Bouteflika : «La rationalisation financière sera accompagnée de réformes structurelles»

Bouteflika 19 Mars
Abdelaziz Bouteflika. New Press

La rationalisation macro-financière adoptée par l’Algérie sera accompagnée d’un programme de réformes structurelles pour transformer l’économie et réaliser l’objectif central de diversification des exportations et de pérennisation de la croissance, a affirmé le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans une interview publiée dans le rapport 2017 de l’Algérie élaboré par Oxford Business Group (OGB) et rendu public mercredi.

Questionné sur les étapes à prendre afin d’ancrer structurellement le pays sur la voie de l’émergence, le président Bouteflika a indiqué que suite aux sérieuses difficultés en matière de finances publiques et de balance des paiements, «nous avons bien sûr pris la mesure de cette situation de crise de nos finances publiques et de nos ressources externes et également, et de manière plus générale, des limites structurelles du modèle économique suivi». Les mesures pour faire face à cette situation ont été prises dans un cadre «qui sauvegarde nos principes dans la conduite du développement économique et social, en particulier la préservation de notre autonomie de décision et de nos équilibres sociaux».

Les nécessaires ajustements qui sont apportés à la politique budgétaire, a soutenu le chef de l’Etat, «ne sacrifient pas les principes de justice sociale et de solidarité nationale qui ont toujours guidé notre action, et ne se font pas au détriment du parachèvement du programme d’équipement public».

Rappelant que pour l’année 2018, les ressources destinées au projet de budget d’équipement affichent une hausse de 76% pour relancer des projets gelés dans plusieurs secteurs, tandis qu’une hausse de 8% est prévue pour les transferts sociaux, M. Bouteflika a toutefois souligné qu’il a été décidé de «rationaliser la dépense publique» pour non seulement retrouver progressivement l’équilibre des comptes, mais également pour réduire la pression sur les ressources externes «en agissant de façon ordonnée sur le niveau général des importations de biens et services par la rationalisation et la lutte contre la fraude».

A ce propos, il a soutenu que les mesures de restriction prises dans ce domaine «ne constituent pas un retour à une gestion bureaucratique ni un renoncement à nos engagements internationaux». «Cette rationalisation macro-financière sera accompagnée d’un programme de réformes structurelles à même de transformer notre économie et nous conduire à terme à la réalisation de l’objectif central de diversification de nos exportations et de pérennisation de la croissance», a-t-il expliqué.

A une question relative au nouveau modèle économique de croissance de l’Algérie, le président de la République a avancé que l’implémentation de ce dernier «exige de profondes transformations structurelles» en vue d’assurer une croissance économique accélérée et une équité sociale affranchie de la dépendance des hydrocarbures. Dans ce sens, il a précisé que le lancement de ce nouveau modèle de croissance permettra non seulement le retour à l’équilibre des comptes publics à brève échéance, mais surtout, sur la période 2020-2030, une augmentation de la croissance du PIB, notamment hors hydrocarbures, lequel devrait progresser à un rythme de 6,5% en moyenne par an, une élévation sensible du PIB par habitant, le doublement à 10% de la part de l’industrie manufacturière dans la valeur ajoutée globale, une transition énergétique permettant de réduire sensiblement le taux de la consommation interne de l’énergie en consommant moins et mieux, et une diversification des exportations permettant de soutenir le financement de la croissance.

Interrogé sur les secteurs prioritaires afin d’accélérer la diversification de l’économie et les mesures prises pour encourager l’investissement, le président Bouteflika a considéré que tous les secteurs d’investissement sont prioritaires lorsqu’ils contribuent à la diversification économique, à la substitution aux importations, au développement des exportations hors hydrocarbures, à l’innovation et à la création d’emplois durables. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, la priorité est de «stabiliser» le cadre juridique de l’investissement privé et d’assainir le climat des affaires pour donner plus de visibilité et de confiance aux investisseurs, qu’ils soient nationaux ou étrangers.

Citant également les actions d’ordre organisationnel et opérationnel destinées à soutenir et à faciliter l’acte d’investissement, le chef de l’Etat a souligné que, de manière générale, «nous continuerons à prendre toutes mesures qui facilitent la vie aux entreprises, qui les encouragent à investir dans les secteurs qui réduisent nos vulnérabilités ainsi que dans les secteurs d’avenir, comme les énergies renouvelables, le numérique et l’économie de la connaissance».

«La révision de la loi sur les hydrocarbures contribuera à l’amélioration des conditions d’attractivité des investissements étrangers»

Concernant les partenariats public-privé, M. Bouteflika a tenu à rappeler que le secteur privé «a toujours trouvé sa place» dans l’économie du pays, ajoutant que l’économie de marché «est impensable sans une présence forte et active du secteur privé». S’agissant de la question particulière du partenariat public-privé, c’est une formule, a-t-il relevé, qui a ses avantages, notamment celui de permettre le recours à de nouvelles formes de gestion, d’association et de partenariat entre capitaux publics et privés, et de mobiliser des sources de financement alternatives au financement budgétaire que les pouvoirs publics comptent promouvoir à l’avenir. «De manière générale, nous encourageons toute démarche de partenariat et de collaboration entre les entreprises publiques et les entreprises privées, nationales et étrangères, pour la réalisation de projets d’infrastructure ou de projets productifs dans tous les secteurs d’activité», a-t-il noté.

Sur ce point, il a fait valoir que le partenariat public-privé n’est pas nouveau en Algérie, en précisant que dans le rapport 2016 de la Cnuced sur le développement économique en Afrique, l’Algérie figure parmi les cinq premiers pays africains ayant eu le plus recours à ce type de partenariat durant les quinze dernières années. Pour le Président, la mise en œuvre du nouveau modèle de croissance et les objectifs fixes en matière de transformation compétitive des structures productives de l’économie nationale constituent «un terrain propice au déploiement du partenariat public-privé» et, de manière plus générale, à la collaboration active entre les entreprises publiques et privées selon la formule du gagnant-gagnant».

Cela est valable, selon lui, pour tous les secteurs d’activités, qu’il s’agisse de l’industrie, de l’agriculture, des grandes infrastructures ou de l’énergie et des mines. Dans ce sillage, il a soutenu que la révision en cours de la loi sur les hydrocarbures «contribuera davantage à l’amélioration des conditions d’attractivité des investissements étrangers dans ce secteur». En effet, a-t-il relevé, «l’apport financier et technique des entreprises étrangères dans l’amont pétrolier permettra de développer et de valoriser nos potentialités énergétiques pour sécuriser à long terme la demande interne et assurer nos engagements internationaux de livraison de gaz et de pétrole, en association avec l’entreprise publique Sonatrach».

R. N.

Comment (4)

    Rani Zaafane
    25 janvier 2018 - 13 h 02 min

    Depuis combien de temps l’Etat parle de promouvoir le tourisme en Algérie ?! Quand on voit plus de 2 millions d’Algériens traverser les frontières pour passer les vacances en Tunisie, on réalise que la promotion du Tourisme en Algérie est de la pure démagogie.C’est comme un mirage vers lequel on court sans pouvoir l’atteindre.Si demain , les frontières avec le Maroc ouvriront, je suis persuadé que rares seront les Algériens qui passeront les vacances au Bled.Le tourisme n’est pas seulement une question de capacités d’accueil,d’infrastructures ou de beauté du paysage,ce sont d’abord une culture et des traditions ancrées dans la société qui doit être ouverte sur le monde. Dans l’état actuel des choses , je vois mal comment convaincre des millions de touristes étrangers de venir visiter le pays pour y dépenser leur argent, même les Algériens établis à l’étranger sont en train de passe leur vacances hors de l’Algérie. En étalant les statistiques, le Ministère du tourisme parle de centaines, voir de quelques milliers de touristes étrangers qui auraient visité l’Algérie et en particulier le Sahara , alors qu’ailleurs, on parle de dizaines de millions! Pour rappel la France a drainé à elle seule presque 90 millions de touristes en 2017,
    le Maroc table sur 10 millions, L’Egypte prévoyait de recevoir 20 millions avant le fameux printemps arabe et la Tunisie environ 6 millions de touristes par an.A mon avis , quant le pétrole disparaîtra, à ce moment là, les Algériens commenceront à réfléchir à d’autres sources de revenus comme le tourisme. .

    Abou Stroff
    25 janvier 2018 - 8 h 22 min

    «La rationalisation financière sera accompagnée de réformes structurelles» dixit notre bienaimé fakhamatouhou national.
    vu son niveau d’instruction et son état physique, permettez moi de douter que notre bienaimé fakhamatouhou national ait pu marmonné des propos aussi abstraits.
    PS: quelqu’un pourrait il nous expliquer pourquoi toutes les « initiatives » citées plus haut n’ont pas été prise lorsque le prix du baril frôlait les cimes?

    Anonyme
    24 janvier 2018 - 17 h 11 min

    La Sonatrach est de facto un bien, inaliénable et intouchable, du Peuple algérien. Personne, je dis bien personne, et quelque soit le pouvoir accordé à celle-ci, n’a l’autorité ni l’autorisation et encore moins le droit de la brader, et sous aucun motif.
    Quant aux «réformes structurelles», et si l’intention avait été vraiment sérieuse, elles auraient due être initiées depuis le début, en 1999. Ce n’est pas après 19 ans de mandats successifs, et après avoir conduit le pays à la difficile situation d’aujourd’hui, qu’il faut réagir en envisageant de sacrifier la vache à lait des algériens. Cela ne constituera qu’une solution de facilité et à court terme, qui ne fera d’ailleurs qu’enrichir des étrangers et la néo-oligarchie locale, en précipitant la déchéance économique du pays, l’appauvrissement du peuple et l’affaiblissement inexorable de l’État algérien.

    Anonyme
    24 janvier 2018 - 16 h 24 min

    Décidemment, la Sonatrach et «La loi sur les hydrocarbures» a toujours été une véritable obsession pour Bouteflika, depuis son accession à la magistrature suprême !

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