (sans exclusivité de territoire), précisément dans la représentation des nombres, sans oublier les références grecques.
Cela suffit pour démontrer que vos allusions à la sourate El-Fatiha restent une déclaration simpliste et dénuée de tout sens pour l’écrivain que vous êtes, je vous connais ne pas être ganache.
Surfer sur cette vague du péril religieux islamique est trop facile et tellement à la mode que cela n’amuse plus personne, mis à part les préfectures de France et leurs baromètres pour délivrer des papiers de séjour aux intellectuels auto-exilés (vous auriez pu surfer comme Joël de Rosnay pour l’épigénétique en particulier et le savoir en général sans toucher aux religions).
Pour ce qui est des prévisions météorologiques, je vous signale en toute innocence que c’est Edward Lorenz qui a prouvé les différences exponentielles dans les prévisions. Autrement dit, l’incapacité d’avoir deux situations identiques en météo dans le cadre prévisionnel.
C’est pour cette raison que la présentatrice météo avance (à la fin du journal télévisé) l’argument de incha’Allah, ou si vous préférez : si les statistiques des évolutions exponentielles soient au rendez-vous. La dame de la météo voilée ou naturelle, selon vous, encore une absurdité visant la gent féminine, car porter un voile est un acte de travestisme, et ne pas le faire est naturel, un postulat incohérent et… nudiste avec un soupçon de perversité.
Concernant votre constat voulant que l’on commence des discours par bismi Allah, cela reste notre tradition musulmane, bien que vous la considérez naïve vu qu’apparemment vous ignorez la civilisation dont est issue cette dernière. De plus, je ne vois pas à quoi vous faite allusion en disant des discours jumeaux, j’ose espérer que vous prenez en référence Des jumeaux du discours de Fleischman et non pas la similarité des paroles, tout intellectuel que vous êtes ! (pour ayat El-Kourssi, donnez-nous des exemples où elle est usitée en préambule, il faut parler ex professo d’un sujet aussi important dans la société et non pas «droper» n’importe comment).
Il en est de même pour les médecins gynécologue concernant les incha’Allah dans vos délires échographiques, car vous ne connaissez point la mort in utero, d’où votre pauvreté argumentaire.
Quant à vos discours de sorcière, je ne vois pas auxquels vous faites allusion, car à se que je sache, les sorcières n’ont jamais tenu de discours vu que c’était généralement des sociétés secrètes, de plus la froideur leur sied mieux que la chaleur des bûchers.
Nous exploiterons l’intelligence, comme vous le dites si bien, quand les apprentis sorciers, qui eux tiennent des discours, arrêteront de massacrer l’éducation des enfants à l’école, les enfants de parents dont le incha’Allah portât son fruit en matière de fertilité.
Je voudrais, in fine, vous conseiller d’aller plus loin dans la provocation avec vos «œuvres» qui bousculent les tabous et que vous croyez dérangeantes pour finir sur un plateau télé où on est couché en face d’intellectuel(le)s et promouvoir votre stérilité littéraire vu votre prédisposition à ironiser sur l’infertilité et au incha’Allah (bien que je ne comprends pas votre expression «Monsieur le Docteur», car cela provoque une redondance illogique vu que Monsieur est un titre autant que Docteur).
Avec un peu de chance et beaucoup de salamalecs, vous trouverez un gourdiflot qui, d’une tribune aucunement représentant l’islam, émettra une fatwa contre vous et vous entrerez dans le cercle restreint des victimes des islamistes sanguinaires qui ne représentent en rien l’islam. En vérité, nous les combattons toujours.
Sinon, profitez de votre statu d’intellectuel et basculer encore plus à l’ouest (vu la tendance), peut-être qu’un poste se libérera et vous y serez chez vous ; vous l’êtes déjà.
Je suis d’accord que le modèle présenté comme étant l’islam est tronqué dans certains cas, mais laissez notre culture tranquille, cherchez d’où vient le mot bonjour et vous comprendrez la grandeur de l’islam ou, si vous n’y arrivez pas, vous vous enfoncerez dans le sujet en question.
Excusez-moi de ne pas aller plus loin, car, présentement, je suis en plein autoroute garé sur le bas-côté et je vous écris à partir d’un Smartphone, mais j’espère avoir un tant soit peu aidé votre réflexion du moins.
Incha’Allah !
Vous excuserez aussi les fautes et le manque de style ; je ne suis qu’un naïf «made in Algeria» devant vous, la grandeur andalouse incapable de sauvegarder devant la «catholique» les acquis… Des berbères musulmans en Europe. Eux au moins avaient l’air, mais cher Amine, vous n’avez pas la chanson.
Nazim Maiza
Citoyen algérien
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