Les Algériens de France ont voté Macron «pour la sérénité, l’apaisement et l’avenir»
Si lors du premier tour de l’élection présidentielle française, les ressortissants étrangers établis en France, algériens notamment (qu’il se soit agi des naturalisés ou de simples résidents), avaient diversement apprécié les différents candidats, au second tour, en revanche, la quasi-totalité a sinon milité tout au moins souhaité vivement que Emmanuel Macron en sorte vainqueur.
Et pour cause, l’enseignement fondamental qui en découle naturellement de l’élection est que, au-delà du fait que désormais la corruption politique fera logiquement partie des pratiques du passé et que les partis politiques traditionnels se voient rejeter, car perçus comme un handicap à la réforme profonde de l’Etat, près d’un bon tiers du peuple français s’est accommodé non seulement de la présence de l’extrême-droite dans le paysage politique, mais se dit également adhérer avec enthousiasme aux thèses souverainistes. Une situation qui n’a pas laissé indifférent. Elle a suscité des peurs et amené beaucoup de compatriotes à s’intéresser de très près à cette élection hors norme.
Du point de vue des citoyens pétris à la devise «liberté, égalité et fraternité», attachés à la construction européenne, au maintien de l’euro comme monnaie nationale et d’autant respectueux de toutes les composantes de la communauté nationale, la progression fulgurante du Front national, fruit d’une dédiabolisation entreprise au lendemain de l’accession de Marine Le Pen aux commandes du parti nationaliste, est la conséquence directe des bilans catastrophiques des pouvoirs qui se sont succédé ces dix dernières années.
Par leur incapacité à répondre aux préoccupations majeures de la population, les politiques menées durant les deux derniers mandats ont, en effet, favorisé la prolifération de l’extrême droite au point de constituer une réelle menace à la cohésion nationale et une possible atteinte aux valeurs républicaines. D’où la crainte d’une mise en cause de la stabilité des relations entre les Français de souche et l’ensemble des autres populations étrangères, une inquiétude partagée par les 66,1% d’électeurs ayant voté en faveur de l’ex-ministre de l’Economie, «le moins mauvais qui a barré la route au Front national mais aussi celui qui apporte tout de même un plus par rapport aux autres candidats et un regard neutre pour la France», a soutenu Rabah Chaïbi, journaliste algérien établi en France.
Pour Mustapha Sadi, cadre dans le secteur pharmaceutique, le choix de soutenir Emmanuel Macron fut presque une évidence parce qu’«il a dit défendre tous les citoyens avec ou sans nationalité française», a-t-il témoigné. Et d’ajouter : «J’ai voté pour la sérénité, l’apaisement et l’avenir.»
D’autres, plus dubitatifs sur la capacité du nouveau président à apporter les solutions aux préoccupations de l’heure, considèrent la menace frontiste comme un simple «épouvantail dont se sert le système à chaque élection» pour «susciter la peur afin d’élire (son) candidat», a objecté Mohamed Lamamra, psychologue exerçant dans le domaine de la sécurité routière, qui voit derrière la victoire d’Emmanuel Macron «la main du président sortant».
Que l’on partage ou non son projet, le successeur de François Hollande a mis tous les étrangers d’accord : l’extrême-droite, ça ne sera pas pour cette fois, et le risque d’une noria d’avions charters est reporté pour au moins cinq années.
Mrizek Sahraoui
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